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  • De l’Évolution des Personnages Principaux de la Nouvelle Trilogie de Star Wars, en particulier dans l’Épisode 8 – The Last Jedi

    De l’Évolution des Personnages Principaux de la Nouvelle Trilogie de Star Wars, en particulier dans l’Épisode 8 – The Last Jedi

    Oui, je sais, c’est un titre pompeux. Shoot me.

    Donc, j’ai beaucoup aimé l’épisode VIII de Star Wars, traduit par un drôle de pluriel en français « Les Derniers Jedi. » Pluriel qui sort de je ne sais où puisque Rian Johnson, le scénariste et réalisateur, a confirmé qu’il s’agissait bien d’un singulier, et que ce Dernier Jedi était bien Luke Skywalker, vous savez, celui qui faisait son retour dans l’épisode VI. Pour cette raison (et comme c’est mon habitude de toutes façons) je me cantonnerai donc au titre original, n’en déplaise aux anglophobes. Et puis sérieusement, à votre âge et à notre époque, vous allez encore voir des films doublés ? Non, mais ça va pas ?

    Bon, assez de blabla, et venons-en aux faits.

    Donc j’ai beaucoup aimé ce film qui pourtant divise le public… Je me demande même s’il serait pas en train de devenir mon film préféré dans la série (je suis allé le voir une deuxième fois hier soir, et le voir à tête reposée, sans être affecté par toutes les surprises qu’il contient, m’a fit l’aimer encore plus. D’ailleurs, même si vous l’avez pas aimé je vous conseille d’aller le revoir, pour les mêmes raisons. Au moins, si vous ne l’aimez toujours pas au deuxième visionnage, vous saurez que ce ne sera pas pour de très mauvaises raisons (cela sera quand même peut-être pour de mauvaises raisons).

    Arf, je digresse encore.

     

     

    Plus je pense au film – et j’y pense beaucoup ces jours-ci – plus j’y trouve des choses intéressantes. On est vraiment loin de l’entertainment pur avec ce film.

    Bref, ce post va bien sûr contenir d’énormes spoilers, cela va sans dire. Il en contient aussi certains provenant des autres films, mais si vous n’avez pas encore vus ces derniers, je présuppose que vous vous en fichez un peu en fait.

    J’aurais pu faire une critique du film, mais en fait non. Je vais plutôt faire une série de posts traitant de différents aspects du film. Je ne sais pas combien de posts contiendra cette série, tout dépendra du temps que j’aurai à y consacrer, si ça se trouve, ce sera le seul.

    Aujourd’hui, je vais donc vous parler – comme le titre pompeux l’indique – de :

    L’évolution des personnages principaux de la nouvelle trilogie de Star Wars, en particulier dans l’Épisode 8 – The Last Jedi.

     

    Tout a commencé hier soir quand une amie d’ami a dit beaucoup aimer le film, mais trouver que les personnages n’évoluaient pas beaucoup contrairement à The Force Awakens. Ça m’a beaucoup surpris et donc j’ai essayé de voir comment les personnages principaux évoluaient – ou pas – dans les deux films.

    A mon vis dans The Force Awakens, les personnages n’évoluent que peu ou pas. C’est normal, en fait, puisqu’il y est question de réveiller un univers endormi, d’introduire ses nouveaux héros et de réintroduire les anciens.

    Voyons dans le détail :

    Rey

    Elle évolue certes un peu. Elle suit un poil le parcours initiatique « de base » du héros (d’où la ressemblance avec le Luke de l’épisode IV – JJ Abrams n’a pas pompé sur Lucas, tous deux suivent le même schéma narratif de tous les mythes ou presque – damned, j’étais sûr d’avoir écrit un long truc là-dessus il y a deux ans et je ne le retrouve. Lisez donc ceci à la place, tiens) : elle part de rien, et commence un trajet vers quelque chose. On la sent promise à une grande destinée, mais laquelle ? A la fin du film, elle a fait ses « first steps into a larger world » mais ce qui l’intéresse surtout c’est la quête de son identité, et là, elle n’a pas vraiment avancé. Pire, elle avait trouvé un père adoptif en Han Solo, et elle le perd presque aussitôt.

     

    Finn

    Un déserteur qui veut partir loin, très loin, se faire oublier, mais qui reste uniquement parce qu’il se sent attaché à Rey, la première personne l’ayant jamais traité comme un être humain. Certes, quand il fait face à Kylo Ren avec le sabre-laser de Luke, il fait un pas décisif vers l’héroïsme, mais ce n’est qu’un premier pas, pas encore suffisant : quand il se réveille au début de Last Jedi la première chose dont il s’enquiert auprès de Poe, c’est de savoir où est Rey, il n’a que faire de la situation « géopolitique. »

     

    Poe Dameron

    « The best freaking pilot of the Galaxy. » Il a un droid qui vole la vedette partout où il passe. C’est à peu près tout. Il faut bien l’avouer, dans cet épisode VII, il est quand même un personnage très mineur.

     

     

    Kylo Ren

    Lui, il évolue pas mal. Le fils de deux héros, tombé du côté obscur, lutte tout le film contre la tentation du Côté Clair. Il n’en finit pas de faire sa crise d’adolescence à cause de ça. Il résiste finalement à la tentation en tuant le père, littéralement.

    Et les anciens héros ? Ils ont tous régressé d’une façon où d’une autre.

    Tous les trois finissent Return of the Jedi héros de la République, super stars de la Galaxie ou presque. Qu’en est-il 30 ans plus tard ?

    Han Solo

    Il est redevenu contrebandier minable. Pire, il a perdu le vaisseau qui faisait sa fierté et je pense une partie de sa réputation. Certes, il redevient un héros une dernière fois, mais il y perd la vie des mains de son propre fils.

    Leia

    30 ans après, on s’attendrait qu’elle soit au moins au gouvernement, voire qu’elle ait succédé à Mon Mothma à la tête de la République. Non. A la place, elle dirige un groupe de survivalistes nostalgiques de la guerre civile du fond d’une grotte sombre et humide. Oui, je sais, je force un peu le trait, mais vous voyez ce que je veux dire. Il y a aussi la blessure indélébile de la perte de son fils.

    Luke

    Une légende vivante, le premier Jedi de la nouvelle génération, qui a fait s’effondrer l’Empire, presque à lui tout seul. Il est devenu le dernier Jedi. Un ermite coupé du monde, non pas comme Obi-Wan ou Yoda qui eux protégeaient quelque chose, avaient une mission. Non, juste un homme brisé, misanthrope, ayant échoué et attendant juste la mort.

     

    Et que leur arrive-t-il à ces gens-là dans The Last Jedi?

    Rey

    Elle se cherche longtemps, mais finalement se trouve. Elle sait enfin qui elle était (personne) et surtout elle sait qui elle veut devenir. Elle ne sombrera pas du Côté Obscur, sauvera ce qu’il reste de la Résistance et devient le premier « Neo-Jedi » (j’essaierai de parler dans un futur post de ce qu’elle devient exactement).

     

     

    Finn

    On le retrouve au début du film là où on l’avait laissé. Il ne s’intéresse qu’à Rey et quand les choses commencent à vraiment sentir le roussi, il essaie de faire ce qu’il voulait déjà faire dans l’épisode précédent : partir loin, très loin, tant pis pour les autres. Mais la culpabilité et la rencontre d’une autre personne (Rose, que je soupçonne devenir importante dans l’épisode IX) lui font donner un dernier coup de main en attendant de retrouver Rey et/ou de pouvoir se casser pour de bon. Mais en chemin, il découvre ce à quoi ressemblent les mondes qui ne sont pas en guerre, là où il voudrait bien disparaître. Et il découvre le monde des profiteurs de guerre, qui font leur fortune et fondent leur style de vie sur l’exploitation d’autrui, que ce soit ceux se battant dans la guerre, ou les pauvres et les faibles. Il rencontre aussi le personnage de DJ qui se contrefiche du sort de la Galaxie et ne s’intéresse qu’à sa pomme. Il est celui que Han Solo serait devenu s’il n’avait pas culpabilisé après avoir quitté Yavin et fait faire demi-tour au Millenium Falcon à l’approche de l’Étoile de la Mort. Il est celui que Finn deviendra s’il abandonne la Résistance : un opportuniste, profiteur. Le message est simple et clair : quand il y a oppression, celui qui veut rester en dehors de tout ça est forcément plus ou moins directement du côté de l’oppresseur. Bien aidé par ces révélations, Finn aussi, tout comme Kylo Ren, met fin à son conflit interne en tuant le père (figurativement cette fois-ci : son « père » étant Phasma), et devient enfin un vrai héros quand il se sacrifie pour sauver la Résistance. Il ne survit uniquement parce que Rose lui sauve la vie. Elle était déjà son catalyseur, son « moral compass » sans elle, qui sait quelle voie il aurait choisi de suivre au final. Elle pourrait bien devenir celui de toute la Résistance. Nous verrons…

     

     

    Poe Dameron

    Une tête brûlée n’en faisant qu’à sa tête, il se fiche du nombre d’œufs à casser tant qu’il y aura une omelette. Il en arrive au point de se mutiner quand ses supérieurs décident de suivre une autre voie que la sienne. Mais ses échecs et le sacrifice des autres lui font enfin ouvrir les yeux et il termine le film en citant la phrase du supérieur contre qui il s’est mutiné. Ils sont « the spark, that will light the fire that will burn the First Order down. » A la fin du film, il a compris qu’il faut abandonner la gratification instantanée et mener par l’exemple, devenir un modèle pour les autres. Il est enfin prêt à devenir l’un des leaders de la Résistance, au moment où elle en a le plus besoin.

     

    Kylo Ren

    Il pensait que tuer son père l’aiderait à complètement basculer du côté obscur, mais en fait ce patricide le hante presque au point de le pousser à chercher la rédemption. Mais il résiste, tue son nouveau « père » ce qui cimente enfin son basculement vers le Côté Obscur. Il arrive même à sortir de l’ombre de son idole, Darth Vader. La destruction du masque est intéressante. Certes il le fait sur ordre de Snoke, mais c’est la colère engendrée par cet ordre qui lui donne l’énergie et la volonté de s’affranchir de son idole (Vader) et de mentor (Snoke). En conséquence, il réussit là où Vader avait échoué : il est maintenant à la tête du Premier Ordre et il s’apprête à régner sur la Galaxie.

     

     

    Leia

    Elle n’évolue certes pas beaucoup, mais elle n’a plus à le faire. Au contraire, la destruction de la République fait d’elle, le nouveau leader des « gentils ». Elle est maintenant le roc qui maintient ensemble ce qu’il reste de la résistance. Une allégorie vivante des valeurs pour lesquelles il faut se battre. Une évolution à ce stade-là serait contre-productive.
    D’ailleurs, je suis content que son histoire n’ait pas été changée à cause de la mort de Carrie Fisher. On ne pouvait pas lui rendre plus bel hommage que cette fin.
    (Quid de l’épisode IX? J’imagine que Leia sera morte dans son lit et devenue le symbole de ce pour quoi l’on se bat. Honnêtement, c’est la meilleure fin possible pour Leia, celle qui aurait été « logique » même si Carrie était toujours de ce monde. Notez aussi que hier était le premier anniversaire de sa disparition, c’est un peu aussi pour cela que j’ai choisi ce jour pour aller la revoir au cinéma. Instant touchant, une jeune femme s’était déguisée en Princesse Leia dans le cinéma).

     

     

    Terminons par

    Luke

    Comme je disais quelques paragraphes plus haut, il est un homme brisé. Il a échoué, il ne s’en remet pas. Il s’est fermé à la Force. Mais sa rencontre avec Rey lui fait réaliser (avec l’aide de Yoda) qu’il est temps de certes faire table rase du passé, mais aussi utiliser tous ces échecs (celui des Jedi 50 ans plus tôt, et les siens ensuite) comme des leçons pour le futur. Il ne sert à rien de vouloir reconstituer le passé, que ce soit un nouvel ordre Jedi, une nouvelle république, des nouveaux films suivant les recettes des anciens (oups, je digresse, ce sera aussi pour un autre post espérons-le), mais il faut l’utiliser pour en tirer les leçons nécessaires qui permettront de fonder le futur. A partir de ce moment, Luke peut évoluer une dernière fois, une espèce d’évolution alternative et très intéressante. Quand il « arrive » sur Crait, il est différent . Bien rasé, bien coiffé, il paraît plus jeune. Son vêtement est une synthèse de celui qu’il porte sur Ahch-To et de celui qu’il portait dans Return of the Jedi. Il devient enfin – en ayant accepté ses échecs et les dépassant – le maître Jedi qui aurait peut-être dû être si Ben Solo n’avait pas été séduit par le Côté Obscur. Par son sacrifice, il sauve la Résistance, et peut rejoindre totalement la Force et avec elle et ses anciens maîtres, finalement en paix avec lui-même et avec la Force.

     

    Voila, c’est tout pour aujourd’hui. Plus tard, autre chose. Ou pas…

     

    (credits : il va sans dire que les photos appartiennent à Lucasfilm et que je ne les utilise que pour illustrer mon article).

     

  • Twin Peaks – It Is Happening Again!

    Twin Peaks – It Is Happening Again!

     

    Twin Peaks est de retour !

    Comment parler de ce premier (double) épisode de cette nouvelle saison, 25 ans plus tard (oui bon 26, mais 25 c’est mieux), sans spoiler ?

    Essayons.

    Mais tout d’abord, un petit aparté. Nous vivons dans un monde où je m’apprête à vous parler du nouvel épisode de Twin Peaks, alors que nous sommes en train d’attendre impatiemment le prochain épisode de Star Wars. Alors certes, c’est la merde partout, les démocraties se meurent et laissent place à des oligarchies ploutocrates sous les applaudissements du peuple qui en redemande quand il ne rêve pas de fascisme. Les changements climatiques sont en train de bouleverser la planète de façon telle que nos enfants et nos petits-enfants n’auront tout simplement peut-être pas d’avenir. Un fou est à la tête du plus puissant pays du monde… Mais nous vivons dans un monde où Twin Peaks et Star Wars ne font pas partie du passé mais du présent et du futur !
    (on cherche des bonnes nouvelles où l’on peut)

    Donc… Twin Peaks, saison 3, épisodes 1 et 2 (comme je le mentionnais au-dessus, il s’agit d’un double-épisode).

    C’était étrange, bizarre, nostalgique, frustrant, mystérieux, flippant, fascinant, et bien plus encore.

    J’ai tendance à diviser les films de David Lynch en deux catégories. D’un côté, les films très étranges, incompréhensibles, surréalistes, comme Mulholland Drive ou Lost Highway. De l’autre, des films relativement réalistes, où l’étrange se situe plus dans des situations données que dans l’univers lui-même, je pense à Elephant Man ou Une Histoire Vraie.

    Je mettrais le Twin Peaks orignal quelque part entre les deux. Nous nous situons dans un monde réaliste parfois étrange, mais de temps à autres nous plongeons dans le fantastique, l’onirique et le surréel.

    Cette nouvelle saison est pour l’instant beaucoup plus difficile à cerner. En regardant, j’avais totalement la sensation d’être dans un univers onirique et surréaliste, mais a posteriori et à la réflexion, peut-être pas tant que ça en fait. Quoiqu’il en soit, l’oscillation entre étrange (réaliste mais bizarre) et fantastique (surréaliste, onirique) est permanente, et c’est cette oscillation (finalement assez rare dans les films et séries TV) qui rend ce premier épisode si déroutant par moments.

    Pour l’instant, il est assez difficile de comprendre ce qu’il se passe, mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit ici d’un seul et unique film long de 18 heures, pas d’une série TV au sens traditionnel du terme. Donc ces deux premières heures sont tout au plus une introduction.

     

    Pour les lignes suivantes et pour ne pas en rester aux généralités, je vais spoiler un poil, mais pas un mot sur l’histoire, ne vous inquiétez pas.

    Une des choses un peu déroutante et frustrante, c’est qu’au cours de ces deux premières heures, nous sommes dans de nombreux lieux (New York – un peu, Las Vegas – à peine, Dakota du Sud – beaucoup) et finalement très peu à Twin Peaks même. Bien sûr, il s’agit de mettre en place les pièces du puzzle qui finiront par s’emboîter, mais on a parfois l’impression de regarder un nouveau film de David Lynch, certes très bon, mais dont le lien avec Twin Peaks est assez ténu.

    Heureusement, de temps en temps, nous nous retrouvons quand même dans notre petite ville de l’état de Washington préférée, pas plus d’une minute ou deux à chaque fois, toujours pour retrouver des vieilles connaissances et voir comment elles ont changé, ou pas. Car même si tout le monde a 25 ans de plus, finalement les choses n’ont que très peu évolué à Twin Peaks, mais en même temps, c’est normal, c’est le propre des petites villes sans histoire que de ne peu changer.

    Mais ces scènes sont aussi parfois un peu frustrantes car elles ne semblent pas liées à la nouvelle intrigue qui commence à se profiler. Avec une exception notable et émouvante sous la forme d’une conversation téléphonique entre l’adjoint au shérif Hawk et Margaret, la Femme à la Bûche. Émouvante, car Catherine Coulson, l’actrice jouant la femme à la bûche a tourné ses scènes quelques mois, voire semaines, avant de mourir d’un cancer, et c’est certainement aussi le cas de son personnage. Difficile de ne pas avoir l’œil un peu embrumé quand elle dit à Hawk qu’elle est trop faible pour aller avec lui.

    Bref, entre les nouveaux lieux, les nouveaux personnages dont il est pour l’instant difficile de savoir s’ils vont s’avérer primordiaux ou s’ils n’apparaîtront que dans une unique scène, une ville de Twin Peaks à laquelle on a à peine le temps de se réhabituer, l’endroit qui semble le plus normal et le plus familier est… la Loge Noire !!! Peut-être que c’est voulu de la part de Lynch (j’ose croire que oui), mais cela nous met dans une situation assez paradoxale, car le lieu le plus mystérieux et le plus terrifiant – peut-être de toute l’histoire de la télévision à l’époque – devient soudain celui où le spectateur se sent le plus à l’aise lors de ce retour à Twin Peaks.

    N’ayez crainte, mystérieux et terrifiant, le lieu est resté.

    Donc voila, après deux heures, on se retrouve à la fois charmé et frustré, en pleine nostalgie mais aussi face à l’inconnu mystérieux et attirant, qui fait peur aussi. On pressent que les choses vont aller vers le pire avant d’aller vers le mieux.

    Toutefois, et personnellement, je ne me sentais pas totalement « dans » Twin Peaks jusqu’à la toute dernière scène. Il ne s’y passe rien de spécial, rien du tout ou presque en fait, mais c’est la seule où l’on retrouve l’atmosphère de la série qui nous obsède depuis si longtemps. Le « Roadhouse », un concert avec une chanteuse qui pourrait être la fille de Julee Cruise (on m’informe qu’elle s’appelle Ruth Radelet et son groupe les Chromatics), la jeunesse de Twin Peaks remplit le lieu… la jeunesse, et aussi l’ancienne jeunesse, car soudain on retrouve Shelly Johnson attablée avec ses amies qui parlent de tout et de rien, et surtout de mecs, en particulier un mec qui vient d’arriver et qui se dirige vers le bar, tenu par quelqu’un qui semble bien faire partie de la famille Renault. Ce client qui intéresse les femmes est un certain James Hurley.

    À ce moment-là, oui, il n’y a plus de doutes, nous sommes bien de retour à Twin Peaks.

     

    (Oh et je l’annonce ici : je prévois que Michael Cera joue le fils d’Andy et de Lucy! 🙂 )

     

     

  • The Walking Dead – Saison 7 Épisode 12 « Say Yes »

    The Walking Dead – Saison 7 Épisode 12 « Say Yes »

    Tiens, quelque chose de nouveau sur le Swamp (quoique j’avais fait des critiques de séries TV il y a quelques années).

    Chaque semaine, je donne mes impressions sur l’épisode de The Walking Dead de la semaine sur ma page perso Facebook, mais je me suis dit que pourquoi ne pas le faire ici plutôt ?

    Donc essayons cette semaine et voyons ce que ça donne, même si c’est peut-être pas la meilleure des semaines pour faire ça, vu que je ne sais pas si j’ai grand chose à dire sur cet épisode.

    C’est pas que je ne l’ai pas aimé, mais il est un peu en dent de scie quand même, avec certaines scènes plus intéressantes que d’autres.

    Ouhla, avant d’aller plus loin les avertissement d’usage :

    Donc ce post traite de l’épisode 7×12 « Say Yes » de la série The Walking Dead. Si vous lisez ceci je présuppose que vous avez vu cet épisode et ceux qui précèdent.
    Par contre, il faut que vous sachiez que je lis régulièrement la bande dessinée dont la série s’inspire. La série suit la BD plus ou moins fidèlement selon les saisons, cette saison, elle la suit dans les grandes lignes, avec certains épisodes directement tirés de la BD, en allant jusqu’à garder certains dialogues, d’autres épisodes sont complètement originaux. Bref, la plupart du temps, je sais ce qu’il va se passer, mais j’essaie de ne jamais spoiler ici.
    Notez que je ne connais pas et ne veut pas connaître exactement ce qu’il va se passer dans la série, mes connaissances préalables sont uniquement issues de la BD.

    Bon, ces avertissements réglés, revenons-en à notre épisode de cette semaine.

    Tout ce qui s’y déroule est complètement original, même si certaines scènes introduisent des choses et font des allusions à des événements futurs que je connais.

    Rick et Michonne

    Un épisode très en dent de scie pour eux.
    Mais quelque part j’aime bien ce qui leur arrive. Les rencontres avec les zombies sont intéressantes. Ça devient presque trop facile. D’un côté ça se comprend, ils ont maintenant tellement d’expérience dans ce monde que les zombies ne sont plus une menace à proprement parler, mais juste une variable à gérer. Et la chose devient tellement facile qu’ils se surestiment de plus en plus, et un jour il pourrait leur arriver une mauvaise surprise.
    Oui, je comprends l’idée, mais dans la mise en place de la chose, il y a quand même un peu trop de Deus ex Machina qui se suivent. Ça casse un peu la suspension d’incrédulité par moments.

    Toutefois, il y a une scène très intéressante. La fausse mort de Rick. Bon ça fait déjà vu, ça ressemble beaucoup à la fausse-mort de Glenn la saison dernière. Mais en fait, je pense que c’est fait exprès. Il n’est pas question une seconde de faire croire au spectateur que Rick est mort. Il est question de faire croire à Michonne que Rick est mort et de voir comment elle va réagir. C’est une des choses que j’aime bien dans cet épisode en fait par moments, le scénariste nous rappelle qu’ils ne sont que des personnages mis face à des situations données.
    Et donc quand Michonne croit que Rick est mort, elle perd tous ses moyens, elle aussi veut mourir. « Elle ne peut pas vivre sans lui. » et ce genre de choses.

    Cette réaction est intéressante en fait. Michonne est toujours présentée comme une femme forte, mais il n’en a pas toujours été ainsi. En fait, je pense que cette scène nous renvoie directement à la saison 4, après la destruction de la prison, quand Michonne se retrouve seule et décide plus ou moins inconsciemment de devenir un zombie, sinon réellement, du moins métaphoriquement (souvenez-vous : elle crée de nouveaux des « zombies domestiques » et marche sans but, sans presque de conscience au milieu d’un groupe d’entre eux).
    Elle avait abandonné la vie, et au final, c’est Rick qui lui a redonné cette envie de vivre, bien avant qu’ils ne deviennent un couple.

    Là, cette mésaventure nous rappelle cette fragilité enfouie chez Michonne et elle la rappelle à Rick aussi. Ce qui nous emmène au dialogue en deux parties : avant et après l’épisode du parc d’attractions.

    Qu’on le veuille ou non, Negan a créé un monde qui fonctionne et qu’il gère bien. Si on veut détruire Negan et sa façon de gérer ce monde, il faut être prêt à prendre sa place, à prendre le pouvoir, à faire des règles, des lois, etc. Rick en a pleinement conscience (il est le leader depuis un moment) Michonne pas totalement. Elle est aussi un leader, mais elle ne se voit pas encore totalement comme cela.

    Rick sait aussi qu’il peut mourir à tout instant. Michonne semble l’avoir oublié : elle vit grâce à Rick, inconsciemment, elle le croit immortel. Il lui rappelle que non, il ne l’est pas. Et non seulement il ne l’est pas, mais le jour où il mourra il faudra qu’elle soit là pour reprendre le flambeau, pour le remplacer.

    Une fois débarrassés de Negan il ne sera plus question de survivre dans un monde rempli de zombies, il sera question de reconstruire un monde, de construire un futur pour les survivants et pour les générations suivantes. Michonne commence enfin à comprendre que son rôle dans ce monde n’est pas juste de trancher du zombie à coups de katana, mais aussi d’être l’un des architectes de ce monde à construire.

    Les autres personnages très rapidement :

     

    Rosita

    Je ne cesse d’être partagé entre être content de la voir plus à l’écran, mais d’être frustré par sa colère permanente qui lui empêche de penser clairement. Enfin bon, ça nous a offert une très chouette scène du Père Gabriel dont le personnage devient de plus en plus intéressant et complexe. En fait, là où Rick et Michonne (et Maggie, même si elle est absente de cet épisode) ont réussi l’épreuve qu’ils viennent de traverser (la rencontre avec Negan, la mort d’Abraham et de Glenn, l’asservissement d’Alexandria au Sanctuaire) et ils ont choisi le futur et la vie, Rosita, elle a échoué. Elle (et Sasha) sont mortes en même temps qu’Abraham, elles ne sont pas arrivées à dépasser ce terrible moment. Elles ne souhaitent plus que la mort, celle de Negan, mais aussi la leur, car elles ne peuvent voir le futur, et elle peuvent plus voir la vie. Et malheureusement, je sens qu’elles vont avoir ce qu’elles souhaitent.
    Notez que dans la BD les choses sont légèrement différentes (oui, j’aime bien comparer avec la BD de temps à autres). Sasha n’existe pas et Rosita ne réagit pas aussi mal à la mort de Glenn et d’Abraham (Abraham qui n’est pas tué par Negan, mais par Dwight quelques jours auparavant : il a la mort de Denise dans la série). Donc je pense que la destinée de Rosita va être différente que celle qui est la sienne dans la BD (je ne la divulguerai pas encore au cas où les choses ne se passent pas comme prévues), et même si je vois mal et Rosita et Sasha mourir en attaquant à elles seules le Sanctuaire, je suis sûr que le sort de Holly (dans la BD) va être réservé à l’une des deux.

     

    Tara

    Bien sûr qu’elle ne sait que faire, révéler l’existence d’Oceanside ou pas. J’ai bien aimé la scène de « dialogue » avec Judith sur la chose. Façon amusante de présenter son dilemme. Et bien sûr qu’elle va le dire à Rick. Que va-t-il se passer ensuite ? Le conflit avec Oceanside semble inévitable, mais on a pas le temps pou ce conflit secondaire et contre-productif. Quelqu’un va-t-il arriver à convaincre Oceanside de rejoindre le combat, et ce sans effusion de sang préalable ? Hmmm.

     

    Je ne sais toujours que penser des Scavengers dans leur décharge. Je les trouve un peu « too much ». Oui, il y a une raison au fait qu’un lieu comme le Royaume soit « too much », mais la décharge-là, je ne sais pas, ils commencent à perdre leur humanité un peu trop rapidement je trouve. Tous les groupes rencontrés jusqu’à présent, même les pires (Terminus ?) gardaient leur individualité, essayaient de maintenir des relations humaines plus ou moins « normales » eux non. La vitesse à laquelle ils semblent avoir perdu leur individualité, leur façon de vivre, leur capacité de langage même, me semble un peu bizarre. (attention mini spoiler pour la saison 9 environ : je me demande de plus en plus si c’est pas eux qui vont à terme devenir les Whisperers – j’espère que non).

    Voila, c’est tout pour aujourd’hui.
    Et vous, qu’avez-vous à dire de l’épisode ?
    Les commentaires sont là pour ça (attention, pas de spoilers svp)

     

     

  • La Force se Réveille

    La Force se Réveille

     

    Comme vous le savez certainement, toute personne aimant un poil le cinéma trépigne d’impatience en attendant le 18 décembre pour voir la guerre reprendre dans les étoiles, l’Empire… euh… pardon… le Premier Ordre contre-attaquer et le Jedi revenir…

    En fait c’est de ce dernier point dont je voudrais vous toucher deux mots aujourd’hui dans ce qui sera la première et très certainement pas la dernière des théories concernant le nouveau Star Wars connu aussi sous le petit nom d’Épisode VII, le Réveil de la Force (ou the Force Awakens – je n’aime pas traduire les titres, mais comme ce blog est francophone je vais faire un petit effort).

    Donc tout commence quand j’ai lu cet article : Luke Skywalker, Sith Lord.

    Si vous n’avez pas le temps de lire ou si vous êtes allergiques à l’anglais, il dit en gros que Luke est bel et bien tombé du côté obscur à la fin de Return of the Jedi et qu’il est très probablement Kylo Ren et que c’est pour cela que l’on ne voit pas Luke sur l’affiche du film, ni dans la bande-annonce (oui bon, on voit sa main mécanique, enfin, je pense que c’est la sienne) ni ailleurs.

     

    Reveil de la Force - Poster - Large

     

    Honnêtement, cette théorie se tient, et elle a plein de points valides.

    Pourtant, je n’y adhère pas totalement (surtout parce que j’ai de très gros doutes sur le fait que Luke soit Kylo Ren) et je pense plutôt que même si Luke flirte plus que beaucoup avec le Côté Obscur quand il défait son père et le blesse grièvement dans le duel final, il ne bascule pas complètement. Au contraire, il arrive à trouver un équilibre… Ce fameux équilibre de la force de la prophétie (même si je trouve les épisodes I, II et III aussi nuls que toute autre personne censée, nous devons bien nous faire à l’idée qu’ils sont dans le canon de cette histoire). Oui, j’irais même jusqu’à dire que Luke est  l’élu de la prophétie, pas Anakin, puisqu’à la fin de Return of the Jedi, il n’y a plus de Sith, mais il n’y a plus de Jedi non plus si on considère que Luke a failli basculer du Côté Obscur et qu’il est maintenant entre les deux… en équilibre…

    Donc, ce que je pense, et si Luke n’apparaît nulle part pour l’instant, c’est qu’après la Bataille d’Endor, il est parti en exil où il a vécu, reclus, comme Yoda avant lui, loin de tous.

    Pourquoi ? Pour maintenir cet équilibre, et surtout pour éviter de tomber du Côté Obscur.

    Je pense aussi que retrouver Luke va être un des moteurs de l’intrigue du film :  nos héros essayant de le retrouver avant Kylo Ren, le but de ce dernier étant d’arriver à faire tomber son oncle du Côté Obscur pour arriver à recréer l’Ordre des Sith…

    Oui, j’ai bien dit « oncle »…

    Et vous, qu’en pensez-vous ?

     

     

  • Le Petit Prince

    Le Petit Prince

     

    Le Petit Prince

     

    Ce dessin du Petit Prince (1m58) est tout simplement Hénaurme !!!

    Je l’ai trouvé sur un réseau social dont je tairai le nom (grâce à un ami dont je tairai aussi le nom sauf s’il y tient), et je ne pouvais pas ne pas le partager ici même.

     

     

  • Kokekokko aux éditions Issekinicho

    Kokekokko aux éditions Issekinicho

    Kokekokko Issekinicho

     

    Attention, c’est long, puisque c’est 16 critiques en une que je vous livre ici.

    Commençons par le fait que ces gens-là aiment bien les noms compliqués. Donc en gros, Kokekkoko ça veut dire Cocorico en japonais, et Issekinicho, je ne sais plus, d’ailleurs, je ne me rappelle jamais du nom exact, il faut que je le recherche sur Google à chaque fois. Je suis sûr qu’ils l’expliquent quelque part dans leur site.

    Donc c’est quoi ça ? C’est un bouquin. Un recueil de BDs courtes traitant du Japon de façons diverses et variées (pas assez à mon goût, nous y reviendrons).
    Il y a 16 auteurs, et comme vous pouvez l’imaginer il y a à boire et à manger dedans.

    En fait, avant de parler du bouquin, je voudrais parler de l’éditeur. Donc Issekinicho, c’est une toute jeune maison d’édition fondée par un couple qui résida au Japon il fut un temps pas très lointain. Je ne sais plus trop pourquoi ils se sont lancés dans l’aventure – l’édition, pas le Japon – mais je salue l’initiative.
    Bon pour l’instant, comme ils débutent, ils publient surtout des copains, mais c’est normal. Ils étendront très certainement leur catalogue d’auteurs quand ils auront les reins un peu plus solides. Espérons-le en tout cas.

    Dans l’ensemble, je trouve le bouquin (l’objet physique) vraiment bien foutu et de qualité, chouette papier, chouette reliure, etc. Et vu la taille de l’ouvrage, 25€ ça fait pas cher du kilo. Je salue aussi le fait de l’avoir fait imprimer en Lituanie et pas en Chine.
    Bon ensuite, même si l’objet physique est vraiment de qualité, on sent qu’ils débutent en tant qu’éditeurs (pas vraiment une critique, il faut bien commencer un jour) et qu’ils n’ont pas beaucoup d’expérience dans le domaine (non que je n’en ai beaucoup moi-même – j’ai jamais mis les mains dans le cambouis – mais ayant quand même assez étudié la chose lors de mes années académiques, peut-être que j’ai un peu plus l’œil pour certains détails que le lecteur moyen). Les deux trucs qui me sautent aux yeux, c’est que déjà, il leur faudrait embaucher un correcteur. Il y a quelques coquilles qui se sont glissées ici ou là, même si c’est souvent dans les parties dessinées (i.e. elles sont incluses dans le dessin, dans les bulles quoi), c’est quand même le travail de l’éditeur que d’éviter cela. L’autre – et c’est lié – c’est que je me demande à quel point les auteurs ont eu carte blanche ? Certaines histoires auraient gagné à être plus travaillées, plus “dirigées” et là aussi c’est le boulot de l’éditeur. Pourtant une impression qui reste quand je lis l’ouvrage c’est qu’une fois sélectionnés les auteurs ont un peu fait ce qu’ils voulaient, ont livré un produit fini plus ou moins publié tel quel. Je me trompe peut-être, je ne sais pas. De même, trop d’histoires se ressemblent, et comme en plus c’est les moins intéressantes, ça heurte la qualité d’ensemble de l’ouvrage qui aurait gagné à se passer de certaines d’entre elles. Peut-être que là aussi, les éditeurs ne voulaient vexer aucun auteur, mais c’est malheureusement ça aussi le boulot d’éditeur parfois, surtout quand on fait une telle anthologie : soit diriger plus la production de chaque auteur, soit prendre le risque de devoir refuser certains travaux au final.

    Les auteurs et leurs BDs donc.

    Comme je disais plus haut, il y a à boire et à manger dedans. Certaines sont meilleures que d’autres, certaines sont plus intéressantes que d’autres. Certaines s’adressent à ceux qui rêvent d’aller au Japon un jour, d’autres visent plutôt les connaisseurs du pays. Un peu dommage que les deux sortes de récit soient mélangées par contre, peut-être qu’une division du livre en sections (fiction, récit, carnet de voyage) aurait été la bienvenue. Je ne sais pas.

    Entrons un peu dans les détails :

     

    Alexandre Bonnefoy:
    Bon déjà, Alex, c’est le chef, le patron d’Issekinicho. Je dis ça, je sais pas pourquoi. Juste pour le contexte je pense, vu que sa contribution n’est pas influencée par ce fait (sinon qu’elle est peut-être plus longue que les autres, pas sûr, j’ai pas non plus compté les pages).
    Il raconte ses premiers mois au Japon, et même si l’introduction – ambassade, arrivée au pays – aurait pu être coupée (ça aurait donné une histoire plus centrée) j’aime bien le fait qu’il se focalise sur sa maison et qu’il n’essaie pas de nous faire un laïus dessiné sur “le Français qui découvre le Japon” (d’autres le feront). Nous obtenons du coup une assez chouette présentation de ce que c’est que de vivre dans une “guest house” (maison en colocation) à Tokyo. Un bon début.

    Cyrielle:
    Elle a un graphisme très inspiré manga, c’est pas mal, mais il lui manque un peu de touche personnelle. Elle nous présente quelques vignettes de son voyage au Japon : elle s’est déguisée en geisha (maiko) dans les rues de Kyoto, elle nous explique la différence entre un bain, un sento et un onsen. C’est pas forcément mauvais, mais c’est malheureusement d’un intérêt assez limité. L’anecdote maiko, c’est plutôt un truc qu’on raconte aux copains ou à la famille, pas vraiment de quoi en faire une historiette. Le côté guide-pratique que l’on retrouve dans pas mal de BDs du volume, je sais pas…. Peut-être que ça plait aux jeunes générations, perso, je ne vois pas trop l’intérêt non plus. À mon âge, c’est le genre d’information que je recherche ailleurs que dans des BDs : dans l’expérience personnelle si j’en ai l’occasion, ou dans des livres un peu plus encyclopédiques et/ou académiques (ou dans wikipedia quand j’ai pas les bouquins idoines sous la main).

    Petite parenthèse pour parler du livre de manière un peu plus générale : pas mal d’auteurs sont très jeunes et n’ont pas forcément trop d’expériences de vie (c’est flagrant quand leurs mini-biographies qui se résument pour la plupart à “j’adore dessiner depuis tout petit et voici les études que j’ai faites”) et s’adressent aussi à un public similaire : assez jeune, élevé aux mangas et un peu “bobo” qui trouve les petits détails de la vie quotidienne si fascinants parce que leurs expériences sont assez limitées, et pour eux, un voyage au Japon est un peu le summum d’une “grande aventure”. Je ne juge pas, c’est juste pas le genre de trucs qui m’intéresse trop. Heureusement, c’est pas tout le bouquin qui est comme ça, mais il a ce petit côté auberge espagnole qui le rend un poil bancal par moments.

    Delphine Vaufrey:
    Delphine, c’est l’autre patronne d’Issechiniko, là aussi, je ne précise que pour le contexte.
    J’avoue je suis moins fan d’elle que de son compagnon. Cette fascination pour les petits détails insignifiants de la vie quotidienne dont je parle au-dessus, on est en plein dedans avec elle et son récit tourne beaucoup autour de “regardez toutes les petites mésaventures sans conséquences et sans importances qui me sont arrivées pendant que j’étais au Japon.” Mais il parait que les lecteurs de BDs et surtout de Blogs BDs adorent ça de nos jours. Mais bon, je l’avoue, contrairement à d’autres, elle sait raconter ça très bien, voire même parfois avec humour, donc mon problème avec elle est plus une histoire de goûts et de couleurs qu’autre chose.

    Dreamy:
    Bon là, je vais être super critique. Je connais assez bien Dreamy, pas personnellement, mais j’ai lu son blog pendant assez longtemps (quand elle était au Japon et y postait régulièrement en gros), et vraiment, même si elle est encore un peu jeune et part parfois un peu dans tous les sens, elle est vraiment talentueuse et est capable de faire des trucs supers (et il me tarde qu’elle ait un peu plus de vécu pour voir ce dont elle sera capable à ce moment-là). Mais sa contribution à Kokekokko est… euh… comment dire ?…
    Le truc qui en ressort, c’est que comme elle est pote avec les éditeurs, ils l’ont invitée à faire un truc bien entendu, mais pour une raison ou une autre, c’est vraiment un truc mal torché et fait à la va-vite qu’elle nous livre ici. Son dessin est vraiment très en deçà de ce dont elle est capable de faire, quant au contenu, un guide vite fait, pas vraiment bien fait de Kyoto, mouais bof. Je ne vois pas l’intérêt, ni l’utilité. On sent le travail bâclé, et c’est très dommage.

    Florent Chavouet:
    Avertissement: Pour que ma critique de cet ouvrage reste déontologique, je dois vous informer ici que je connais personnellement Florent Chavouet, et que même si nous ne sommes pas exactement intimes, nous nous sommes déjà bourrés la gueule ensemble (oui, désolé, si vous imaginiez que Florent est un homme aussi lisse et pur que son personnage, en vrai, il a une très bonne descente qui rivalise sans peine avec la mienne), donc je ne sais pas si je vais être très objectif dans ce paragraphe.
    Ici, Florent nous offre non pas une mais deux histoires, très différentes l’une de l’autre. La première est une blague à base de sushi comme il en poste parfois sur son blog, assez prévisible, mais bien foutue et rigolote. La deuxième est, je pense, plus proche du style de son nouvel ouvrage (que je n’ai pas encore lu, mais dont ma copie est quelque part entre la France et le Japon au moment où je tape ces lignes, espérons que je puisse y jeter un œil avant la fin de mes vacances) dans lequel il se lance dans la fiction. Je ne vous en dirai pas plus, mais c’est une des meilleures histoires du livre.

    Jibé:
    Mouais. Il sait bien dessiner ça c’est sûr, mais l’intérêt de sa contribution – des personnages de mangas et de jeux vidéos insérés dans des scènes de la vie quotidienne tokyoïte – est quand même très très limité. Et pour répondre à sa question : « tes observations sont erronées »

    Julie Blanchin:
    Un peu plus haut je parlais de jeunesse et surtout du manque de vécu de certains auteurs. Je fais partie de ceux qui pensent qu’à part de rares exceptions un bon auteur est forcément quelqu’un qui a un peu de bouteille, même si c’est pas qu’une question d’âge ; ou comme disait Hemingway (j’ai pas la citation exacte en tête) “la condition première pour être un bon écrivain c’est d’avoir quelque chose à dire.” Je pense que c’est le cas de Julie. Son histoire est celle d’une jeune femme, pas celle d’une jeune fille, et même si elle aurait pu se passer n’importe où, c’est au Japon qu’elle se déroule, et je dirais que c’est ce qui fait son intérêt. Souvent quand les gens restés en France imaginent votre vie à l’étranger (quelque soit le pays, mais peut-être encore un peu plus si on est au Japon), ils imaginent des choses inédites et rocambolesques à chaque coin de rue. La vérité est qu’une fois installé dans un certain quotidien, la vie quotidienne (justement) n’est finalement pas si différente que chez soi, on y fait peu ou prou les mêmes choses, juste dans un décor différent.

    Martin Faynot:
    Je connais un peu Martin Faynot (pas personnellement), et j’aime bien. Lui aussi, c’est quelqu’un qui a des choses à raconter et son récit d’un style “six degrés de séparation” est probablement l’un des meilleurs du livre. Là aussi, ça pourrait se dérouler n’importe où, mais néanmoins, il montre, sur quelques pages, quelques éléments intéressants de la vie nocturne tokyoïte à travers cette petite fiction sympathique et malheureusement trop courte (en même temps sa brièveté fait sa force, le récit s’essoufflerait rapidement s’il durait plus longtemps).

    Mention spéciale pour ses “Balades à Tokyo” de toute beauté et qui retranscrivent bien mieux qu’un récit l’atmosphère de certaines rues.

    Nini Wanted:
    Désolé, mais je ne suis ni fan du graphisme, ni du contenu qui reprend les mêmes éléments du “Français découvrant la vie quotidienne au Japon à travers ses objets et ses plats bizarres” vus et revus plusieurs fois. Mauvais point supplémentaire : elle est super difficile niveau bouffe (et pourtant qu’est-ce qu’elle en parle!), personnellement, j’ai du mal avec les gens de plus de 12 ans qui sont difficiles avec la nourriture. Surtout que pas aimer la bouffe japonaise… Enfin voila quoi.

    Priscilla Moore:
    Très chouettes dessins qui donnent une autre vision de la vie au Japon. Petit bémol: Oui tout le monde trouve les singes mignons, mais était-il vraiment nécessaire de leur consacrer la moitié des planches ? C’est avec ce genre de trucs que je pense qu’Issekinicho ne fait pas assez son travail d’éditeur dans le sens “editor” en anglais pas “publisher”. C’est leur boulot de lui dire “Écoute cocotte, je comprends, tout le monde aime les singes, mais là, on sait plus trop de quoi tu nous parles? D’une année au Japon ou bien de singes?”

    Rémi Maynègre:
    J’ai un petit problème avec Rémi. Les dessins sont de toute beauté (et m’ont de suite donné envie d’acheter ses autres bouquins), la narration visuelle totalement maîtrisée, on entre vraiment dans l’image. Mais voila, même s’il n’y a presque pas de texte, celui-ci fait retomber le soufflet : il lui manque vraiment quelque chose, une voix, un ton. Dommage, surtout que les images parlent vraiment d’elles-même, le texte est assez redondant.

    Remka:
    Un peu bizarre le récit de Remka. Il semble se focaliser sur les boulets et autres cas sociaux que l’on croise parfois au Japon. Je parle ici des cas japonais, mais aussi et surtout des étrangers vivant au Japon. Le Japon à effectivement l’air de les attirer, et on en trouve pas mal dans certaines parties – en général très urbanisées – du pays.
    Pourquoi ce choix ? Pourquoi pas après tout ? Mais je sais pas, ça manque un peu de contexte peut-être. Pas sûr.

    Sylvie Bessard:
    Pas sûr que penser des pages de Sylvie Bessard. Elles ont un peu le côté “montrons aux Français les trucs typiques – quitte à tomber dans les clichés – du Japon” qui m’agace habituellement, mais dans son cas, peut-être parce qu’elle maîtrise ce qu’elle fait, peut-être parce qu’au milieu des clichés il y a aussi des trucs originaux et intéressants, ça passe. Même si aussitôt lu, aussitôt oublié.

    Ulysse Malassagne:
    Superbe récit. En achetant le livre, c’est vraiment ce genre de récits que j’espérais trouver : un récit personnel, original, maîtrisé, avec un ton, une voix, un style. En fait, je n’en dis pas plus. C’est probablement le meilleur morceau du livre (avec ceux de Florent Chavouet et de Martin Faynot)
    En tout cas, je vois qu’il a publié d’autres trucs, je vais m’y intéresser dans les mois à venir.

    Ulysse Malassagne Kokekkoko

    Yllya:
    Même problème que pas mal d’autres : Elle veut parler de trop de trucs différents, et au final, elle ne parle pas de grand-chose. Peut-être une question de maturité là aussi. Je ne sais pas à qui parlent ce genre de passages ? Peut-être à ceux qui rêvent d’aller au Japon ? Ils doivent trouver cela très informatif ? Ou alors de ceux qui reviennent de voyage ? Ça leur parle parce qu’ils se disent “oh la la tout comme moi en fait, moi aussi j’ai mangé des onigiri ».
    Ceci dit, elle a un style assez sympathique, même si elle survole tout, il y a du contenu, pas juste trois pages, et la présentation “scrapbook” est sympa. S’il ne fallait garder qu’un seul de ces récits survolant le Japon (et sérieusement, l’éditeur n’aurait dû en garder qu’un) c’est celui-ci.

    Yatuu:
    Un autre récit de voyage au Japon générique, cliché, sans style. Dommage de finir avec ça (même si apparemment les auteurs apparaissent dans l’ordre alphabétique).

     

    Voila…

    Au final, même si j’ai l’impression d’être plus négatif que positif dans ma critique, je salue l’initiative, et je conseille quand même le bouquin si vous vous intéressez au Japon, surtout que les pages sans saveurs et interchangeables seront vite oubliées, et les quelques superbes récits resteront avec vous un peu plus longtemps et vous donneront envie de connaître les auteurs plus en détail (ce qui reste quand même l’intérêt principal de ce genre d’anthologie).

     

  • La Double Nationalité, qu’est-ce que c’est ?

    La Double Nationalité, qu’est-ce que c’est ?

     

    Bon sang !
    Je le sais pourtant qu’il ne faut pas lire les commentaires sur les sites d’infos, et encore moins prendre part aux « discussions ».

    Je n’ai pas d’autre excuse que : « je me suis fait prendre par surprise ». Déjà, c’était pas un site d’info, c’était sur Google+, et puis c’était un post de Libé. Je pensais que j’étais en terrain sûr. Si on cumule Google+ et Libé (même si je ne suis pas trop fan du journal) on se dit que nos interlocuteurs ne vont pas être trop bas du front.

    Et pourtant même là.

    Double nationalité France Algérie
    Le choix de cette image pour illustrer cet article est bien entendu complètement anodin.

    Le post en question était à propos de la dernière éructation en date (au moment où j’écris ces lignes, il y en aura d’autres) de la grosse conne bleue marine concernant sa phobie de la double nationalité.

    Une femme commente alors : « Je n’ai jamais trop compris le pourquoi de cette double nationalité, donc, que ça disparaisse, ma foi…. »
    N’imaginant pas une seconde que l’on puisse sincèrement ne pas comprendre le pourquoi d’avoir une double-nationalité, je pense à un troll. Je l’allume un peu, elle se vexe. Oups, ce n’était pas un troll.

    La discussion continue un peu, je lui parle de multiculturalisme, de la dimension légale de la chose, tout ça. J’essaie aussi comprendre ce qu’elle ne comprend pas. Elle me répond ceci (je vous laisse les divers fautes d’orthographe et de grammaire):

    C’est justement ça que je ne comprends pas : double nationalité !!!
    on né dans un pays, on est de ce pays
    on doit déménager et vivre ailleurs, soit on reste du pays d’origine et donc un « étranger » ou « résident travailleur » (je ne sais plus le terme), soit on change et on prend celle où on bosse. La 1ère reste une « origine ».
    Tu dis « À ne pas être considéré comme un étranger dans son propre pays » , mais dans ce cas, c’est quoi « son propre pays » ?
    Un mec (et/ou avec sa famille) vient en France pour bosser, sa famille est là, à l’école, etc. Pourquoi ne pas demander la nationalité française?
    Double nationalité me fait penser à une « résidence secondaire ».
    Dans quel cas tu as la double nationalité? Et jusqu’à quelle génération ? »
    Enfin, non, je ne comprends pas !

    Puis ceci:

    et « multiculturalisme » n’est pas une RAISON à la double nationalité, c’est, déjà, si tu le veux, et ensuite, c’est une CONSÉQUENCE à une vie dans un autre pays .
    Je pars en Italie, déménage, parle, travaille, ai une vie de famille en Italie, je demande à devenir italienne, et ma culture s’enrichira de celle italienne et mes enfants seront riches naturellement de ces 2 origines.
    Ce n’est pas en ayant 2 nationalités qu’on veut devenir multiculturel »

    Je ne sais pas pourquoi – drôle d’idée, je sais – j’ai pensé que si je lui répondais en détails, peut-être apprendrait-elle un truc ou deux. Alors j’ai passé de longues minutes à essayer de tout bien expliquer comme il faut.
    Sa réponse fut en gros « tu m’énerves, de toutes façons, je n’ai lu que le premier paragraphe »

    Ça m’apprendra à essayer de rendre les cons moins cons.

     

    Mais, comme je la trouvais quand même vaguement instructive ma réponse, et qu’il y a peut-être des gens un peu plus ouverts d’esprit qu’elle (en a-t-elle même un ?) il serait dommage qu’elle disparaisse au milieu de tout un tas de commentaires dont la plupart était stupides voire nauséabonds.

    Et comme je suis en train d’essayer de réanimer ce blog depuis un moment (avec même des collaborateurs, s’ils ne me font pas faux bond), pourquoi pas faire d’une pierre deux coups et reposter ma réponse ici ?

    Dont acte:

    La double nationalité, pourquoi ?

    Bon, je vais essayer d’expliquer, mais j’avoue que ça ne va pas être facile : ça me semble tellement évident et ça me semble tellement étrange que quelqu’un se pose la question, que c’est quelque chose que je n’ai jamais verbalisé auparavant, donc je n’ai pas de réponse toute faite et bien rodée à la question, je suis ici sans filet.

    Déjà, n’oublions pas que la « nationalité » c’est pas une chose, mais bien deux. Deux choses qui sont souvent amalgamées, soit par ignorance, soit par mauvaise foi, soit à dessein, soit par mauvaises intentions selon les cas.

    La nationalité, c’est un sentiment d’appartenance à un peuple, à une nation. Cela s’exprime de plusieurs manières selon les peuples, les nations, les époques et les individus. C’est dans ce sentiment que certains politiques puisent pour manipuler les gens de manières diverses et variées (les politiques américains pour justifier leur impérialisme et leurs politiques étrangères, la droite et l’extrême-droite françaises – il est de plus en plus difficile de les distinguer, je l’avoue – pour attiser les haines dans le pays, trouver des boucs émissaires, tout cela pour gagner plus de pouvoir, et tant pis si cela peut avoir des conséquences catastrophiques pour le pays et surtout ses citoyens). C’est aussi dans ce sentiment que l’on trouve sa culture, son identité, non en tant qu’individu, mais en tant que membre d’un groupe auquel on appartient (car l’homme reste un animal grégaire et tout cela en est la conséquence).

    La nationalité, c’est aussi un ensemble de lois. Avoir une nationalité donnée c’est aussi disposer de certains droits et devoirs sur certains territoires géographiques.

    Prenons votre exemple de l’Italie (même si ce n’est pas le meilleur exemple, vu que la situation avec les pays de l’UE est un peu spéciale) :

    Si vous partez vivre en Italie et y faites votre vie de manière plus ou moins définitive, peut-être souhaiterez-vous tôt ou tard acquérir la nationalité italienne. C’est tout à fait normal. Mais ne voudriez-vous pas non plus garder la nationalité française ? Très probablement que oui. Que ce soit pour des raisons de cœur (attachement à la mère patrie, ce genre de choses) ou des raisons plus pratiques : liberté d’aller et de venir d’un pays à l’autre sans restriction légale, visa ou autre. Chose sans importance pour citoyens des pays membres de l’Union Européenne – c’est pour cela que l’exemple de l’Italie n’est pas le meilleur exemple – mais qui en revêt une toute autre d’importance entre deux pays qui n’ont pas d’accords spéciaux, ou bien deux pays qui ne sont pas forcément en très bons termes.

    Et que se passerait-il si un jour vous deviez quitter l’Italie pour quelle que raison que ce soit (raison familiale qui vous pousse à vous réinstaller brusquement en France, guerre entre la France et l’Italie qui éclate, ou tout simplement raisons économiques) ? Si à ce moment-là vous n’êtes plus française, si vous êtes seulement italienne, vous vous retrouverez étrangère dans votre propre pays.

    C’est ça avoir la double nationalité. C’est ça ne pas être étranger à son propre pays, ou à ses propres pays. Et la naturalisation est l’ une des façons de l’acquérir.

    L’autre façon, c’est justement le multiculturalisme.

    S’installer dans un pays autre et y faire sa vie vous rendra vaguement multiculturel, mais votre culture profonde restera celle du pays où vous avez grandi.
    Car attention, quand je parle de multiculturalisme plus haut, vous le comprenez dans le sens inverse. Le multiculturalisme n’est pas une conséquence de la double nationalité, mais bien le contraire. Le multiculturalisme est bien souvent à la source de la double nationalité.

    Continuons avec l’exemple de votre nouvelle vie hypothétique en Italie. Que vous soyez naturalisée italienne ou non, peut-être y aurez-vous des enfants. Peut-être que leur père sera même italien, de fait, ils seront biculturels à un degré ou à un autre.  Et même s’ils sont nés en France de père français, s’installer en Italie à un jeune âge les rendra biculturels bien plus que vous ne le serez jamais.
    Quid de leur nationalité ? Italienne ? Française ? Les deux ? Une fois de plus, s’il est possible d’avoir les deux, cela me semble être le choix le plus logique.

    Voila, j’espère que cela est un peu plus clair pour vous.

    Au cas où j’ai oublié des éléments dans mon laïus, je réponds aussi à vos questions point par point :

    Quand vous demandez « c’est quoi son propre pays » le fait est qu’il y a pratiquement autant de réponses qu’il y a de gens. Les choses ne sont pas aussi simples que l’on veut vous faire croire.
    C’est quoi votre pays après 20 ans dans un pays autre que celui où on a grandi ? C’est quoi votre pays quand vous avez changé plusieurs fois de pays de résidence au cours de votre vie ? C’est quoi votre pays quand vos parents sont d’origines différentes l’un de l’autre ? etc.

    « Pourquoi ne pas demandez la nationalité française ? »
    Ben, justement, les gens ayant double nationalité en France, c’est bien souvent parce qu’ils sont nés ailleurs, se sont installés en France et et ont demandé la nationalité française. Doivent-ils pour autant renoncer à leurs origines, à leur culture, à leur premier pays, surtout quand leur famille vit encore là-bas ? Je reprends ce que je disais plus haut : abandonneriez-vous la France, votre famille restée sur place et tout le reste si vous partiez vous installer définitivement en Italie ?

    « Dans quel cas a-t-on la double-nationalité ? »
    Il existe presque autant de cas que de pays. Chaque pays a (ou n’a pas) d’accord particuliers et de lois particulières concernant la chose. Certains pays l’acceptent, d’autres non, d’autres s’en fichent, etc. Si vous voulez plus de détails, vous pouvez en trouver sur le site officiel de l’Administration Française.

    « Jusqu’à quelle génération? »
    Les naturalisations et nationalités sont attribuées à des individus, non à des familles, donc le cas de chaque personne est étudié individuellement, on n’a pas – en général – de double-nationalité de génération en génération, avec toutefois quelques exceptions : si vos deux parents sont de même double-nationalité, il se peut que vous puissiez en disposer vous aussi, mais là aussi, cela variera d’un pays à l’autre.

    En espérant que tout cela vous a un peu mieux aidé à comprendre et je terminerai en reprenant ceci : n’oubliez pas que ce n’est pas en ayant la double nationalité que l’on devient multiculturel, mais bien parce que l’on est multiculturel que l’on peut souhaiter avoir une double nationalité.

    La double nationalité est au final quelque chose d’à la fois très personnel et dépendant des lois d’un ou plusieurs pays, mais surtout la double nationalité de quelqu’un n’a aucune influence sur la mono nationalité d’un autre, et vouloir instrumentaliser la chose comme certains le font (suivez mon regard) ne sert qu’à créer des problèmes là où il n’y a pas de raison qu’il y en ait, à créer des boucs émissaires et à monter les gens les uns contre les autres (pour ensuite profiter de ces inimitiés créées de toutes pièces et tant pis si cela provoque des drames ou pire).

     

     

  • Doublages de Films et Devinette

    Doublages de Films et Devinette

     

    Bon de manière générale, j’exècre les films doublés. Pas par snobisme comme certains pensent parfois, mais parce qu’un doublage tue un film à peu près systématiquement. Si ce n’est pas parce que la subtilité des dialogues a été réduite à néant, ce sera parce que le jeu des acteurs originaux aura été massacré par des doubleurs n’étant bien souvent que des acteurs ratés ne trouvant pas d’autre boulot (notez que j’ai du mal à leur en vouloir personnellement, il faut bien manger en ces temps difficiles pour les non-millionnaires).

    Mais ce que les plus jeunes d’entre vous ne savent pas c’est qu’en fait, il n’en a pas toujours été ainsi. En fait avant 1994 (date à laquelle je ne sais plus quelle loi sur le doublage – oui, il y a des lois pour ça – a tout changé) certains films en VF étaient très regardables, car traduits par des vrais dialoguistes et doublés par des vrais acteurs (souvent de théâtre, souvent même très célèbres). Sérieusement, faites le test vous même, regardez des films en VF datant des années 80 ou avant, puis un film en VF de nos jours et comparez…

    D’ailleurs, certains considéreront ça comme un sacrilège, mais je crois que – voix de Darth Vader mise à part – je préfère Star Wars en VF… Je parle de l’épisode IV ici. Je dois avouer que je trouve ses dialogues en VO plutôt fades comparés à la VF (d’ailleurs on notera que George Lucas n’est pas le dialoguiste du meilleur film de la série: Empire Strikes Back, ceci explique peut-être cela).

    Et puis d’ailleurs, en VO, cette photo n’a aucun sens, alors qu’en VF:

     

    Bofur - Stormtrooper - Lego

     

    Ami lecteur, sauras-tu expliquer pourquoi ?

     

     

  • Game of Thrones

    Game of Thrones

     

    L’hiver est arrivé et j’ai enfin vu la série Game of Thrones… Avec trois ans de retard pour la première saison, je sais. Mais bon, vaut mieux tard que jamais et ce genre de choses.

    Voici quelques unes de mes impressions. Bien entendu, ce post contient tout un tas de spoilers sur les trois premières saisons, mais n’ayant pas lu les livres, et ne connaissant que la bande-annonce de la quatrième saison (disponible depuis aujourd’hui !), aucun spoiler pour la suite. Je n’en ai pas. Je n’en veux pas (ceci s’applique aussi à tout commentaire éventuel, merci d’avance). Même si avec George R. R. Martin, de ce que j’ai vu de la série jusqu’à présent, et vu un certain nombre de memes qui circulent sur le web, j’ai cru comprendre qu’il ne vaut mieux pas trop s’attacher à quel personnage que ce soit ; au point que quand je regarde la série, je pars du principe qu’ils vont tous mourir tôt ou tard… Après tout, une série qui n’hésite pas à tuer ses mascottes (les direwolves) de temps à autres n’hésitera pas à tuer ses héros non plus (car tout le monde sait qu’il y a deux choses que l’on ne tue pas dans les séries TV : les animaux et les enfants… sauf dans Game of Thrones – quoique jusqu’à présent les enfants ont pas trop mal survécu… jusqu’à quand ?)

     

    Game of Thrones Poster

     

    Bon, mes impressions alors.
    Bien évidemment, j’ai adoré (sinon je ne passerai pas une heure ou deux à vous en parler) au point que j’ai commis l’erreur de tout regarder en deux semaines. Certains parmi vous aiment bien tout regarder d’une série en un minimum de temps. Personnellement, j’aime bien espacer les épisodes un petit peu, pour avoir le temps de les digérer. Surtout une série aussi dense en personnages et intrigues que celle-ci. Le fait est que je voulais tout voir avant le début de la quatrième saison, je pensais qu’elle débutait en février (ce sera le 6 avril) et comme j’étais dans la maison familiale pour les fêtes avec pas grand-chose à faire de mes soirées. Les trois saisons furent donc visionnées en deux semaines.
    Du coup, je ne suis pas toujours sûr de bien avoir tout assimilé. Je remarque que j’ai vraiment du mal à me souvenir du nom des personnages secondaires par exemple.

    Dans le désordre :
    Même si je viens de dire que je sais qu’il ne faut pas s’attacher aux personnages, ce sont en premier les personnages qui me séduisent. Le fait qu’il y en ait autant permet d’avoir un monde très étoffé, et c’est d’ailleurs une façon très originale de donner une certaine dimension à un univers. Au final, nous ne voyons que très peu de lieux différents dans Westeros (King’s Landing, Winterfell, la campagne et petits chateaux entre les deux, le Mur et au-delà du Mur) mais cette abondance de personnages, personalités, intrigues, fait de Westeros un monde riche, complexe, aux nombreuses cultures.
    J’aime aussi beaucoup le fait que presqu’aucun personnage ne me laisse indifférent.
    Il y a ceux que l’on aime, ceux que l’on déteste, ceux que l’on aime détester, ceux que l’on déteste aimer.

     

    CS 65 Friday 22nd October 2010En haut de la liste, Tyrion Lannister. Je pense que comme beaucoup de fans, il est mon personnage préféré. Même s’il fait parti du camp des “méchants” (même si ce terme s’applique difficilement dans Game of Thrones, à part pour de rares exceptions), il est rare de voir à la télé des personnages aussi multi-dimensionnels, aussi complexes. Il pourrait être un salaud, il n’est clairement pas un héros, mais il est extrêmement attachant. Peut-être tout simplement parce qu’il est le plus humain, le plus “normal” ?

    Puisque j’ai commencé avec les Lannisters, continuons avec eux.
    Cersei et Jaime sont fascinants. A priori, ils sont aussi détestables l’un que l’autre. Mais il y a une fêlure, une tristesse chez Cersei qui la rend attachante, qui fait que l’on ne peut pas la détester complètement. Tout ce qu’elle fait, elle le fait simplement pour survivre dans le monde, la société et la famille dans lesquels elle est née.
    Jaime est détestable au début, mais petit à petit, en particulier quand les galères commencent à s’accumuler pour lui, on commence à le plaindre. Si au début on se réjouit de le voir souffrir, au fur et à mesure, on se surprend à le plaindre. Au début, on s’en veut, on voudrait qu’il meure. Mais si on veut qu’il meure parce qu’il est un salaud, on veut quand même qu’il vive parce qu’il est un personnage fascinant. Puis au fil de ses mésaventures, on découvre que lui aussi possède de nombreuses fêlures, que lui aussi est autant une victime qu’un bourreau.
    Et que dire de Tywin? Le stéréotype du chef de clan qui est un gros con ? Ce serait trop simple. Même s’il est clair qu’il n’est pas exactement une personne sympathique, ses interactions avec Arya et d’autres montrent qu’il n’est pas non plus exactement mauvais, qu’il fait ce qu’il fait pour le bien de sa famille et uniquement pour cela.
    Terminons le tour des Lannisters avec Joffrey. Who else? Oui, je sais, il est un Baratheon et pas un Lannister… Mais bon, vous voyez où je veux en venir.
    Avons-nous vu un personnage aussi détestable de récente mémoire ? Un peu comme si tous les défauts des pires adolescents avaient été combinés en une seule personne. S’il y a un personnage dont on souhaite la mort dans d’horrible souffrances, c’est bien lui. Mais encore une fois s’il meurt, il nous manquera terriblement. Oui, au final, je préfère le voir se faire gifler par Tyrion ou envoyer au lit (sans dessert) par Tywin que de le voir mourir.

     

    House of Stark

     

    Passons à l’autre clan principal de la série : les Starks.
    Clairement les protagonistes, les “héros” de la série, même si leur importance va en diminuant au fur et à mesure (certainement parce que le nombre de Starks adultes encore vivants à la fin de la saison 3 est réduit à presque rien, même Winterfell n’est plus que ruines. Ironiquement, ce sont les qualités qui font d’eux des héros qui causent aussi leur perte : l’intégrité de Ned, la confiance de Robb en ses alliés, la force d’esprit de Catelyn (quoiqu’on pourrait aussi souligner qu’une certainement naïveté joue un grand rôle dans les trois cas). Restent Arya, Jon Snow et Bran, qui sont adorables tous les trois. On ne peut pas ne pas vouloir leur bien, on ne peut pas ne pas les aimer, mais ils restent quand même les plus “stéréotypés” de tous les personnages ou presque. Arya en garçon manqué aventureuse, Jon Snow en anti-héros “dark”, Bran en enfant faible mais qui a des capacités extraordinaires pour compenser.

    Finissons notre tour des personnages principaux avec Daenerys. Je trouve assez intéressant le fait que son histoire soit narrée en parallèle des autres, sans qu’il y ait aucune interaction entre les deux (pour l’instant, je présuppose). Son ascension de jeune fille faible et soumise à future reine, mère de dragons et dirigeante d’une armée qui semble invincible est captivante, mais je ne peux m’empêcher de trouver que son récit avance un peu trop lentement par rapport aux autres.

    En fait, je dirais que c’est ma critique principale de la série, la plupart des intrigues parallèles avancent parfois bien trop lentement. Attention, loin de moi l’idée de vouloir que tout aille vite, que tout soit révélé en quelques épisodes (j’ai toujours été plus fan de Lost que de 24), mais le fait est qu’il se passe près de deux saisons – et pas énormément de trucs pour lui – entre l’évasion de Jaime Lannister et son retour à King’s Landing. Et que dire de Theon qui passe une saison entière à se faire torturer ? Une véritable torture effectivement, mais pour le spectateur. Je ne sais pas vous, mais si les malheurs de Jaime sont au bout du compte intéressants, parfois même amusants, j’ai perdu à peu près tout intérêt dans le personnage de Theon peu après sa trahison, et s’il doit survivre, je pense que son calvaire aurait pu durer un total de deux ou trois minutes dans un épisode ou deux. S’il doit mourir, que quelqu’un le tue par pitié qu’on en finisse. Mais faire durer son supplice et le nôtre de la sorte me semble un peu vain.

    L’autre critique que je ferai, même si je comprends qu’une série TV, même sur HBO n’a pas le même budget qu’un film hollywoodien, c’est qu’il est un peu frustrant de savoir qu’il y a une énorme guerre qui fait rage et de n’en voir aucune bataille. La seule à laquelle nous avons eu droit fut l’attaque échouée de King’s Landing par Stannis Baratheon, mais par moments, je ne pouvais m’empêcher de penser qu’elle n’impliquait que quelques dizaines de soldats tout au plus. Mais je comprends que c’est assez inévitable tant que le budget et (peut-être surtout) les délais de production sont ce qu’ils sont, c’est-à-dire pas ceux d’un film.

    Mais bon, ne boudons pas notre plaisir, cette série est une vraie réussite avec des intrigues passionnantes, des personnages principaux et secondaires qui sont parfois de vrais petits bijoux d’écriture (comment n’ai-je donc pas parlé de Varys et de Petyr Baelish?), et une qualité de production qui est aussi bonne, voire meilleure que bien des choses projettées habituellement sur des écrans de cinéma.

    Si le temps me le permet, j’en parlerai un peu plus lors de la diffusion de la saison 4, et pour nous faire patienter, voici la bande-annonce :