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  • Pourquoi les résultats des élections américaines prennent-ils autant de temps ?

    Pourquoi les résultats des élections américaines prennent-ils autant de temps ?

    Salut, c’est moi Oncle Gator. Je suis de retour après plusieurs mois d’absence. Je sais, je suis aussi surpris que vous. C’est que pendant que vous avez passé les derniers mois confinés à vous emmerder chez vous après avoir épuisé le catalogue de Netflix, moi, j’ai bossé… Genre 10 fois plus que d’habitude. J’ai limite frôlé le karoshi.

    Mais bon ça se calme un peu ces temps-ci, et je refais un peu surface. (Sinon, ça si vous intéresse, je suis quand même actif sur Twitter, hein)

    Au moment où je tape ces lignes, il semble clair que trois jours après le jour des élections américaines Joe Biden est élu président des États Unis d’Amérique.

    « Trois jours après »…. « Semble »… « C’est même pas officiel »…

    “Mais pourquoi est-ce que ça prend si longtemps ?”

    Entend-je aux quatre coins de l’internet de la part de mes compatriotes habitués à avoir les résultats de leurs élections le dimanche à 20h00 pétantes, voire même avant, en douce, sur les sites internets belges.

    Eh bien je vais essayer de vous expliquer.

    Commençons effectivement par la France, où nous avons toujours les résultats à exactement 20h00.

    Oui… Sauf que non. Ces résultats à 20h00 ne sont jamais officiels. Il ne s’agit toujours que d’estimations. Estimations basées essentiellement sur deux choses.

    Tout d’abord, les bureaux de vote dans la plupart du pays ferment à 18h00. Ça laisse deux heures aux dépouilleurs pour dépouiller. Et je ne sais pas chez vous, mais dans ma ville natale les bureaux de vote sont nombreux, les dépouillements se font assez rapidement. Mais dans les grandes villes ça prend plus de temps, surtout quand les bureaux ferment à 20h00.
    Sauf que ces résultats partiels sont accompagnées de sondages aux sorties des urnes. Et si les sondages du genre “pour qui allez-vous voter ?” ne sont pas toujours fiables, essentiellement parce que les gens mentent ou changent d’avis, les questions du type “pour qui avez-vous voté ?” le sont beaucoup pus. Les gens ont moins de raison de mentir (on regrette rarement son vote quelques minutes à peine après avoir mis son bulletin dans l’urne, ça vient plus tard), et ils ne peuvent plus changer d’avis.

    Les deux décomptes permettent en général d’avoir une idée précise à 20h00 du résultat d’une élection comme l’élection présidentielle. D’ailleurs remarquez que quand nous avons des élections locales, même si l’hyper-centralisme de la France transforme tout scrutin en débat national, même et surtout quand il ne le devrait pas, les résultats prennent parfois plus de temps à arriver. Tout simplement parce qu’une élection nationale est souvent moins serrée qu’une élection locale.

    Et c’est là que se trouve le début de l’explication de la lenteur des résultats américains. L’élection présidentielle américaine est une élection locale.

    Ah oui, tiens, comment elle marche cette élection présidentielle aux États Unis, en fait ?

    Comme j’espère vous le savez déjà depuis le temps (et au moins depuis 2000, sinon depuis 2016), l’élection présidentielle américaine ne se fait pas au suffrage universel direct, mais au suffrage universel indirect. Ce sont vraiment les grand électeurs qui votent vraiment pour le président, pas les gens. Et cette élection, qui n’est bien souvent qu’une formalité, se déroule en décembre.

    Cette élection n’est bien souvent qu’une formalité parce que c’est le vote de début novembre qui détermine qui va choisir ces électeurs dans chaque état. Chaque état dispose d’un nombre prédéterminé d’électeurs. C’est le total du nombre de sénateurs (2 par état) et de représentants (députés en France) dont un état dispose. Je passe aujourd’hui sur le pourquoi de la chose, je vous explique seulement le comment.

    Dans 48 états, c’est la règle du “winner takes all”. Cela veut dire que la marge de victoire d’un candidat dans un état n’a aucune importance. S’il gagne l’état, il gagne tous les électeurs de l’état. Qu’un candidat gagne avec une voix d’avance ou plusieurs millions ne changera rien, il pourra choisir l’identité de la totalité des électeurs de cet état.
    Le Maine et le Nebraska sont les seules exceptions : deux électeurs par état iront au gagnant de l’état mais les autres (deux dans le Maine, trois dans le Nebraska) seront attribués au vainqueur de chaque district de l’état.

    Et comme vous le savez certainement, il faut 270 électeurs pour gagner les élections.

    Dans certains états (à faible population, ou a tendance politique marquée) savoir qui va gagner un état est facile est rapide. Et le vainqueur de l’état peut être annoncé très rapidement, dès que les bureaux de vote sont fermés, avant même d’avoir fait le décompte officiel. Un peu comme en France quoi.

    Toutefois notez que ces annonces n’ont rien d’officielles, c’est de l’ordre du “on en est sûrs, donc on peut le dire.” Mais l’annonce officielle est toujours faite que plusieurs jours plus tard, par le Secrétaire d’État de l’état en question, et une fois que le décompte réel est terminé. Et il prend plusieurs jours à peu près partout, juste, le public et les médias ne s’en préoccupent plus , une fois la victoire décidée.

    Si on est sûrs des résultats d’assez d’états pour qu’un candidat atteigne les 270 grands électeurs, la messe est dite, le perdant concède la défaite, le vainqueur est très content et la phase de transition peut commencer.

    Ce n’est pas toujours le cas, parfois les résultats d’un état sont trop serrés pour annoncer un vainqueur avec un décompte incomplet. Et donc il faut compter assez de votes jusqu’à qu’il devienne mathématiquement impossible pour un candidat de perdre.

    Mais, je répète, la totalité des votes sont comptés dans tous les états. Par exemple, au moment où je tape ces lignes, seulement 66% des votes de Californie ont été comptés, pourtant la victoire de Biden dans cet état a été annoncée à l’instant de la fermeture des bureaux de vote, parce que rien n’a jamais laissé entrevoir une possible victoire de Trump dans l’état, et aucun des résultats partiels n’est allé dans ce sens.

    Comparez par exemple avec le Texas. La victoire républicaine n’est en général qu’une formalité dans cet état, et la victoire du candidat républicain est habituellement déclarée instantanément elle aussi. Mais pas cette année. Cette année il y a eu un doute pendant un moment, et la victoire de Trump au Texas n’a été déclarée qu’au bout de plusieurs heures.

    En effet, cette année, en plus de changements démographiques dans certains états, il y a un nouveau facteur qui entre en jeu :

    Le Covid-19 s’invite aux élections

    Comme vous le savez, cette année n’est pas une année normale. Et je ne parle pas du fait que le président sortant est un fasciste entre autres choses peu ragoûtante. Je parle bien entendu de l’épidémie de Covid-19 qui frappe le pays de plein fouet. À cause de celle-ci, la majorité des Américains ayant un peu de bon sens ont décidé de voter par correspondance. Car voyez-vous c’est possible aux États Unis (pourquoi ça ne l’est pas en France, je ne sais pas, c’est dommage, il y aurait moins d’abstention, mais c’est un autre sujet).

    Dans un certain nombre d’états (vous aurez compris depuis un moment que chaque état organise les élections plus ou moins à sa façon – en suivant les mêmes règles de base, mais avec des particularités dans chaque état – pas d’organisation nationale de la chose) cela n’a pas vraiment eu d’influence sur la chronologie de l’annonce des résultats. Essentiellement parce que les votes sont comptés au fur et à mesure de leur réception, ou tous en même temps, mais avant le jour de l’élection, etc.

    Mais dans d’autres états… au hasard la Pennsylvanie… certains gouvernements locaux (tous Républicains, certainement une coïncidence) ont refusé de compter ces votes à l’avance. Et ce malgré le fait que cette année, parce que le Covid-19, il y a des états où plus de gens ont voté par correspondance qu’en personne !

    Et donc si on commence à compter les votes plus tard, ça va prendre plus de temps. Surtout que compter un vote par correspondance prend plus de temps (il faut vérifier les signatures et autres éléments permettant d’indiquer que le bulletin appartient bien à la bonne personne et ce genre de choses).

    Oh et détail important, l’acte même du dépouillement est très différent aux US et en France.

    En France, on ouvre l’enveloppe, on regarde si le petit bulletin qui est dedans est conforme aux règles, on lit le nom dessus, et hop, un vote de plus pour cette personne. On passe au suivant.

    Au US, on vote en même temps, sur le même bulletin, pour le président, mais aussi pour élire son député, parfois son sénateur, son gouverneur, son shérif, parfois un juge, le maire, et toute une série de référendums. De manière générale, on vote pour plus de choses aux US qu’en France, et surtout on vote pour tout en même temps.
    Donc dépouiller un vote peut prendre pas mal de temps, car il faut en fait décompter un grand nombre de votes pour des choses différentes, tout en vérifiant qu’il n’y a pas d’irrégularités pour chaque vote contenu sur la même feuille de papier.

    Et c’est aussi cela qui donne des résultats partiels fluctuants. Surtout cette année, où il est clair que les gens ayant un peu de bon sens ont voté en masse par correspondance ou, tout simplement en avance (ce qui est aussi possible dans certains états), alors que les autres ont voté le jour même par inconscience ou bêtise (je parle de ceux qui avaient le choix, parfois on ne l’a pas).
    Ce qui donne ce que l’on a vu dans le Wisconsin, Michigan, Pennsylvanie ou Géorgie. Les premières estimations voient Trump en tête (essentiellement les votes en personne du jour), et Biden le dépasse rapidement au fur et à mesure que les autres votes (par correspondance ou en avance) sont comptés.

    En Arizona c’est plus flou parce que le vote par correspondance est chose habituelle et utilisé par les électeurs des deux partis.

    Dans le Nevada, si j’ai bien saisi, ils ne sont pas habitués aux élections serrées, et ils n’ont pas les moyens humains (parce que ça coûte de l’argent et le Nevada n’aime pas les impôts ?) un nombre de votes bien plus important que d’habitude.

    Car oui, n’oublions pas que l’abstention cette année est la plus faible depuis près de 100 ans.

    Une dernière chose

    En fait au moment où je tape ces lignes, la messe est dite. Biden a gagné l’élection.
    Toutefois aucun des grand médias nationaux ne l’annonce directement. Aucun ne déclare sa victoire.
    Et de plus en plus de gens se demandent pourquoi.

    Je n’ai pas la réponse, mais je soupçonne deux choses :
    Les résultats n’étant pas encore totalement irréfutables personne n’ose être le premier à potentiellement dire une grosse connerie qui pourrait avoir un drôle d’impact à cause de la situation particulière dans laquelle nous nous trouvons (un président sortant ayant perdu la raison, refusant d’admettre la défaite et prêt à pousser les franges terroristes de ses supporters à attaquer le processus démocratique). Trump veut lancer des procès sans fondements, les médias n’ont pas envie de dire une connerie qui donnerait un fondement aux  avocats de Trump.
    De plus, j’ai comme l’impression que les grand médias se sont mis d’accord pour attendre que ce soit FOX News qui l’annonce. Pour des raisons liées à la nature du président sortant. Mais ceci n’est qu’une préssupposition de ma part. Mais il est intéressant de voir la réaction des annonceurs de chez FOX en ce moment, et leurs mines déconfites.

     

    tl;dr

    Donc voila en gros…

    Compter tous les votes prend du temps parce que :

    • L’estimation du pourcentage total des votes n’a pas d’importance pour déterminer le gagnant (c’est celui-ci qui permet des résultats rapides en France).
    • Certains états sont très serrés, on ne peut pas estimer un gagnant à l’avance et le nombre de Grands Électeurs attribués dépend de l’identité du gagnant, pas du pourcentage de votes.
    • Les bulletins de vote comportent tout un tas d’élections, pas juste un nom sur un bout de papier comme en France.
    • Cette année, le Covid complique les choses en augmentant considérablement le nombre de votes par correspondance qui prennent plus de temps à être dépouillés pour diverses raisons techniques et légales.
    • L’absention est faible, donc bien plus de votes à décompter pour autant de moyens humains.

    J’ai du oublier deux ou trois détails, mais voila l’explication en gros.

     

    Maintenant vous savez presque tout, et si je puis me permettre un avis personnel, tout cela serait bien plus rapide si les États Unis n’étaient pas gangrénés au point que 70 millions d’électeurs veulent d’un fasciste, raciste, gros porc, stupide et fou comme président.

     

    La carte électorale au 6 novembre au soir (heures américaines)

     

     

  • Le Virus, le Japon et moi (première partie ?)

    Le Virus, le Japon et moi (première partie ?)

    Certains d’entre vous le savent, d’autres non, mais je suis professeur d’université dans une petite ville japonaise.

    Comme cette pandémie nous retourne tous un peu dans tous les sens, je m’étais dit qu’écrire un peu dessus, ça aiderait à faire sens de la situation. Et comme je l’écris dans un journal avec un « smart pen », je me suis aussi dit que pourquoi ne pas le partager ici avec vous, ça vous donnera un peu une idée de ce qu’il se passe au Japon.

     

    Prologue

    Il y a peu, j’étais tombé sur un article conseillant aux gens de tenir un journal, en papier, dans le but de laisser des documents aux futurs historiens. Des documents autres que les documents « officiels » de l’Histoire.

    Cela tombe bien, j’aime bien écrire, et avec un « smart pen », je peux faire d’une pierre deux coups et utiliser ces écrits pour mon blog aussi sans avoir à tout retaper. 🙂

    Et puis c’est le bon moment pour commencer : nous vivons une période historique après tout.

    Donc commençons, nous verrons bien où cela nous mènera.

     

    5 avril 2020

    Je débute ce journal au meilleur et au pire des moments : alors qu’une pandémie est en train de mettre un sacré bordel à peu près partout sur la Terre.

    Et, là tout de suite, je vis soit dans le meilleur soit dans le pire des pays pour faire face à cette crise. Car comme à son habitude, le Japon se distingue du reste du monde.

    Le pays fut l’un des tout premiers touchés par le coronavirus Covid-19, et pourtant, il semble être l’un des pays les moins atteints au moment où j’écris ces lignes.

    Pour mémoire, le premier cas de personne infectée au Japon remonte aux tous premiers jours de l’épidémie, alors qu’elle était à peine une arrière pensée en Occident. Mais alors que ses voisins, la Corée du Sud et Taïwan ont – entre autres choses – testé le plus de monde possible, au Japon les tests sont restés – et restent encore – très limités.

    La gestion officielle de la chose était d’isoler rapidement les personnes infectées et de ne tester que leur entourage direct. Bref contrairement à ses voisins d’abord et au reste du monde ensuite, l’épidémie au Japon semblait très limitée.

    Mais les chiffres très bas ne dupait pas grand monde : le Japon devait accueillir les Jeux Olympiques l’été venu . Tout ce qui a n’importe quelle forme de pouvoir au Japon (politique, économique, médiatique et autres) avait tout misé sur les JO dans l’espoir de rééditer le « miracle » de 1964, ignorant que le monde et les Jeux d’alors ne sont plus les mêmes que ceux d’aujourd’hui.

    Bref tout cela a ralenti toute réaction des autorités face à l’épidémie, il était question de la minimiser bien entendu. Jusqu’à ce qu’ils n’eurent d’autre choix que de se rendent enfin à l’évidence – même si par magie l’épidémie restait faible au Japon, ce n’était plus du tout de ça dont il s’agissait. Le reste du monde était quand même sans dessus dessous ; personne n’allait venir, ni athlètes, ni visiteurs.

    Et « étrangement », une fois les JO, repoussés – j’ai failli dire annulés, je ne serai pas surpris s’ils le sont, la situation sera-t-elle réglée l’an prochain ? – le nombre de personnes touchées par le virus au Japon à commencé à augmenter de plus en plus vite.

    On en est là aujourd’hui.

    Et je vais essayer de faire sens de ce qu’il est en train de se passer – autant pour moi que pour vous .

    Commençons par la réaction des Japonais, en particulier du côté de chez moi – la situation est, je pense, un peu différente dans les grandes villes.

    En février, tout le monde a eu peur, les masques sont apparus sur tout les visages. Les Japonais sont un poil « germophobes » et on pouvait le ressentir un peu partout.

    Mais voila, les Japonais confondent trop souvent l’impression de danger avec le danger réel – ou à l’opposé, mais c’est le même résultat – l’impression de sécurité avec la sécurité réelle.

    Et donc au bout de quelques jours / semaines, une fois le devoir social d’inquiétude accompli, la tension s’est relâchée surtout que – au moins ici et au moins officiellement – le nombre de personnes touchées restait extrêmement bas.

    Maintenant, et depuis quelque temps, la vie quotidienne est pratiquement identique à la vie quotidienne en temps normal. La majorité des gens ne s’inquiète plus.

    Et le gouvernement ?

    Fin février, alors qu’il était de plus en plus critiqué pour sa passivité, le Premier Ministre, Shinzo Abe, a décidé unilatéralement et sans en avertir personne, de faire fermer toutes les écoles pendant environ un mois. Mesure pas vraiment nécessaire à ce moment-là, totalement inutile car non accompagnée d’aucune autre mesure préventive et compliquant grandement la vie des familles dont
    les deux parents travaillent.

    Vous savez le pire ?

    Les écoles maternelles n’étaient pas incluses dans la fermeture (les universités non plus, mais les étudiants étaient en vacances jusqu’en avril à ce moment-là).

    Bref, il ne s’agissait que d’une mesure politique. Pour montrer qu’il ne faisait pas rien.

    Et un mois plus tard ? C’est la rentrée ! La plupart des écoles rouvrent cette semaine. Y compris pour mes enfants , y compris pour moi. Ah, si, dans mon cas la rentrée a été repoussée d’une semaine. Pourquoi ? Allez savoir.

    Si, certainement pour laisser un peu de temps à tout un chacun de se retourner. Et peut-être pour laisser le temps aux étudiants venant de regions plus touchées de se mettre en quarantaine avant la rentrée. Parce qu’apparemment quelque part dans les hautes sphères de l’administration de l’université, des gens pensent que les étudiants vont le faire… d’eux-mêmes…

    La semaine dernière, une de mes collègues est tombée sur un groupe de nos étudiants en médecine fêter leurs retrouvailles dans le parc près de chez elle autour d’un grand barbecue ! Nos étudiants en médecine !

    Et donc, que se passe-t-il dans mon université ? Pour faire face à l’épidémie ? Pour l’empêcher d’arrivée parmi nous (si le virus n’y est pas déjà à l’insu de tous) ?

    Rien !

    Absolument rien…

    Le début du semestre se préparait comme si de rien n’était. Il n’était juste question que de suivre les directives totalement ridicules du Ministère de l’Éducation :

    • Bien aérer les salles de classe.
    • Espacer les étudiants d’environ un mètre les uns des autres.
    • Interdiction aux étudiants de se parler en classe.
    • Port du masque conseillé pour tous.

    Oui, ceci est suffisant pour contrer le coronavirus dans un campus selon notre ministère.

    Mise à jour (mars 2021) : Je moquais ces mesures qui me semblaient en demi-teinte voila bientôt un an, mais maintenant avec le recul, je me dois de faire mon mea culpa. Ces mesures étaient les bonnes. Une des réussites du Japon et des échecs de l’Occident c’est d’avoir considérer la transmission aérosol comme étant la plus importante depuis le début. Et aujourd’hui, près d’un an plus tard, l’aération et le port du masque s’est généralisé au Japon, et j’hallucine de voir qu’ils restent encore matière à débat dans certains pays, y compris celui qui m’a vu naître.

     

    Lors de notre premiere réunion de début de semestre, devant le manque d’action et d’intérêt apparent pour la chose de la part de la hiérarchie, les professeurs étrangers avons fait un mini coup d’état et avons décidé de déplacer nos classes en ligne.

    Le chef de notre section était abasourdi, choqué presque.

    J’aime beaucoup vivre au Japon et les Japonais. Sauf dans ces moments-là : quand ils ont une obéissance aveugle envers la hiérarchie, quand ils ne veulent pas prendre leurs responsabilités et quand ils semblent être complètement étrangers au concept de prévention.

    Parce que c’est exactement de quoi il est question ici.

    Nous sommes une université publique et personne dans la hiérarchie ne veut aller à l’encontre du ministère (même si d’autres universités ont déjà osé). Et nous sommes dans une région du pays encore peu touchée par l’épidémie, alors pourquoi changer les choses tant que personne n’est officiellement infecté ?

    Parce que ne nous y trompons pas : l’université devra fermer ses classes et aller sur internet au premier cas de Covid-19 déclaré sur le campus… Y aller dans l’urgence, sans aucune préparation et en plein milieu de semestre.

    Ce que nous essayons de faire – à savoir ne pas attendre d’en arriver là et déplacer les cours en ligne en nos propres termes avant que cela ne devienne une urgence – est un concept totalement étranger pour beaucoup de Japonais.

    Pas tous, bien entendu pas tous, mais plus on monte dans la hiérarchie, plus on rencontre de gens adeptes de diverses politiques de l’autruche en cas de situation imprévue, compliquée ou dangereuse.

    Ce n’est pas une surprise, ce n’en pas en faisant des choses imprévues et inhabituelles que l’on monte les échelons au Japon.

    Depuis une semaine, on en est là.

    Mais on est en train de gagner. Peut-être qu’ils sont en train d’accepter. Pour qu’on leur fiche la paix, je ne sais pas (j’exagère,  il y a quand même des gens hauts placés qui sont de notre côté), mais on va y arriver.

    Pendant ce temps , ma fille a repris l’école lundi, comme l’a demandé le gouvernement de Shinzo Abe. Mais le maire – qui écoute ses administrés – c’est un bon maire, pour ce que j’en connais –
    a décidé de les fermer de nouveau dès la fin de la semaine devant la levée de boucliers (qui m’a surprise avouons-le) de la part des résidents de la ville, au moins sur les réseaux sociaux, et contre la décision nationale de rouvrir les écoles.

     

    (à suivre)