Catégorie : Bandes Dessinées

  • Kokekokko aux éditions Issekinicho

    Kokekokko aux éditions Issekinicho

    Kokekokko Issekinicho

     

    Attention, c’est long, puisque c’est 16 critiques en une que je vous livre ici.

    Commençons par le fait que ces gens-là aiment bien les noms compliqués. Donc en gros, Kokekkoko ça veut dire Cocorico en japonais, et Issekinicho, je ne sais plus, d’ailleurs, je ne me rappelle jamais du nom exact, il faut que je le recherche sur Google à chaque fois. Je suis sûr qu’ils l’expliquent quelque part dans leur site.

    Donc c’est quoi ça ? C’est un bouquin. Un recueil de BDs courtes traitant du Japon de façons diverses et variées (pas assez à mon goût, nous y reviendrons).
    Il y a 16 auteurs, et comme vous pouvez l’imaginer il y a à boire et à manger dedans.

    En fait, avant de parler du bouquin, je voudrais parler de l’éditeur. Donc Issekinicho, c’est une toute jeune maison d’édition fondée par un couple qui résida au Japon il fut un temps pas très lointain. Je ne sais plus trop pourquoi ils se sont lancés dans l’aventure – l’édition, pas le Japon – mais je salue l’initiative.
    Bon pour l’instant, comme ils débutent, ils publient surtout des copains, mais c’est normal. Ils étendront très certainement leur catalogue d’auteurs quand ils auront les reins un peu plus solides. Espérons-le en tout cas.

    Dans l’ensemble, je trouve le bouquin (l’objet physique) vraiment bien foutu et de qualité, chouette papier, chouette reliure, etc. Et vu la taille de l’ouvrage, 25€ ça fait pas cher du kilo. Je salue aussi le fait de l’avoir fait imprimer en Lituanie et pas en Chine.
    Bon ensuite, même si l’objet physique est vraiment de qualité, on sent qu’ils débutent en tant qu’éditeurs (pas vraiment une critique, il faut bien commencer un jour) et qu’ils n’ont pas beaucoup d’expérience dans le domaine (non que je n’en ai beaucoup moi-même – j’ai jamais mis les mains dans le cambouis – mais ayant quand même assez étudié la chose lors de mes années académiques, peut-être que j’ai un peu plus l’œil pour certains détails que le lecteur moyen). Les deux trucs qui me sautent aux yeux, c’est que déjà, il leur faudrait embaucher un correcteur. Il y a quelques coquilles qui se sont glissées ici ou là, même si c’est souvent dans les parties dessinées (i.e. elles sont incluses dans le dessin, dans les bulles quoi), c’est quand même le travail de l’éditeur que d’éviter cela. L’autre – et c’est lié – c’est que je me demande à quel point les auteurs ont eu carte blanche ? Certaines histoires auraient gagné à être plus travaillées, plus “dirigées” et là aussi c’est le boulot de l’éditeur. Pourtant une impression qui reste quand je lis l’ouvrage c’est qu’une fois sélectionnés les auteurs ont un peu fait ce qu’ils voulaient, ont livré un produit fini plus ou moins publié tel quel. Je me trompe peut-être, je ne sais pas. De même, trop d’histoires se ressemblent, et comme en plus c’est les moins intéressantes, ça heurte la qualité d’ensemble de l’ouvrage qui aurait gagné à se passer de certaines d’entre elles. Peut-être que là aussi, les éditeurs ne voulaient vexer aucun auteur, mais c’est malheureusement ça aussi le boulot d’éditeur parfois, surtout quand on fait une telle anthologie : soit diriger plus la production de chaque auteur, soit prendre le risque de devoir refuser certains travaux au final.

    Les auteurs et leurs BDs donc.

    Comme je disais plus haut, il y a à boire et à manger dedans. Certaines sont meilleures que d’autres, certaines sont plus intéressantes que d’autres. Certaines s’adressent à ceux qui rêvent d’aller au Japon un jour, d’autres visent plutôt les connaisseurs du pays. Un peu dommage que les deux sortes de récit soient mélangées par contre, peut-être qu’une division du livre en sections (fiction, récit, carnet de voyage) aurait été la bienvenue. Je ne sais pas.

    Entrons un peu dans les détails :

     

    Alexandre Bonnefoy:
    Bon déjà, Alex, c’est le chef, le patron d’Issekinicho. Je dis ça, je sais pas pourquoi. Juste pour le contexte je pense, vu que sa contribution n’est pas influencée par ce fait (sinon qu’elle est peut-être plus longue que les autres, pas sûr, j’ai pas non plus compté les pages).
    Il raconte ses premiers mois au Japon, et même si l’introduction – ambassade, arrivée au pays – aurait pu être coupée (ça aurait donné une histoire plus centrée) j’aime bien le fait qu’il se focalise sur sa maison et qu’il n’essaie pas de nous faire un laïus dessiné sur “le Français qui découvre le Japon” (d’autres le feront). Nous obtenons du coup une assez chouette présentation de ce que c’est que de vivre dans une “guest house” (maison en colocation) à Tokyo. Un bon début.

    Cyrielle:
    Elle a un graphisme très inspiré manga, c’est pas mal, mais il lui manque un peu de touche personnelle. Elle nous présente quelques vignettes de son voyage au Japon : elle s’est déguisée en geisha (maiko) dans les rues de Kyoto, elle nous explique la différence entre un bain, un sento et un onsen. C’est pas forcément mauvais, mais c’est malheureusement d’un intérêt assez limité. L’anecdote maiko, c’est plutôt un truc qu’on raconte aux copains ou à la famille, pas vraiment de quoi en faire une historiette. Le côté guide-pratique que l’on retrouve dans pas mal de BDs du volume, je sais pas…. Peut-être que ça plait aux jeunes générations, perso, je ne vois pas trop l’intérêt non plus. À mon âge, c’est le genre d’information que je recherche ailleurs que dans des BDs : dans l’expérience personnelle si j’en ai l’occasion, ou dans des livres un peu plus encyclopédiques et/ou académiques (ou dans wikipedia quand j’ai pas les bouquins idoines sous la main).

    Petite parenthèse pour parler du livre de manière un peu plus générale : pas mal d’auteurs sont très jeunes et n’ont pas forcément trop d’expériences de vie (c’est flagrant quand leurs mini-biographies qui se résument pour la plupart à “j’adore dessiner depuis tout petit et voici les études que j’ai faites”) et s’adressent aussi à un public similaire : assez jeune, élevé aux mangas et un peu “bobo” qui trouve les petits détails de la vie quotidienne si fascinants parce que leurs expériences sont assez limitées, et pour eux, un voyage au Japon est un peu le summum d’une “grande aventure”. Je ne juge pas, c’est juste pas le genre de trucs qui m’intéresse trop. Heureusement, c’est pas tout le bouquin qui est comme ça, mais il a ce petit côté auberge espagnole qui le rend un poil bancal par moments.

    Delphine Vaufrey:
    Delphine, c’est l’autre patronne d’Issechiniko, là aussi, je ne précise que pour le contexte.
    J’avoue je suis moins fan d’elle que de son compagnon. Cette fascination pour les petits détails insignifiants de la vie quotidienne dont je parle au-dessus, on est en plein dedans avec elle et son récit tourne beaucoup autour de “regardez toutes les petites mésaventures sans conséquences et sans importances qui me sont arrivées pendant que j’étais au Japon.” Mais il parait que les lecteurs de BDs et surtout de Blogs BDs adorent ça de nos jours. Mais bon, je l’avoue, contrairement à d’autres, elle sait raconter ça très bien, voire même parfois avec humour, donc mon problème avec elle est plus une histoire de goûts et de couleurs qu’autre chose.

    Dreamy:
    Bon là, je vais être super critique. Je connais assez bien Dreamy, pas personnellement, mais j’ai lu son blog pendant assez longtemps (quand elle était au Japon et y postait régulièrement en gros), et vraiment, même si elle est encore un peu jeune et part parfois un peu dans tous les sens, elle est vraiment talentueuse et est capable de faire des trucs supers (et il me tarde qu’elle ait un peu plus de vécu pour voir ce dont elle sera capable à ce moment-là). Mais sa contribution à Kokekokko est… euh… comment dire ?…
    Le truc qui en ressort, c’est que comme elle est pote avec les éditeurs, ils l’ont invitée à faire un truc bien entendu, mais pour une raison ou une autre, c’est vraiment un truc mal torché et fait à la va-vite qu’elle nous livre ici. Son dessin est vraiment très en deçà de ce dont elle est capable de faire, quant au contenu, un guide vite fait, pas vraiment bien fait de Kyoto, mouais bof. Je ne vois pas l’intérêt, ni l’utilité. On sent le travail bâclé, et c’est très dommage.

    Florent Chavouet:
    Avertissement: Pour que ma critique de cet ouvrage reste déontologique, je dois vous informer ici que je connais personnellement Florent Chavouet, et que même si nous ne sommes pas exactement intimes, nous nous sommes déjà bourrés la gueule ensemble (oui, désolé, si vous imaginiez que Florent est un homme aussi lisse et pur que son personnage, en vrai, il a une très bonne descente qui rivalise sans peine avec la mienne), donc je ne sais pas si je vais être très objectif dans ce paragraphe.
    Ici, Florent nous offre non pas une mais deux histoires, très différentes l’une de l’autre. La première est une blague à base de sushi comme il en poste parfois sur son blog, assez prévisible, mais bien foutue et rigolote. La deuxième est, je pense, plus proche du style de son nouvel ouvrage (que je n’ai pas encore lu, mais dont ma copie est quelque part entre la France et le Japon au moment où je tape ces lignes, espérons que je puisse y jeter un œil avant la fin de mes vacances) dans lequel il se lance dans la fiction. Je ne vous en dirai pas plus, mais c’est une des meilleures histoires du livre.

    Jibé:
    Mouais. Il sait bien dessiner ça c’est sûr, mais l’intérêt de sa contribution – des personnages de mangas et de jeux vidéos insérés dans des scènes de la vie quotidienne tokyoïte – est quand même très très limité. Et pour répondre à sa question : « tes observations sont erronées »

    Julie Blanchin:
    Un peu plus haut je parlais de jeunesse et surtout du manque de vécu de certains auteurs. Je fais partie de ceux qui pensent qu’à part de rares exceptions un bon auteur est forcément quelqu’un qui a un peu de bouteille, même si c’est pas qu’une question d’âge ; ou comme disait Hemingway (j’ai pas la citation exacte en tête) “la condition première pour être un bon écrivain c’est d’avoir quelque chose à dire.” Je pense que c’est le cas de Julie. Son histoire est celle d’une jeune femme, pas celle d’une jeune fille, et même si elle aurait pu se passer n’importe où, c’est au Japon qu’elle se déroule, et je dirais que c’est ce qui fait son intérêt. Souvent quand les gens restés en France imaginent votre vie à l’étranger (quelque soit le pays, mais peut-être encore un peu plus si on est au Japon), ils imaginent des choses inédites et rocambolesques à chaque coin de rue. La vérité est qu’une fois installé dans un certain quotidien, la vie quotidienne (justement) n’est finalement pas si différente que chez soi, on y fait peu ou prou les mêmes choses, juste dans un décor différent.

    Martin Faynot:
    Je connais un peu Martin Faynot (pas personnellement), et j’aime bien. Lui aussi, c’est quelqu’un qui a des choses à raconter et son récit d’un style “six degrés de séparation” est probablement l’un des meilleurs du livre. Là aussi, ça pourrait se dérouler n’importe où, mais néanmoins, il montre, sur quelques pages, quelques éléments intéressants de la vie nocturne tokyoïte à travers cette petite fiction sympathique et malheureusement trop courte (en même temps sa brièveté fait sa force, le récit s’essoufflerait rapidement s’il durait plus longtemps).

    Mention spéciale pour ses “Balades à Tokyo” de toute beauté et qui retranscrivent bien mieux qu’un récit l’atmosphère de certaines rues.

    Nini Wanted:
    Désolé, mais je ne suis ni fan du graphisme, ni du contenu qui reprend les mêmes éléments du “Français découvrant la vie quotidienne au Japon à travers ses objets et ses plats bizarres” vus et revus plusieurs fois. Mauvais point supplémentaire : elle est super difficile niveau bouffe (et pourtant qu’est-ce qu’elle en parle!), personnellement, j’ai du mal avec les gens de plus de 12 ans qui sont difficiles avec la nourriture. Surtout que pas aimer la bouffe japonaise… Enfin voila quoi.

    Priscilla Moore:
    Très chouettes dessins qui donnent une autre vision de la vie au Japon. Petit bémol: Oui tout le monde trouve les singes mignons, mais était-il vraiment nécessaire de leur consacrer la moitié des planches ? C’est avec ce genre de trucs que je pense qu’Issekinicho ne fait pas assez son travail d’éditeur dans le sens “editor” en anglais pas “publisher”. C’est leur boulot de lui dire “Écoute cocotte, je comprends, tout le monde aime les singes, mais là, on sait plus trop de quoi tu nous parles? D’une année au Japon ou bien de singes?”

    Rémi Maynègre:
    J’ai un petit problème avec Rémi. Les dessins sont de toute beauté (et m’ont de suite donné envie d’acheter ses autres bouquins), la narration visuelle totalement maîtrisée, on entre vraiment dans l’image. Mais voila, même s’il n’y a presque pas de texte, celui-ci fait retomber le soufflet : il lui manque vraiment quelque chose, une voix, un ton. Dommage, surtout que les images parlent vraiment d’elles-même, le texte est assez redondant.

    Remka:
    Un peu bizarre le récit de Remka. Il semble se focaliser sur les boulets et autres cas sociaux que l’on croise parfois au Japon. Je parle ici des cas japonais, mais aussi et surtout des étrangers vivant au Japon. Le Japon à effectivement l’air de les attirer, et on en trouve pas mal dans certaines parties – en général très urbanisées – du pays.
    Pourquoi ce choix ? Pourquoi pas après tout ? Mais je sais pas, ça manque un peu de contexte peut-être. Pas sûr.

    Sylvie Bessard:
    Pas sûr que penser des pages de Sylvie Bessard. Elles ont un peu le côté “montrons aux Français les trucs typiques – quitte à tomber dans les clichés – du Japon” qui m’agace habituellement, mais dans son cas, peut-être parce qu’elle maîtrise ce qu’elle fait, peut-être parce qu’au milieu des clichés il y a aussi des trucs originaux et intéressants, ça passe. Même si aussitôt lu, aussitôt oublié.

    Ulysse Malassagne:
    Superbe récit. En achetant le livre, c’est vraiment ce genre de récits que j’espérais trouver : un récit personnel, original, maîtrisé, avec un ton, une voix, un style. En fait, je n’en dis pas plus. C’est probablement le meilleur morceau du livre (avec ceux de Florent Chavouet et de Martin Faynot)
    En tout cas, je vois qu’il a publié d’autres trucs, je vais m’y intéresser dans les mois à venir.

    Ulysse Malassagne Kokekkoko

    Yllya:
    Même problème que pas mal d’autres : Elle veut parler de trop de trucs différents, et au final, elle ne parle pas de grand-chose. Peut-être une question de maturité là aussi. Je ne sais pas à qui parlent ce genre de passages ? Peut-être à ceux qui rêvent d’aller au Japon ? Ils doivent trouver cela très informatif ? Ou alors de ceux qui reviennent de voyage ? Ça leur parle parce qu’ils se disent “oh la la tout comme moi en fait, moi aussi j’ai mangé des onigiri ».
    Ceci dit, elle a un style assez sympathique, même si elle survole tout, il y a du contenu, pas juste trois pages, et la présentation “scrapbook” est sympa. S’il ne fallait garder qu’un seul de ces récits survolant le Japon (et sérieusement, l’éditeur n’aurait dû en garder qu’un) c’est celui-ci.

    Yatuu:
    Un autre récit de voyage au Japon générique, cliché, sans style. Dommage de finir avec ça (même si apparemment les auteurs apparaissent dans l’ordre alphabétique).

     

    Voila…

    Au final, même si j’ai l’impression d’être plus négatif que positif dans ma critique, je salue l’initiative, et je conseille quand même le bouquin si vous vous intéressez au Japon, surtout que les pages sans saveurs et interchangeables seront vite oubliées, et les quelques superbes récits resteront avec vous un peu plus longtemps et vous donneront envie de connaître les auteurs plus en détail (ce qui reste quand même l’intérêt principal de ce genre d’anthologie).

     

  • La Double Nationalité, qu’est-ce que c’est ?

    La Double Nationalité, qu’est-ce que c’est ?

     

    Bon sang !
    Je le sais pourtant qu’il ne faut pas lire les commentaires sur les sites d’infos, et encore moins prendre part aux « discussions ».

    Je n’ai pas d’autre excuse que : « je me suis fait prendre par surprise ». Déjà, c’était pas un site d’info, c’était sur Google+, et puis c’était un post de Libé. Je pensais que j’étais en terrain sûr. Si on cumule Google+ et Libé (même si je ne suis pas trop fan du journal) on se dit que nos interlocuteurs ne vont pas être trop bas du front.

    Et pourtant même là.

    Double nationalité France Algérie
    Le choix de cette image pour illustrer cet article est bien entendu complètement anodin.

    Le post en question était à propos de la dernière éructation en date (au moment où j’écris ces lignes, il y en aura d’autres) de la grosse conne bleue marine concernant sa phobie de la double nationalité.

    Une femme commente alors : « Je n’ai jamais trop compris le pourquoi de cette double nationalité, donc, que ça disparaisse, ma foi…. »
    N’imaginant pas une seconde que l’on puisse sincèrement ne pas comprendre le pourquoi d’avoir une double-nationalité, je pense à un troll. Je l’allume un peu, elle se vexe. Oups, ce n’était pas un troll.

    La discussion continue un peu, je lui parle de multiculturalisme, de la dimension légale de la chose, tout ça. J’essaie aussi comprendre ce qu’elle ne comprend pas. Elle me répond ceci (je vous laisse les divers fautes d’orthographe et de grammaire):

    C’est justement ça que je ne comprends pas : double nationalité !!!
    on né dans un pays, on est de ce pays
    on doit déménager et vivre ailleurs, soit on reste du pays d’origine et donc un « étranger » ou « résident travailleur » (je ne sais plus le terme), soit on change et on prend celle où on bosse. La 1ère reste une « origine ».
    Tu dis « À ne pas être considéré comme un étranger dans son propre pays » , mais dans ce cas, c’est quoi « son propre pays » ?
    Un mec (et/ou avec sa famille) vient en France pour bosser, sa famille est là, à l’école, etc. Pourquoi ne pas demander la nationalité française?
    Double nationalité me fait penser à une « résidence secondaire ».
    Dans quel cas tu as la double nationalité? Et jusqu’à quelle génération ? »
    Enfin, non, je ne comprends pas !

    Puis ceci:

    et « multiculturalisme » n’est pas une RAISON à la double nationalité, c’est, déjà, si tu le veux, et ensuite, c’est une CONSÉQUENCE à une vie dans un autre pays .
    Je pars en Italie, déménage, parle, travaille, ai une vie de famille en Italie, je demande à devenir italienne, et ma culture s’enrichira de celle italienne et mes enfants seront riches naturellement de ces 2 origines.
    Ce n’est pas en ayant 2 nationalités qu’on veut devenir multiculturel »

    Je ne sais pas pourquoi – drôle d’idée, je sais – j’ai pensé que si je lui répondais en détails, peut-être apprendrait-elle un truc ou deux. Alors j’ai passé de longues minutes à essayer de tout bien expliquer comme il faut.
    Sa réponse fut en gros « tu m’énerves, de toutes façons, je n’ai lu que le premier paragraphe »

    Ça m’apprendra à essayer de rendre les cons moins cons.

     

    Mais, comme je la trouvais quand même vaguement instructive ma réponse, et qu’il y a peut-être des gens un peu plus ouverts d’esprit qu’elle (en a-t-elle même un ?) il serait dommage qu’elle disparaisse au milieu de tout un tas de commentaires dont la plupart était stupides voire nauséabonds.

    Et comme je suis en train d’essayer de réanimer ce blog depuis un moment (avec même des collaborateurs, s’ils ne me font pas faux bond), pourquoi pas faire d’une pierre deux coups et reposter ma réponse ici ?

    Dont acte:

    La double nationalité, pourquoi ?

    Bon, je vais essayer d’expliquer, mais j’avoue que ça ne va pas être facile : ça me semble tellement évident et ça me semble tellement étrange que quelqu’un se pose la question, que c’est quelque chose que je n’ai jamais verbalisé auparavant, donc je n’ai pas de réponse toute faite et bien rodée à la question, je suis ici sans filet.

    Déjà, n’oublions pas que la « nationalité » c’est pas une chose, mais bien deux. Deux choses qui sont souvent amalgamées, soit par ignorance, soit par mauvaise foi, soit à dessein, soit par mauvaises intentions selon les cas.

    La nationalité, c’est un sentiment d’appartenance à un peuple, à une nation. Cela s’exprime de plusieurs manières selon les peuples, les nations, les époques et les individus. C’est dans ce sentiment que certains politiques puisent pour manipuler les gens de manières diverses et variées (les politiques américains pour justifier leur impérialisme et leurs politiques étrangères, la droite et l’extrême-droite françaises – il est de plus en plus difficile de les distinguer, je l’avoue – pour attiser les haines dans le pays, trouver des boucs émissaires, tout cela pour gagner plus de pouvoir, et tant pis si cela peut avoir des conséquences catastrophiques pour le pays et surtout ses citoyens). C’est aussi dans ce sentiment que l’on trouve sa culture, son identité, non en tant qu’individu, mais en tant que membre d’un groupe auquel on appartient (car l’homme reste un animal grégaire et tout cela en est la conséquence).

    La nationalité, c’est aussi un ensemble de lois. Avoir une nationalité donnée c’est aussi disposer de certains droits et devoirs sur certains territoires géographiques.

    Prenons votre exemple de l’Italie (même si ce n’est pas le meilleur exemple, vu que la situation avec les pays de l’UE est un peu spéciale) :

    Si vous partez vivre en Italie et y faites votre vie de manière plus ou moins définitive, peut-être souhaiterez-vous tôt ou tard acquérir la nationalité italienne. C’est tout à fait normal. Mais ne voudriez-vous pas non plus garder la nationalité française ? Très probablement que oui. Que ce soit pour des raisons de cœur (attachement à la mère patrie, ce genre de choses) ou des raisons plus pratiques : liberté d’aller et de venir d’un pays à l’autre sans restriction légale, visa ou autre. Chose sans importance pour citoyens des pays membres de l’Union Européenne – c’est pour cela que l’exemple de l’Italie n’est pas le meilleur exemple – mais qui en revêt une toute autre d’importance entre deux pays qui n’ont pas d’accords spéciaux, ou bien deux pays qui ne sont pas forcément en très bons termes.

    Et que se passerait-il si un jour vous deviez quitter l’Italie pour quelle que raison que ce soit (raison familiale qui vous pousse à vous réinstaller brusquement en France, guerre entre la France et l’Italie qui éclate, ou tout simplement raisons économiques) ? Si à ce moment-là vous n’êtes plus française, si vous êtes seulement italienne, vous vous retrouverez étrangère dans votre propre pays.

    C’est ça avoir la double nationalité. C’est ça ne pas être étranger à son propre pays, ou à ses propres pays. Et la naturalisation est l’ une des façons de l’acquérir.

    L’autre façon, c’est justement le multiculturalisme.

    S’installer dans un pays autre et y faire sa vie vous rendra vaguement multiculturel, mais votre culture profonde restera celle du pays où vous avez grandi.
    Car attention, quand je parle de multiculturalisme plus haut, vous le comprenez dans le sens inverse. Le multiculturalisme n’est pas une conséquence de la double nationalité, mais bien le contraire. Le multiculturalisme est bien souvent à la source de la double nationalité.

    Continuons avec l’exemple de votre nouvelle vie hypothétique en Italie. Que vous soyez naturalisée italienne ou non, peut-être y aurez-vous des enfants. Peut-être que leur père sera même italien, de fait, ils seront biculturels à un degré ou à un autre.  Et même s’ils sont nés en France de père français, s’installer en Italie à un jeune âge les rendra biculturels bien plus que vous ne le serez jamais.
    Quid de leur nationalité ? Italienne ? Française ? Les deux ? Une fois de plus, s’il est possible d’avoir les deux, cela me semble être le choix le plus logique.

    Voila, j’espère que cela est un peu plus clair pour vous.

    Au cas où j’ai oublié des éléments dans mon laïus, je réponds aussi à vos questions point par point :

    Quand vous demandez « c’est quoi son propre pays » le fait est qu’il y a pratiquement autant de réponses qu’il y a de gens. Les choses ne sont pas aussi simples que l’on veut vous faire croire.
    C’est quoi votre pays après 20 ans dans un pays autre que celui où on a grandi ? C’est quoi votre pays quand vous avez changé plusieurs fois de pays de résidence au cours de votre vie ? C’est quoi votre pays quand vos parents sont d’origines différentes l’un de l’autre ? etc.

    « Pourquoi ne pas demandez la nationalité française ? »
    Ben, justement, les gens ayant double nationalité en France, c’est bien souvent parce qu’ils sont nés ailleurs, se sont installés en France et et ont demandé la nationalité française. Doivent-ils pour autant renoncer à leurs origines, à leur culture, à leur premier pays, surtout quand leur famille vit encore là-bas ? Je reprends ce que je disais plus haut : abandonneriez-vous la France, votre famille restée sur place et tout le reste si vous partiez vous installer définitivement en Italie ?

    « Dans quel cas a-t-on la double-nationalité ? »
    Il existe presque autant de cas que de pays. Chaque pays a (ou n’a pas) d’accord particuliers et de lois particulières concernant la chose. Certains pays l’acceptent, d’autres non, d’autres s’en fichent, etc. Si vous voulez plus de détails, vous pouvez en trouver sur le site officiel de l’Administration Française.

    « Jusqu’à quelle génération? »
    Les naturalisations et nationalités sont attribuées à des individus, non à des familles, donc le cas de chaque personne est étudié individuellement, on n’a pas – en général – de double-nationalité de génération en génération, avec toutefois quelques exceptions : si vos deux parents sont de même double-nationalité, il se peut que vous puissiez en disposer vous aussi, mais là aussi, cela variera d’un pays à l’autre.

    En espérant que tout cela vous a un peu mieux aidé à comprendre et je terminerai en reprenant ceci : n’oubliez pas que ce n’est pas en ayant la double nationalité que l’on devient multiculturel, mais bien parce que l’on est multiculturel que l’on peut souhaiter avoir une double nationalité.

    La double nationalité est au final quelque chose d’à la fois très personnel et dépendant des lois d’un ou plusieurs pays, mais surtout la double nationalité de quelqu’un n’a aucune influence sur la mono nationalité d’un autre, et vouloir instrumentaliser la chose comme certains le font (suivez mon regard) ne sert qu’à créer des problèmes là où il n’y a pas de raison qu’il y en ait, à créer des boucs émissaires et à monter les gens les uns contre les autres (pour ensuite profiter de ces inimitiés créées de toutes pièces et tant pis si cela provoque des drames ou pire).

     

     

  • Astérix à Paris

    Astérix à Paris

     

    Aujourd’hui, petite rétrospective.

    En 2009, pour les 50 ans d’Astérix, diverses installations assez sympathiques furent disposées ici ou là dans Paris.

    Je viens de retrouver dans mes archives les photos que j’avais prises pour l’occasion. Une bonne occasion pour les partager avec vous plutôt que de les laisser moisir sur mon disque dur.

     

     

    Souvenir Armorique - Place de la Concorde - Menhir

    Un menhir d’Obélix installé à côté de l’Obélisque de la Place de la Concorde.

     

    Souvenir Egypte - Place de la Concorde

    Et l’Obélisque, elle-même, un peu relookée pour l’occasion.

     

    Place de la Concorde - Obelisque et Menhir

    Avec la Tour Eiffel en guest star.

     

    Obelisque et Menhir - Place de la Concorde

     

    Menhir et Obelisque - Place de la Concorde

     

    Phylacteres - Place Hotel de Ville - Paris

    La Place de l’Hôtel de Ville était envahie de divers phylactères.

     

    Epave de bateau-pirate - Champ de Mars

    Dans un bassin du Champ de Mars, les restes d’un bateau de pirates

     

    Les Gau les Gaugau - Champ de Mars

    Avec quelques citations célèbres dans le ciel toujours bleu de la capitale.

     

    Legionnaires Romains - St-Germain-des-Pres

    Sur la Place de Saint-Germain-des-Prés,
    des légionnaires romains en formation de la tortue qui sont sur la défensive et n’en mènent pas large.

     

    Casques Romains - Place Louis Lépine - Paris

    Mais on les comprend quand on devine ce qui est arrivé à leurs collègues en poste sur la Place Louis Lépine.

     

    Casques Romains

     

    Assurancetourix - Opera Garnier

    La harpe d’Assurancetourix, suspendue très haut devant l’Opéra Garnier
    (très certainement pour être sûr qu’il n’arrive pas à l’attraper)

     

    En bonus, deux photos prises dans la Rue René Goscinny dans le 13e arrondissement. Je crois ne pas me tromper en disant que ces décorations-là sont permanentes.

     

    Plaque de Rue René Goscinny - Paris

     

    Ils sont fous ces Romains - rue Rene Goscinny - Paris

     

     

     

  • R.I.P. Moebius

    R.I.P. Moebius

     

     

    Bien que j’ai abandonné l’idée de savoir bien dessiner un jour il y a environ 20 ans, Moebius a quand même toujours eu une grande influence dans ma vie pour tout un tas de raison. Il y a même un peu de lui quelque part au fond du Swamp.

    🙁

     

     

     

  • Manara est un sacré coquin…

    Manara est un sacré coquin…

     

    Oui bon, avec ce titre, je ne vous apprends rien… C’est pas avec de la pudibonderie que Milo Manara s’est rendu célèbre.

    Mais récemment, je suis tombé sur une de ses dernières œuvres en date, et dedans, il surprend.

    Je m’explique.

    Cette œuvre-là s’appelle X-Women (X-Men: Ragazze in Fuga en italien, puisqu’apparemment il aurait été originellement publié en Italie, pas aux États-Unis)…

    Oui, vous avez bien compris, il s’agit d’un one-shot co-publié par Marvel & Panini ! Il fut réalisé en collaboration avec Chris Claremont

    Au début j’étais assez hésitant à l’acheter : les meilleures années de Claremont sont loin derrière lui, il y avait de grandes chances de perdre mon temps à la lecture de la chose, et le seul intérêt de ce bouquin – si intérêt il y avait – serait de voir Manara dessiner les X-Men pour voir ce qu’il allait en faire.

    La curiosité fut la plus forte, il me fallut absolument savoir.

    La première chose à noter, comme le titre l’indique, c’est que tous les mâles de notre groupe de super héros préférés ont été évacués de cette histoire avant même la première planche.

    Oh la la, les femmes des X-Men entre elles ? Dessinées par Manara? Marvel se mettrait donc à la BD érotique, juste quand ils viennent d’être rachetés par Disney ?!?

    Bien sûr que non. Même si Marvel a viré le Comic Code Authority il y a plusieurs années, c’est pas demain qu’on y verra du sexe ni même de la nudité. Marvel, ça reste (et restera toujours ?) de la BD mainstream américaine quand même.

    Et c’est là que je dis que Manara est un coquin, car malgré ce carcan très limitant pour lui, son esprit est bel et bien omniprésent dans l’ouvrage. Comment fait-il donc, à ne pas pouvoir déshabiller nos héroïnes préférées, encore moins leur faire avoir des relations charnelles ? Eh bien, il fait comme à chaque fois qu’un artiste est confronté à une censure : il suggère, il contourne et il laisse notre imagination faire le reste.

    Le résultat est aussi amusant qu’étonnant puisque nous nous retrouvons donc avec toute une séries de planches faisant penser à un avant-goût de ce qu’il va se passer, des préliminaires quoi, mais cela ne va jamais plus loin, sauf dans l’esprit du lecteur, un sacré petit cochon lui aussi.

    Quelques exemples :

     

    Manara X-Women

     

    Manara X-Women

     

    Manara X-Women

     

    Manara X-Women
    Oui, oui, vous voyez bien ce que vous croyez voir dans la case de gauche.

     

    Manara X-Women
    No comment…

     

    Manara X-Women

     

    Manara X-Women
    Étrangement, Kitty « Shadowcat » Pryde dessinée par Manara me fait penser à la serveuse d’un pub que je fréquentais dans le temps. Je pense qu’il s’agit d’une coïncidence. 😉

     

    Manara X-Women

     

    Notez que Psylocke est censée être asiatique depuis un sacré moment chez Marvel (une sombre histoire compliquée de transfert d’esprit d’un corps à l’autre) et pourtant c’est la première fois que je vois un dessinateur la dessiner réellement asiatique.

     

    Manara X-Women

     

    Manara X-Women

     

    Voila. En espérant que ni Marvel, ni Panini ne me fasse de procès s’ils tombent sur ça.