• Les Gilets Jaunes

     

     

    Bon, blague (un peu nulle) à part, je suis vraiment bien embêté avec cette histoire. Si j’en crois les internets, la France est aujourd’hui prise d’assaut par des gens portant des gilets jaunes et tous mes concitoyens semblent avoir un avis très arrêté sur la question. Tous sauf moi. C’est peut-être la distance, je sais pas, mais un ou plusieurs trucs m’échappent. Et quand je lis les avis des pour et des contre sur les médias sociaux, je suis encore plus embêté parce que je me retrouve d’accord avec les deux.

    Essayons d’y voir plus clair :

    • Bon déjà, un truc comme ça (terme, symbole, expression) qui sort de nulle part et qui est soudain sur tous les lèvres, ça me rend de base suspicieux de truc foireux avec manipulation à la clé, comme je vous ai déjà raconté.
    • Mais ce serait une révolte du peuple contre Macron et le fait qu’il faudrait qu’il arrête quand même un peu de se foutre de la gueule des gens, et de piquer leur pognon comme l’anti-Robin des Bois qu’il est.
    • Oui, mais il parait que ce serait organisé par la Droite, voire l’Extrême-Droite.
    • Oui, mais « même une montre cassée donne l’heure exacte deux fois par jour. »
    • Oui, mais une des revendications principales c’est de gueuler contre la montée du prix de l’essence et en ces temps où il faudrait arrêter d’utiliser de l’essence tout court si on veut que nos enfants et petits-enfants héritent d’un monde vaguement viable, ça le fait pas trop.
    • Oui, mais le gouvernement ne fait nullement monter le prix de l’essence dans un but écologique.
    • Oui, mais je sais pas, elle sent bizarre cette manif.
    • Oui, mais je vois aussi pas mal de mépris de classe de la part des anti.
    • Oui, mais il y a qu’à voir comment les médias de type BFMTV ou même la police ont une attitude très positive envers la chose, contrairement aux manifs habituelles (et donc de Gauche).
    • Oui, mais qui sait, ça pourrait évoluer vers un truc de plus grand ampleur.
    • etc.

    Bref, je ne sais pas trop si je dois être pour ou contre, mais je vois de plus en plus d’esprits s’échauffer sur le net (et il parait que c’est pas mieux sur le terrain), et au final, je me dis qu’une fois de plus, c’est pas ça qui va unir les Français et les pousser à sinon s’aimer, au moins se respecter un peu plus les uns les autres. Il s’agit ici d’un pays où les divisions sont de plus en plus profondes, et le peuple n’attend presque qu’une excuse pour s’entre-déchirer.

    Et ces divisions, vous savez à qui ça profite, n’est-ce-pas ?


  • L’Affaire Benalla (Première partie ?)

     

    Tiens, ça m’inspire cette histoire :

     

    Macron et Benalla discutent le premier mai

     

    Macron et Benalla discutent le premier mai

     

    Benalla place du Tertre

     

     

    Guillaume Castaner parle de Benalla

     

    Gérard Collomb ne connaît pas Benalla

     

     

     À suivre…

     

    Par contre, pas sûr d’avoir le temps ou l’inspiration pour une deuxième partie… On verra ce qu’il se passera… Mais je n’ai pas beaucoup d’espoirs, un ou deux fusibles vont sauter, et tout continuera comme avant.

    J’espère juste que quelques Macron-fans qui ont encore un peu trop de paillettes dans les yeux se réveilleront, mais c’est à peu près la seule chose que j’espère de cette histoire.

     


  • Emmanuel Macron, fin prêt pour Versailles

     

    Emmanuel Macron, fin prêt pour Versailles

    « Allons-y Édouard, notre calèche nous attend ! »

     

     


  • De l’Évolution des Personnages Principaux de la Nouvelle Trilogie de Star Wars, en particulier dans l’Épisode 8 – The Last Jedi

    Oui, je sais, c’est un titre pompeux. Shoot me.

    Donc, j’ai beaucoup aimé l’épisode VIII de Star Wars, traduit par un drôle de pluriel en français « Les Derniers Jedi. » Pluriel qui sort de je ne sais où puisque Rian Johnson, le scénariste et réalisateur, a confirmé qu’il s’agissait bien d’un singulier, et que ce Dernier Jedi était bien Luke Skywalker, vous savez, celui qui faisait son retour dans l’épisode VI. Pour cette raison (et comme c’est mon habitude de toutes façons) je me cantonnerai donc au titre original, n’en déplaise aux anglophobes. Et puis sérieusement, à votre âge et à notre époque, vous allez encore voir des films doublés ? Non, mais ça va pas ?

    Bon, assez de blabla, et venons-en aux faits.

    Donc j’ai beaucoup aimé ce film qui pourtant divise le public… Je me demande même s’il serait pas en train de devenir mon film préféré dans la série (je suis allé le voir une deuxième fois hier soir, et le voir à tête reposée, sans être affecté par toutes les surprises qu’il contient, m’a fit l’aimer encore plus. D’ailleurs, même si vous l’avez pas aimé je vous conseille d’aller le revoir, pour les mêmes raisons. Au moins, si vous ne l’aimez toujours pas au deuxième visionnage, vous saurez que ce ne sera pas pour de très mauvaises raisons (cela sera quand même peut-être pour de mauvaises raisons).

    Arf, je digresse encore.

     

     

    Plus je pense au film – et j’y pense beaucoup ces jours-ci – plus j’y trouve des choses intéressantes. On est vraiment loin de l’entertainment pur avec ce film.

    Bref, ce post va bien sûr contenir d’énormes spoilers, cela va sans dire. Il en contient aussi certains provenant des autres films, mais si vous n’avez pas encore vus ces derniers, je présuppose que vous vous en fichez un peu en fait.

    J’aurais pu faire une critique du film, mais en fait non. Je vais plutôt faire une série de posts traitant de différents aspects du film. Je ne sais pas combien de posts contiendra cette série, tout dépendra du temps que j’aurai à y consacrer, si ça se trouve, ce sera le seul.

    Aujourd’hui, je vais donc vous parler – comme le titre pompeux l’indique – de :

    L’évolution des personnages principaux de la nouvelle trilogie de Star Wars, en particulier dans l’Épisode 8 – The Last Jedi.

     

    Tout a commencé hier soir quand une amie d’ami a dit beaucoup aimer le film, mais trouver que les personnages n’évoluaient pas beaucoup contrairement à The Force Awakens. Ça m’a beaucoup surpris et donc j’ai essayé de voir comment les personnages principaux évoluaient – ou pas – dans les deux films.

    A mon vis dans The Force Awakens, les personnages n’évoluent que peu ou pas. C’est normal, en fait, puisqu’il y est question de réveiller un univers endormi, d’introduire ses nouveaux héros et de réintroduire les anciens.

    Voyons dans le détail :

    Rey

    Elle évolue certes un peu. Elle suit un poil le parcours initiatique « de base » du héros (d’où la ressemblance avec le Luke de l’épisode IV – JJ Abrams n’a pas pompé sur Lucas, tous deux suivent le même schéma narratif de tous les mythes ou presque – damned, j’étais sûr d’avoir écrit un long truc là-dessus il y a deux ans et je ne le retrouve. Lisez donc ceci à la place, tiens) : elle part de rien, et commence un trajet vers quelque chose. On la sent promise à une grande destinée, mais laquelle ? A la fin du film, elle a fait ses « first steps into a larger world » mais ce qui l’intéresse surtout c’est la quête de son identité, et là, elle n’a pas vraiment avancé. Pire, elle avait trouvé un père adoptif en Han Solo, et elle le perd presque aussitôt.

     

    Finn

    Un déserteur qui veut partir loin, très loin, se faire oublier, mais qui reste uniquement parce qu’il se sent attaché à Rey, la première personne l’ayant jamais traité comme un être humain. Certes, quand il fait face à Kylo Ren avec le sabre-laser de Luke, il fait un pas décisif vers l’héroïsme, mais ce n’est qu’un premier pas, pas encore suffisant : quand il se réveille au début de Last Jedi la première chose dont il s’enquiert auprès de Poe, c’est de savoir où est Rey, il n’a que faire de la situation « géopolitique. »

     

    Poe Dameron

    « The best freaking pilot of the Galaxy. » Il a un droid qui vole la vedette partout où il passe. C’est à peu près tout. Il faut bien l’avouer, dans cet épisode VII, il est quand même un personnage très mineur.

     

     

    Kylo Ren

    Lui, il évolue pas mal. Le fils de deux héros, tombé du côté obscur, lutte tout le film contre la tentation du Côté Clair. Il n’en finit pas de faire sa crise d’adolescence à cause de ça. Il résiste finalement à la tentation en tuant le père, littéralement.

    Et les anciens héros ? Ils ont tous régressé d’une façon où d’une autre.

    Tous les trois finissent Return of the Jedi héros de la République, super stars de la Galaxie ou presque. Qu’en est-il 30 ans plus tard ?

    Han Solo

    Il est redevenu contrebandier minable. Pire, il a perdu le vaisseau qui faisait sa fierté et je pense une partie de sa réputation. Certes, il redevient un héros une dernière fois, mais il y perd la vie des mains de son propre fils.

    Leia

    30 ans après, on s’attendrait qu’elle soit au moins au gouvernement, voire qu’elle ait succédé à Mon Mothma à la tête de la République. Non. A la place, elle dirige un groupe de survivalistes nostalgiques de la guerre civile du fond d’une grotte sombre et humide. Oui, je sais, je force un peu le trait, mais vous voyez ce que je veux dire. Il y a aussi la blessure indélébile de la perte de son fils.

    Luke

    Une légende vivante, le premier Jedi de la nouvelle génération, qui a fait s’effondrer l’Empire, presque à lui tout seul. Il est devenu le dernier Jedi. Un ermite coupé du monde, non pas comme Obi-Wan ou Yoda qui eux protégeaient quelque chose, avaient une mission. Non, juste un homme brisé, misanthrope, ayant échoué et attendant juste la mort.

     

    Et que leur arrive-t-il à ces gens-là dans The Last Jedi?

    Rey

    Elle se cherche longtemps, mais finalement se trouve. Elle sait enfin qui elle était (personne) et surtout elle sait qui elle veut devenir. Elle ne sombrera pas du Côté Obscur, sauvera ce qu’il reste de la Résistance et devient le premier « Neo-Jedi » (j’essaierai de parler dans un futur post de ce qu’elle devient exactement).

     

     

    Finn

    On le retrouve au début du film là où on l’avait laissé. Il ne s’intéresse qu’à Rey et quand les choses commencent à vraiment sentir le roussi, il essaie de faire ce qu’il voulait déjà faire dans l’épisode précédent : partir loin, très loin, tant pis pour les autres. Mais la culpabilité et la rencontre d’une autre personne (Rose, que je soupçonne devenir importante dans l’épisode IX) lui font donner un dernier coup de main en attendant de retrouver Rey et/ou de pouvoir se casser pour de bon. Mais en chemin, il découvre ce à quoi ressemblent les mondes qui ne sont pas en guerre, là où il voudrait bien disparaître. Et il découvre le monde des profiteurs de guerre, qui font leur fortune et fondent leur style de vie sur l’exploitation d’autrui, que ce soit ceux se battant dans la guerre, ou les pauvres et les faibles. Il rencontre aussi le personnage de DJ qui se contrefiche du sort de la Galaxie et ne s’intéresse qu’à sa pomme. Il est celui que Han Solo serait devenu s’il n’avait pas culpabilisé après avoir quitté Yavin et fait faire demi-tour au Millenium Falcon à l’approche de l’Étoile de la Mort. Il est celui que Finn deviendra s’il abandonne la Résistance : un opportuniste, profiteur. Le message est simple et clair : quand il y a oppression, celui qui veut rester en dehors de tout ça est forcément plus ou moins directement du côté de l’oppresseur. Bien aidé par ces révélations, Finn aussi, tout comme Kylo Ren, met fin à son conflit interne en tuant le père (figurativement cette fois-ci : son « père » étant Phasma), et devient enfin un vrai héros quand il se sacrifie pour sauver la Résistance. Il ne survit uniquement parce que Rose lui sauve la vie. Elle était déjà son catalyseur, son « moral compass » sans elle, qui sait quelle voie il aurait choisi de suivre au final. Elle pourrait bien devenir celui de toute la Résistance. Nous verrons…

     

     

    Poe Dameron

    Une tête brûlée n’en faisant qu’à sa tête, il se fiche du nombre d’œufs à casser tant qu’il y aura une omelette. Il en arrive au point de se mutiner quand ses supérieurs décident de suivre une autre voie que la sienne. Mais ses échecs et le sacrifice des autres lui font enfin ouvrir les yeux et il termine le film en citant la phrase du supérieur contre qui il s’est mutiné. Ils sont « the spark, that will light the fire that will burn the First Order down. » A la fin du film, il a compris qu’il faut abandonner la gratification instantanée et mener par l’exemple, devenir un modèle pour les autres. Il est enfin prêt à devenir l’un des leaders de la Résistance, au moment où elle en a le plus besoin.

     

    Kylo Ren

    Il pensait que tuer son père l’aiderait à complètement basculer du côté obscur, mais en fait ce patricide le hante presque au point de le pousser à chercher la rédemption. Mais il résiste, tue son nouveau « père » ce qui cimente enfin son basculement vers le Côté Obscur. Il arrive même à sortir de l’ombre de son idole, Darth Vader. La destruction du masque est intéressante. Certes il le fait sur ordre de Snoke, mais c’est la colère engendrée par cet ordre qui lui donne l’énergie et la volonté de s’affranchir de son idole (Vader) et de mentor (Snoke). En conséquence, il réussit là où Vader avait échoué : il est maintenant à la tête du Premier Ordre et il s’apprête à régner sur la Galaxie.

     

     

    Leia

    Elle n’évolue certes pas beaucoup, mais elle n’a plus à le faire. Au contraire, la destruction de la République fait d’elle, le nouveau leader des « gentils ». Elle est maintenant le roc qui maintient ensemble ce qu’il reste de la résistance. Une allégorie vivante des valeurs pour lesquelles il faut se battre. Une évolution à ce stade-là serait contre-productive.
    D’ailleurs, je suis content que son histoire n’ait pas été changée à cause de la mort de Carrie Fisher. On ne pouvait pas lui rendre plus bel hommage que cette fin.
    (Quid de l’épisode IX? J’imagine que Leia sera morte dans son lit et devenue le symbole de ce pour quoi l’on se bat. Honnêtement, c’est la meilleure fin possible pour Leia, celle qui aurait été « logique » même si Carrie était toujours de ce monde. Notez aussi que hier était le premier anniversaire de sa disparition, c’est un peu aussi pour cela que j’ai choisi ce jour pour aller la revoir au cinéma. Instant touchant, une jeune femme s’était déguisée en Princesse Leia dans le cinéma).

     

     

    Terminons par

    Luke

    Comme je disais quelques paragraphes plus haut, il est un homme brisé. Il a échoué, il ne s’en remet pas. Il s’est fermé à la Force. Mais sa rencontre avec Rey lui fait réaliser (avec l’aide de Yoda) qu’il est temps de certes faire table rase du passé, mais aussi utiliser tous ces échecs (celui des Jedi 50 ans plus tôt, et les siens ensuite) comme des leçons pour le futur. Il ne sert à rien de vouloir reconstituer le passé, que ce soit un nouvel ordre Jedi, une nouvelle république, des nouveaux films suivant les recettes des anciens (oups, je digresse, ce sera aussi pour un autre post espérons-le), mais il faut l’utiliser pour en tirer les leçons nécessaires qui permettront de fonder le futur. A partir de ce moment, Luke peut évoluer une dernière fois, une espèce d’évolution alternative et très intéressante. Quand il « arrive » sur Crait, il est différent . Bien rasé, bien coiffé, il paraît plus jeune. Son vêtement est une synthèse de celui qu’il porte sur Ahch-To et de celui qu’il portait dans Return of the Jedi. Il devient enfin – en ayant accepté ses échecs et les dépassant – le maître Jedi qui aurait peut-être dû être si Ben Solo n’avait pas été séduit par le Côté Obscur. Par son sacrifice, il sauve la Résistance, et peut rejoindre totalement la Force et avec elle et ses anciens maîtres, finalement en paix avec lui-même et avec la Force.

     

    Voila, c’est tout pour aujourd’hui. Plus tard, autre chose. Ou pas…

     

    (credits : il va sans dire que les photos appartiennent à Lucasfilm et que je ne les utilise que pour illustrer mon article).

     


  • Le Mystère de l’Écriture Inclusive

     

    Donc, depuis que j’entends parler de l’écriture inclusive… (je veux dire : ces temps-ci dans les médias en France, sous cette appellation précise – sinon je suis familier avec le concept depuis une bonne vingtaine d’annéesvoire plus, bref depuis que j’ai commencé à m’approcher du bilinguisme en anglais)…. Depuis que j’entends parler de l’écriture inclusive, disais-je donc, la chose m’intrigue. Pas tant la chose en elle-même (j’ai une opinion assez mouvante sur la chose en fait, à la base, je n’ai rien contre le concept tant qu’il est utilisé intelligemment, mais le résultat actuel, avec cett.e nouv.eau.elle mani.e de mettr.e des point.s partout me sort vraiment par les trous de nez et me donne envie de mettre des claques à des gens)…

    Non, ce qui m’intrigue, c’est le fait que ce soit devenu si soudainement un fait de société qui a pris une telle ampleur qu’il est débattu jusque dans les plus hautes strates du gouvernement.

    Je veux dire, la France est assez spécialiste de ce phénomène : un truc qui existe depuis des décennies, mais qui est relativement inconnu ou périphérique se retrouve soudain sous les projecteurs des médias ; un effet boule de neige apparaît (un média en parle, l’autre ne veut pas être en reste, ni le troisième, ni le quatrième, ni votre voisin, ni sa belle-mère, ni le premier ministre) et soudain le terme est sur toutes les langues. La chose fait toujours grand débat, la plupart des gens a une opinion bien tranchée sur la chose, surtout ceux qui n’en comprennent que peu les tenants et les aboutissants. Et on en discute, débat, s’engueule jusqu’à plus soif, et jusqu’au prochain sujet subissant le même sort et permettant d’oublier jusqu’à l’existence du sujet précédent.

    Bref, rien de nouveau sous le soleil, mais là, je sais pas, ça m’intrigue un peu plus que d’habitude… Peut-être parce que la linguistique est un sujet qui m’intéresse plus que d’autres, je ne sais pas… Il doit y avoir de ça. En gros, je me demandais qui était l’imbécil.e qui avait eu l’idé.e de cette nouve.au.elle graphi.e imbitable. Mais pas seulement… Le terme lui-même « écriture inclusive » m’intrigue en fait.

    Peut-être parce que je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec un autre débat similaire d’il y a peu. Celui sur la théorie du genre. Je m’explique.
    Le terme « théorie du genre » (traduction française de gender theory) est une expression assez courante dans les sciences humaines et autres cercles plus ou moins universitaires. Bref, il s’agissait d’une forme de jargon bien connu d’un certain nombre, mais inconnu du grand public qui s’est soudain retrouvé propulsé sur le devant de la scène et dans le langage courant avec les conséquences que l’on connaît quand les gens commencent à s’emparer du terme sans en maîtriser le concept.

    Mais ici, ce terme d’écriture inclusive a une origine différente. Voyez-vous le terme jargonneux décrivant la chose, c’est langage épicène pas écriture inclusive.

    Au début je pensais naïvement que cette histoire avait pour source des linguistes féministes. Ça semble évident. Mais si cela avait été le cas, n’auraient-ils pas choisi le terme correct et reconnu par le champ d’études en question ? Peut-être étaient-ils plus féministes que linguistes ? Et l’exactitude de l’appellation ne les intéressait que peu pour une raison ou une autre. Oui, il y a de ça aussi, ce point en milieu de mot qui me donne de l’urticaire, je vois mal un linguiste digne de ce nom préconiser la chose, même au nom de l’égalité des sexes.

    C’est le truc qui m’interpelle le plus dans cette « écriture inclusive », toute la chose est vraiment très bancale d’un point de vue linguistique. Et d’ailleurs, pourquoi n’est-il question que d’écriture ? Pourquoi pas « langage inclusif » ? Car, au-delà de la stupidité d’insérer de la ponctuation au milieu des mots, le plus gros problème de cette écriture inclusive, c’est qu’elle est illisible, dans le sens que la plupart des termes et adjectifs écrits selon ses « règles » ne peuvent tout simplement pas être lus à haute voix. Elle accentue encore plus la distance entre la langue écrite et la langue parlée, comme si le français avait besoin de ça. On peut aussi mentionner le fait que ne pas sembler savoir que le genre grammatical n’a pas de lien avec le genre extra-linguistique va décrédibiliser votre discours auprès de ceux qui y connaissent un peu quelque chose. Il y a toutes sortes d’autres problèmes, d’autres en ont parlé ici ou là : j’aime beaucoup l’avis de l’Odieux Connard sur la chose, il y en a d’autres… Je posterai les liens sur ma page Facebook et mon compte Twitter si ça vous intéresse.

     

    Bref, de plus en plus intrigué, j’ai décidé qu’il était temps de remonter aux sources de la chose et j’ai essayé de savoir d’où provient cette fameuse écriture inclusive. Je précise bien, celle dont tout le monde parle aujourd’hui, car des langages épicènes, il n’y en a pas qu’un, et il existe de nombreuses façons plus ou moins bienvenues de créer une langue plus neutre, contrairement à ce que les médias et d’autres laissent parfois sous-entendre. Ces points moches ne sont pas la seule façon, loin de là… Mais c’est probablement une des pires.

    Et sauf erreur de ma part, la source de tout cela semblerait être un certain Manuel d’Écriture Inclusive, disponible en téléchargement ici ou là. Mais – et c’est là que les choses commencent à devenir bizarre – difficile de lui trouver un ou des auteurs explicites à ce manuel. Par contre ce qui n’est pas difficile à trouver, c’est le fait que ce manuel soit issu d’une agence nommée Mots-Clés. Une agence de linguistes ? Pas sûr qu’une telle chose existe. Une agence de féministes ? Mouais, non plus… Non, non, une agence de communication. Vous savez, ce qu’on appelle familièrement une boîte de com’

    Oui, c’est donc une boîte de com’ qui est derrière tout ça !

    Perso, chapeau, ils ont super bien fait leur boulot et la concurrence doit être très jalouse, vu comment on ne parle plus que de leur slogan ces jours-ci. Car il faut se rendre à l’évidence, ce terme écriture inclusive c’est un slogan, et effectivement, c’est carrément plus vendeur que langage épicène (pas très porteur comme appellation, limite un peu anxiogène le truc, ça renvoie à l’éducation, l’intelligence, la réflexion, les gens ne veulent pas de ça de nos jours).

    Bon, une partie du mystère est éclaircie, mais il en reste encore quelques pans à essayer de dévoiler. Une agence de com’ ça vend des trucs, des gens, quelque chose.
    Là, ils essaient de vendre quoi exactement ? Plus d’égalité entre les hommes et les femmes ? Ce serait beau, mais ne soyons pas trop naïfs quand même, il y a pas trop de bénéf à tirer de la chose. Il y a pas trop de pognon à se faire non plus. Donc, ça doit être autre chose, mais quoi ?

    C’est là, que je me penche sur l’identité du directeur de cette agence, seul nom à apparaître sur le site « officiel » de l’écriture inclusive (ouais, elle a même un site, je ne mets pas de lien ici, mais une recherche google vous le dénichera tout de suite). En fait, il n’est pas impossible qu’il soit le seul et unique auteur de ce Manuel d’Écriture Inclusive. Il s’agit d’un certain Raphaël Haddad.

    À noter qu’il est très intéressant comment le nom n’est jamais mis en avant nulle part, mais qu’il n’est pas caché non plus. En général, c’est tout l’un ou tout l’autre.

    Et ce nom ne m’était pas totalement inconnu, mais je n’arrivais pas non plus à trop cerner de qui il s’agissait.

    Une autre recherche Google m’en apprendra un peu plus sur lui (sans être une célébrité, son nom apparaît beaucoup en signatures de pas mal d’articles de journaux de type Libé ou Huffington Post (que l’on peut qualifier de centre-gauche ? D’ex-gauche ? De fausse-gauche oligarchique ?).

    Un résultat en particulier me fait lever le sourcil. Il est collaborateur régulier de la revue La Règle du Jeu !

    Si vous ne connaissez pas (vous avez de la chance), sachez qu’il s’agit de la revue de notre cher et irremplaçable Bernard-Henri Levy

    Et là, je commence à me demander, vu comment ça prend de l’ampleur dans les médias, et même et surtout du côté du gouvernement, cette histoire d’écriture inclusive… Ce monsieur Haddad ne se serait-il pas inspiré de son illustre maître à « penser » et ne serait-il pas en train d’essayer de marcher dans ses pas ? Cette opération de com’ – car ça en est une – ne servirait-elle tout simplement pas à permettre à Raphaël Haddad de gagner ses entrées dans les divers cabinets, salons ou je ne sais quoi dans le but de, par exemple, devenir l’ami et l’infuenceur des puissants, comme peuvent l’être l’entarté le plus célèbre de France ou bien un Jacques Attali moins médiatique, mais peut-être bien plus puissant ?

    Beaucoup de suppositions ici, je le reconnais, mais quand on pense que quelque chose ne tourne pas rond et qu’on trouve quelque chose de potentiellement douteux derrière… Hmmm…
    Honnêtement, je n’aime pas du tout devoir en rester au stade des suppositions, j’ai l’impression de parler comme un conspirationniste… Et ce n’est aucunement mon intention. J’aimerais pouvoir aller au fond de la chose, mais mon « enquête » (peut-on appeler ça une enquête ? un peu de lecture et deux recherches google ?) devra pour l’instant s’arrêter là.

    Mais je vais quand même continuer à suivre cette histoire du coin de l’œil pour voir où elle mène si elle mène quelque part. Et surtout voir où elle mène ce M. Haddad aussi… Vous étonnez pas si dans les mois à venir, il commence à devenir de plus en plus médiatique et célèbre.

    Bon, j’ai été assez long comme ça, je vais vous laisser avec un slogan qu’il semble aimer répéter (sur son site, sur Twitter, etc.) :

    Le discours n’est pas un instrument de l’influence ; c’est le lieu de l’influence. »

    Il n’a pas tort, loin de là, mais mis en parallèle avec cette histoire d’écriture inclusive, j’y trouve des connotations peu ragoutantes.

     

     

     



  • Meanwhile, in the White House…

    Today, for the first time on this blog, a post in English.

    Share it if you like it (or if you hate it, either way, share it):

     

    Donald Trump in Lego form, basically tells the world to go screw itself. Then, he reports to his true master, Steve Bannon, who in turn, reports to his true master, Death.


  • Bon, et maintenant, on fait quoi (ce dimanche) ?

    Le 23 avril dernier, 8 656 346 personnes ont élu Macron président de la République Française.

    Oui, je sais, il y a eu un second tour, mais soyons sérieux deux minutes, la messe fut dite le soir du 23 avril.

    8,7 millions sur 47,6 millions c’est pas beaucoup.
    En fait, ça fait presque 39 millions de personnes qui n’en voulaient pas de Macron.
    8,7 millions face à 39 millions.
    Et pourtant, il a gagné.
    Je vous laisse pondérer la chose quelques minutes.

    Mais le fait est qu’aujourd’hui, il est président, on y peut plus rien.

    Par contre, dans quelques jours, voyez-vous, il y a une élection tout aussi importante que la présidentielle.

    Je serai même tenté de dire plus importante encore.

    J’ai l’impression que les gens l’oublient parfois, mais ce n’est pas le président qui passe les lois, mais l’Assemblée Nationale. Le président ne choisit pas le premier ministre comme bon lui semble, mais il le choisit (et par extension le reste du gouvernement) en fonction de la nature de la majorité à l’Assemblée Nationale.

    Je sais bien qu’en 2002, Chirac a réussi un des coups tordus pour lesquels il était connu avec la mise en place du quinquennat.
    Honnêtement, qu’un président soit en place cinq ou sept ans, ça n’a pas grande importance quand on y réfléchit. Par contre, faire coïncider les législatives avec les présidentielles, là, ça change beaucoup de choses.
    Puisqu’en temps normal, quand le peuple vient d’élire un président, il est en général content de son choix (il ne le regrette que plus tard) et il va donc voter en masse pour les députés du même parti que le nouveau président.

    Le résultat, c’est un affaiblissement, à la fois de l’opposition, mais tout simplement de l’Assemblée Nationale.

    Et nous le voyons encore et encore depuis 2002. Aucun président n’a été populaire bien longtemps : Chirac n’aurait certainement pas été réélu si Le Pen ne s’était pas glissé au second tour. En 2007, les gens ont compris assez rapidement qu’ils avaient fait une grosse connerie en votant Sarkozy (comment ne l’ont-ils pas compris avant de voter ?) et en 2012, Hollande n’a jamais été populaire, il était juste moins impopulaire que Sarkozy. Et pourtant, tous les trois ont bénéficié d’une Assemblée Nationale à leur botte pendant tous leurs quinquennat respectifs car celle-ci était issue du lendemain de l’élection présidentielle, et pas d’une autre date.
    Pour comparer, je vous renvoie aux résultats des élections législatives qui ne coïncidaient pas avec une élection présidentielle, tout particulièrement celles de 1997, 1993 et 1986.

    Bref, si on veut affaiblir un président qui ne nous plait pas, si on veut un gouvernement différent, l’occasion ou jamais, ce sont les élections législatives.

    Or, alors que la présidentielle déchaîne les passions, les législatives, j’ai l’impression que tout le monde ou presque s’en fout.
    Oui, non, pas tout le monde en fait.
    Les médias nationaux continuent à manufacturer du consentement encore et toujours. C’est eux (et derrière eux, leurs propriétaires milliardaires) qui ont transformé Macron de petit ministre pas très intéressant à Président de la République. Et depuis début mai, ils ne cessent d’être dithyrambiques d’une façon que ne renierait pas la bonne vieille Pravda de l’Union Soviétique. Sérieusement, quand je lis les unes du Point ou du Nouvel Obs en ce moment, on croirait les titres des journaux d’un état totalitaire. L’autre jour le Point a osé dire que Macron était le nouveau chef du monde libre après avoir trollé Trump.
    Sérieusement…

    Au moins, le peuple soviétique avait la décence de ne pas croire les balivernes que lui racontait sa presse.

    En France, j’ai de plus en plus de doutes. D’abord, parce que c’est la presse qui a fait élire Macron (la presse au sens large, hein, j’y inclus la télé, c’est surtout la télé qui manipule les masses de nos jours). Ensuite, parce que… les Français l’ont élu et tombent dans tous les panneaux même les plus gros :  Macron est nouveau. Macron n’est ni de droite, ni de gauche. Macron va redynamiser la vie politique, la France et le reste.

    Non, Macron n’est pas nouveau. N’oubliez pas qu’il était au gouvernement de Hollande et avant ça dans les cabinets du président. Il est le fils spirituel de Jacques Attali. Si vous détestez tant Hollande, il y a de grandes chances que c’est à cause de quelque chose qui vient de Macron. Il n’est ni de droite, ni de gauche ? Vraiment ? Oui, c’est ce qu’on dit de nos jours. Autrefois, on disait « apolitique. » Je vous renvoie à ce post. Il va rien redynamiser du tout, il va faire tout le bon vouloir de l’oligarchie, a commencer par détruire le droit du travail en France (oui, celui-là même que de nombreux pays nous envient car les travailleurs, des droits, il n’en ont pas beaucoup). Et les Français d’applaudir des deux mains. Pourtant la derrière fois que j’ai regardé, 99% de la population ne faisait pas partie des 1%. Allez comprendre.

    Et le résultat – à moins que les sondages ne soient bidonnés – c’est que EM (En Marche ? Emmanuel Macron ? Bizarre ça, un type qui donne à son parti ses propres initiales) peut gagner jusqu’à 70% des sièges de l’assemblée !!!

    Donc les gens, si vous lisez ça et que vous n’avez pas encore eu le cerveau lavé par le rouleau-compresseur médiatique pro-Macron, vous savez ce qu’il vous reste à faire.
    Ne pensez pas que l’élection législative ne sert à rien, ne croyez pas les commentateurs politiques qui vous sortent des « il faut donner une forte majorité au président » à longueur de journée.

    Ce dimanche, allez voter !
    Limite, je vais même pas vous dire pour qui, de toutes façons la donne est différente dans chaque circonscription. Juste votez, pour autre chose que les sbires de Macron (oui bon, plutôt à gauche qu’à droite votre vote quand même). L’abstention ne fait peut-être pas le jeu du FN, mais pour cette élection-là, elle va clairement faire le jeu d’Emmanuel Macron.

    Un dernier argument ?
    Je sais, on avait dit pas le physique, mais sérieusement, vous trouvez pas qu’il a une tête de tueur en série ? Et vous voudriez qu’il reste à Matignon pour 5 ans ? Sérieux, je le croise dans une rue déserte la nuit, j’ai peur :

     

     


  • Twin Peaks – It Is Happening Again!

     

    Twin Peaks est de retour !

    Comment parler de ce premier (double) épisode de cette nouvelle saison, 25 ans plus tard (oui bon 26, mais 25 c’est mieux), sans spoiler ?

    Essayons.

    Mais tout d’abord, un petit aparté. Nous vivons dans un monde où je m’apprête à vous parler du nouvel épisode de Twin Peaks, alors que nous sommes en train d’attendre impatiemment le prochain épisode de Star Wars. Alors certes, c’est la merde partout, les démocraties se meurent et laissent place à des oligarchies ploutocrates sous les applaudissements du peuple qui en redemande quand il ne rêve pas de fascisme. Les changements climatiques sont en train de bouleverser la planète de façon telle que nos enfants et nos petits-enfants n’auront tout simplement peut-être pas d’avenir. Un fou est à la tête du plus puissant pays du monde… Mais nous vivons dans un monde où Twin Peaks et Star Wars ne font pas partie du passé mais du présent et du futur !
    (on cherche des bonnes nouvelles où l’on peut)

    Donc… Twin Peaks, saison 3, épisodes 1 et 2 (comme je le mentionnais au-dessus, il s’agit d’un double-épisode).

    C’était étrange, bizarre, nostalgique, frustrant, mystérieux, flippant, fascinant, et bien plus encore.

    J’ai tendance à diviser les films de David Lynch en deux catégories. D’un côté, les films très étranges, incompréhensibles, surréalistes, comme Mulholland Drive ou Lost Highway. De l’autre, des films relativement réalistes, où l’étrange se situe plus dans des situations données que dans l’univers lui-même, je pense à Elephant Man ou Une Histoire Vraie.

    Je mettrais le Twin Peaks orignal quelque part entre les deux. Nous nous situons dans un monde réaliste parfois étrange, mais de temps à autres nous plongeons dans le fantastique, l’onirique et le surréel.

    Cette nouvelle saison est pour l’instant beaucoup plus difficile à cerner. En regardant, j’avais totalement la sensation d’être dans un univers onirique et surréaliste, mais a posteriori et à la réflexion, peut-être pas tant que ça en fait. Quoiqu’il en soit, l’oscillation entre étrange (réaliste mais bizarre) et fantastique (surréaliste, onirique) est permanente, et c’est cette oscillation (finalement assez rare dans les films et séries TV) qui rend ce premier épisode si déroutant par moments.

    Pour l’instant, il est assez difficile de comprendre ce qu’il se passe, mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit ici d’un seul et unique film long de 18 heures, pas d’une série TV au sens traditionnel du terme. Donc ces deux premières heures sont tout au plus une introduction.

     

    Pour les lignes suivantes et pour ne pas en rester aux généralités, je vais spoiler un poil, mais pas un mot sur l’histoire, ne vous inquiétez pas.

    Une des choses un peu déroutante et frustrante, c’est qu’au cours de ces deux premières heures, nous sommes dans de nombreux lieux (New York – un peu, Las Vegas – à peine, Dakota du Sud – beaucoup) et finalement très peu à Twin Peaks même. Bien sûr, il s’agit de mettre en place les pièces du puzzle qui finiront par s’emboîter, mais on a parfois l’impression de regarder un nouveau film de David Lynch, certes très bon, mais dont le lien avec Twin Peaks est assez ténu.

    Heureusement, de temps en temps, nous nous retrouvons quand même dans notre petite ville de l’état de Washington préférée, pas plus d’une minute ou deux à chaque fois, toujours pour retrouver des vieilles connaissances et voir comment elles ont changé, ou pas. Car même si tout le monde a 25 ans de plus, finalement les choses n’ont que très peu évolué à Twin Peaks, mais en même temps, c’est normal, c’est le propre des petites villes sans histoire que de ne peu changer.

    Mais ces scènes sont aussi parfois un peu frustrantes car elles ne semblent pas liées à la nouvelle intrigue qui commence à se profiler. Avec une exception notable et émouvante sous la forme d’une conversation téléphonique entre l’adjoint au shérif Hawk et Margaret, la Femme à la Bûche. Émouvante, car Catherine Coulson, l’actrice jouant la femme à la bûche a tourné ses scènes quelques mois, voire semaines, avant de mourir d’un cancer, et c’est certainement aussi le cas de son personnage. Difficile de ne pas avoir l’œil un peu embrumé quand elle dit à Hawk qu’elle est trop faible pour aller avec lui.

    Bref, entre les nouveaux lieux, les nouveaux personnages dont il est pour l’instant difficile de savoir s’ils vont s’avérer primordiaux ou s’ils n’apparaîtront que dans une unique scène, une ville de Twin Peaks à laquelle on a à peine le temps de se réhabituer, l’endroit qui semble le plus normal et le plus familier est… la Loge Noire !!! Peut-être que c’est voulu de la part de Lynch (j’ose croire que oui), mais cela nous met dans une situation assez paradoxale, car le lieu le plus mystérieux et le plus terrifiant – peut-être de toute l’histoire de la télévision à l’époque – devient soudain celui où le spectateur se sent le plus à l’aise lors de ce retour à Twin Peaks.

    N’ayez crainte, mystérieux et terrifiant, le lieu est resté.

    Donc voila, après deux heures, on se retrouve à la fois charmé et frustré, en pleine nostalgie mais aussi face à l’inconnu mystérieux et attirant, qui fait peur aussi. On pressent que les choses vont aller vers le pire avant d’aller vers le mieux.

    Toutefois, et personnellement, je ne me sentais pas totalement « dans » Twin Peaks jusqu’à la toute dernière scène. Il ne s’y passe rien de spécial, rien du tout ou presque en fait, mais c’est la seule où l’on retrouve l’atmosphère de la série qui nous obsède depuis si longtemps. Le « Roadhouse », un concert avec une chanteuse qui pourrait être la fille de Julee Cruise (on m’informe qu’elle s’appelle Ruth Radelet et son groupe les Chromatics), la jeunesse de Twin Peaks remplit le lieu… la jeunesse, et aussi l’ancienne jeunesse, car soudain on retrouve Shelly Johnson attablée avec ses amies qui parlent de tout et de rien, et surtout de mecs, en particulier un mec qui vient d’arriver et qui se dirige vers le bar, tenu par quelqu’un qui semble bien faire partie de la famille Renault. Ce client qui intéresse les femmes est un certain James Hurley.

    À ce moment-là, oui, il n’y a plus de doutes, nous sommes bien de retour à Twin Peaks.

     

    (Oh et je l’annonce ici : je prévois que Michael Cera joue le fils d’Andy et de Lucy! 🙂 )