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  • Macron et la Grève !

    Macron et la Grève !

     

    Bonjour à toutes et à tous.
    Ah la la, cette idée de faire des petites “BDs” est pas mal, mais c’est que je n’ai pas trop le temps, et l’actualité va très vite ces temps-ci.

    Mais bon, en changeant un peu le format comme aujourd’hui, on devrait peut-être y arriver.

    Donc voila, ce dont je voulais vous entretenir aujourd’hui, comme le titre l’indique, ce sont les grèves et surtout le rapport qu’a le gouvernement à celles-ci.

    Il y a quelque chose qui cloche, ne trouvez-vous pas ? De tous temps (au moins durant la Ve République) quand le gouvernement veut faire passer une loi qui ne plait pas, il y a des grèves. Ces grèves sont accompagnées de dialogues et de négociations, et ensuite la loi est habituellement adaptée, modifiée, voire retirée si elle ne plait vraiment pas. C’est une façon assez saine de faire tourner une démocratie quand on y réfléchit.
    Mais cette fois-ci, ça coince. Pourquoi ?

    Pour en discuter avec nous, un invité de marque, Monsieur Édouard Philippe en personne (Manu n’était pas disponible, il est introuvable, quelque part entre les Bouffes du Nord et Varennes).

     

     

    – Monsieur Philippe, bonjour.

    – Monsieur Gator, bonjour.

    – Monsieur Philippe, la grève est à deux doigts d’être générale, ça craque de partout, les cheminots, les enseignants, les avocats, les infirmières, les médecins, et j’en passe. Elle dure depuis plus d’un mois. Et pourtant rien? Aucune discussion, aucune négociation, rien.

    – Je vous arrête, nous avons quand même fait semblant de retirer l’âge pivot pour que la CFDT puisse jouer son rôle de traître.

    – J’en conviens, mais à part ça, rien. Pouvez-vous nous expliquer?

    – Mais bien entendu. Je crois que les Français ne comprennent pas bien la situation. Permettez-moi donc de leur expliquer.

    – Je vous en prie, vous êtes ici pour ça.

    – Tout d’abord, je tiens à préciser que la situation n’a pas débuté avec cette grève. Avant, il y a eu les Gilets Jaunes. Je vous avoue au début, on a été surpris et on a eu un peu peur. Les Gilets Jaunes ne jouaient pas le jeu habituel de la contestation. Au lieu d’un beau défilé Bastille – Nation, bien loin de tout lieu d’importance, ils ont débarqué dans le 8e arrondissement, à deux pas de l’Élysée, des bureaux d’AXA, de Vivendi et bien d’autres.

    Bon depuis on a bien repris les choses en main avec nos milices d’État. Avouez que la BAC fait du bon boulot. Les CRS et les gendarmes sont parfois un peu réticents à éborgner et mutiler. Donc ils nassent, ils tapent, ça c’est leur spécialité, et ensuite la BAC arrive et vous éborgne à coups de LBD. C’est bien organisé, ne trouvez-vous pas ?

    – Oui effectivement, très efficace, Pinochet serait fier de vous.

    – Je disais donc, au début, les Gilets Jaunes nous ont fait un peu peur, surtout quand ils ont commencé à vouloir élever des barricades tout près de l’Élysée, mais ces grands naïfs ont voulu ensuite devenir pacifiques, pensant nous amadouer plus facilement.

    Le résultat ? Il parle de lui-même. Chaque samedi, ils mettent leur uniforme, chantent dans les rues, on en éborgne un ou deux, on en arrête quelques autres sans raison, et on recommence le samedi suivant. Ça devient presque une petite tradition. D’ailleurs savez-vous que certains touristes commencent à organiser leurs itinéraires en fonction de ça ? Pour aller prendre des selfies devant eux ?

    Mais au final, depuis plus d’un an, qu’ont obtenu les Gilets Jaunes ? Rien.
    À quoi servent-ils ? À rien.

    Leurs méthodes sont complètement inefficaces et inutiles, et ils ne s’en rendent même pas compte. Nous on continue à détricoter le tissu social français tranquillement.

    – Oui, mais là maintenant, c’est la grève. Et pas une petite grève en plus, l’une des plus grosses depuis au moins 1995.

    – Absolument. Tout se déroule comme prévu.

    – Qu’entendez-vous par là ?

    – Regardez, il y a même des médecins qui commencent à démissionner. Comprenons-nous bien : nous ne ferons rien. Nous continuerons notre bonhomme de chemin comme si de rien n’était.
    On nous compare à Thatcher qui avait réussi à détruire la contestation populaire au Royaume Uni pour laisser la voie libre aux capitalistes et à ceux que l’on appelle aujourd’hui les néo-libéraux. Oui, il y a bien sûr de ça dans notre démarche. On peut dire qu’elle a été une grande inspiratrice.

    Toutefois, les gens oublient un détail crucial quand ils nous comparent à elle. Margaret Thatcher était une femme d’état, une politicienne, elle avait une idéologie, une vision pour son pays.

    Pas nous.

    Nous, on se fiche complètement de la France et des Français.
    Le pays et sa population ne sont qu’une ressource à piller pour enrichir encore un peu plus nos maîtres.

    Avant, les grèves fonctionnaient en France pour une raison très simple, tous les gouvernements précédents – même ceux de droite – étaient composés de femmes et d’hommes qui oeuvraient pour la France, et qui essayait de mettre en place leur vision de la France, quelle que soit cette vision.

    La base d’une démocratie c’est qu’il y a un contrat social entre un peuple et son gouvernement.

    Donc quand le peuple n’est pas content, le gouvernement est plus ou moins contraint d’écouter – soit parce que les membres du gouvernement se préoccupent réellement du sort des Français (si, si, il y en a eu), ou tout simplement parce que le président et ses ministres ne veulent pas perdre leur boulot, ils veulent être réélus. La politique c’est leur carrière.

    Pensez-bien, s’ils étaient de bons avocats, médecins et autres métiers dont ils proviennent habituellement, vous croyez qu’ils se seraient tant impliqués en politique ? Bien sûr que non.
    Nous c’est tout le contraire. La politique, on s’en fiche. On est juste en mission. On vient du privé, et on y retournera une fois notre mission terminée. Avec de belles primes et stock-options en récompenses.

    Bref, dans le temps, il y avait un dialogue social entre le peuple et le gouvernement pour toutes ces raisons.

    Nous non.

    Il n’y a aucun contrat social entre les Français et nous.

    Nous ne travaillons absolument pas pour eux, nous ne l’avons jamais fait. On a juste fait semblant, un peu, pour nous faire élire. Mais nous, on travaille pour l’oligarchie. Les Arnaults, les Pinaults, les Niels et les autres.
    C’est eux qui nous ont mis au pouvoir (par l’entremise de leurs porte-paroles médiatiques) dans un but précis : transformer la France en un pays qui leur est totalement asservi. Et donc bien entendu, cela passe par détruire tout ce qui peut bénéficier d’une manière ou l’autre au peuple, surtout financièrement. Bref, notre premier ennemi, c’est le service public. D’où, la réforme des retraites.

    – Oui, mais alors qu’allez-vous faire face aux grèves ?

    – Rien.

    – Comment ça “rien” ?

    – Absolument rien. C’est l’histoire du contrat social dont je vous parlais plus haut. En temps normal, une grève ça gêne le bon fonctionnement du pays, et c’est pour cela que les gouvernements successifs de la Ve République les prenaient au sérieux.

    Mais nous, nous nous contrefichons du bon fonctionnement du pays, puisque notre but est justement de le démanteler ce pays. Ces grèves vont causer de plus en plus de tort aux Français eux-mêmes, mais pas à nous et encore moins à nos chefs.

    – C’est la stratégie de pourrissement de la grève ?

    – Oui, plus ou moins. Plus la grève dure, plus cela joue en notre faveur. Les pauvres ne vont pas pouvoir survivre sans salaire pendant bien longtemps. Il faudra bien qu’ils se remettent au travail, ou alors ils commenceront à avoir de plus en plus faim.
    Et les riches, les avocats, les médecins, ne sont pas mieux lotis, vous savez. Prenons le cas des médecins. Ils sont en grève, certains démissionnent même parce qu’ils disent que nous voulons détruire l’hôpital public…

    – Et c’est vrai ? Vous voulez le détruire ?

    – Bien entendu, nous souhaitons détruire tous les services publics.

    – Donc, les médecins démissionnaires, ils ne nous gênent pas vraiment. Au contraire, leur absence va affaiblir les hôpitaux – sans parler de nous débarrasser de quelques pauvres en mauvaise santé et qui coûtent de l’argent public qui aurait été bien plus utiles dans les poches d’un actionnaire. Et ensuite, quand tout cela aura été détruit (la Sécurité Sociale aussi, elle est la prochaine sur la liste, fin 2020, début 2021 si tout se passe bien), ils vont faire quoi ces médecins démissionnaires ? Ils vont pas devenir ouvriers. Non, eux aussi, quand leurs économies commenceront à approcher du rouge, ils reviendront bien gentiment, la queue entre les pattes et ils n’auront d’autre choix que d’accepter les contrats que nous leur proposerons, de travailler dans les conditions que nous aurons déterminé.

    Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.

    Donc, vous voyez, cette grève ne nous gêne pas du tout. Au contraire, plus elle dure, plus elle nous aide.

    Ne l’oubliez pas, les grèves ne fonctionnent que si le gouvernement se considère démocratique et considère le peuple comme des citoyens, pas comme des esclaves qui coûtent trop cher.

    En conclusion, je vous le dis, chers grévistes, continuez. Et surtout n’oubliez pas de mettre vos gilets jaunes que la police puisse mieux viser quand elle vous tire dessus.

    – Merci beaucoup Monsieur Philippe, je crois que tout est très clair.

    – Je vous en prie, tout le plaisir est pour moi.

     

     

     

  • La Faute de Jean-Luc Mélenchon

    La Faute de Jean-Luc Mélenchon

    Le premier tour des élections présidentielles est passé.

    La messe est dite.

    Et l’homme a abattre est…

    Jean-Luc Mélenchon…

    Euh… Quoi ?!
    M’aurait-on mal informé ?
    Est-il au second tour ?

    Bon, qu’on l’ait descendu comme on l’a descendu avant le premier tour, je comprends. C’est dégueulasse, mais je comprends. Un candidat dont le but est de lutter contre l’oligarchie, et qui soudain à de bonnes chances d’atteindre le second tour, normal que les représentants, porte-paroles et autres suppôts de celle-ci ait voulu protéger leurs chefs. Ils l’ont dit attaqué de toute part, en disant tout et n’importe quoi sur lui. Surtout n’importe quoi…

    Ce qui est plus triste, par contre, c’est le nombre de gens qui croient encore la propagande des éditorialistes professionnels qui, omniprésents dans les médias, pourrissent l’esprit de la population depuis plusieurs décennies maintenant.
    Et ils sont vraiment passés à la vitesse supérieure ces dernières années quand presque tous les médias se sont retrouvés achetés par une poignée de milliardaires. Leur boulot maintenant, ce n’est plus de commenter l’actualité, c’est de former l’esprit des gens à accepter avec le sourire leur oppression toujours plus grande, le fait que les pouvoirs financiers contrôlent désormais les pouvoirs politiques et plus le contraire.
    Vous vous souvenez à quoi c’est censé servir un leader en démocratie ? Entre autres choses, à contrôler l’économie… Quoi ? Vous l’aviez oublié ? C’est que les médias ont très bien fait leur travail alors.
    Je comprends que les moins de trente ans me regardent avec de gros yeux incrédules quand je dis ça…

    Et donc, ils ont passé leur campagne du premier tour, bien entendu à faire de la pub pour leur poulain, mais surtout à s’attaquer à leur ennemi – et vous aurez remarqué que ce n’était pas Marine Le Pen leur ennemi. Il ne fallait surtout pas que Mélenchon atteignent le second tour, mais Le Pen, ça ne les dérangeait pas.
    Au contraire !
    Ils la voulaient, ils l’espéraient au second tour la nazillonne !
    Souvenirs de 2002 et d’un 82.21% qui leur fait faire à tous de doux rêves mouillés une fois la nuit tombée.

    La messe est donc dite, et pourtant, le terrible et impardonnable Jean-Luc Mélenchon reste l’homme à abattre du deuxième tour.

    Mais que lui reproche-t-on donc exactement ?

    Tout d’abord :

    Ne pas donner de consignes de vote pour le second tour!

    J’avoue quand j’ai entendu ça, les bras m’en sont tombés. Euh « ça », c’est pas le fait qu’il n’ait pas donné de consignes, hein, c’est le fait qu’on le lui reproche.

    Personnellement, j’ai toujours trouvé l’exercice de la consigne de vote des perdants pour les qualifiés au second tour un peu insultant envers les électeurs. « Viens ici petit électeur qui a voté pour moi mais qui est maintenant perdu et confus quant au second tour. Viens sur mes genoux mon petit, je vais te dire pour qui voter parce que tu n’es pas capable de penser par toi même. »

    Ça pue le paternalisme, le culte du chef et bien d’autres sentiments tout aussi nauséabonds.

    Mélenchon n’a pas de consigne de vote tout simplement parce qu’il respecte ses électeurs, il les considère comme des gens capables de réflexion et capables de décider par eux-mêmes que faire face à ce choix qui n’en est pas un et qui nous incombe aujourd’hui. Il n’est pas leur chef – un président ne devrait pas être le chef du peuple, un candidat malheureux à une élection, encore moins. Il l’a compris, ses électeurs aussi. Ils ne lui doivent rien, et surtout pas lui obéir au doigt et à l’œil.

    Ne pas comprendre ça, c’est tout simplement ne rien avoir compris au programme et à la démarche de Mélenchon depuis le début de sa campagne. Ne pas les avoir compris, ou ne pas s’y être intéressé ? Baser toute son opinion de l’homme sur les dires d’autres, de nos chers éditorialistes professionnels par exemple ?

    Mais cela ne s’arrête pas là, non.

    Alors certes, on accepte (ou fait semblant d’accepter) qu’il ne veuille pas donner de consignes de vote, mais :

    Il ne dit même pas pour qui lui, en son âme et conscience, va voter.

    Et ça c’est inacceptable pour nos donneurs de leçons ! Le cuistre ! Ne pas dire pour qui il va voter ! Quelle indécence ! On insinue même qu’il serait capable de voter Le Pen, rendez-vous compte !

    Non, mais halte au sketch comme dirait un ami.

    Pourquoi faudrait-il qu’il dise pour qui il va voter ? Depuis quand cela est-il devenu obligatoire ?

    Et que voulez-vous qu’il vous réponde ?

    Et quelle que soit la réponse qu’il donne, on la retournera contre lui :

    • Voter Macron ? « Regardez, quel traître ! Il retourne sa veste ! »
    • S’abstenir ? « Regardez, quel salaud, il fait le jeu du Front National » (au passage, j’ai vraiment envie de filer des claques aux gens qui disent ça, ils ne font que répéter un truc qu’on leur a mis dans le crâne depuis 2002, un truc qui était faux à l’époque et qui l’a toujours été). Au passage je vous invite à (re)lire ce post « Moralisme Électoral » et s’il vous en faut plus, j’ai des données brutes montrant que c’est des conneries (les données vous les avez aussi hein, elles sont publiques et connues de tous, il suffit de les regarder au lieu de crier avec les loups sans réfléchir).
    • Voter blanc ? Oui, s’il servait à quelque chose, s’il pouvait invalider une élection et ses candidats, le vote blanc serait un bon choix (et j’en serai moi-même très adepte), mais dans l’état actuel des choses, il n’est tout simplement pas sérieux de voter blanc. C’est l’abstention qui l’a remplacé comme non-vote contestataire.

     

    Vous noterez que je n’ai pas mis « Voter Le Pen » dans ma liste. Ne me dites pas qu’il est concevable ne serait-ce qu’une seule seconde que Mélenchon puisse voter Le Pen. Si vous l’imaginez, c’est que vraiment vous ne connaissez ou ne comprenez donc rien au bonhomme.

    Bref, ces attaques contre Mélenchon sont aussi minables qu’infondées.

    Mais au fait, pourquoi existent-elles donc ?

    C’est assez simple, et ce sera le sujet de mon prochain post (avant le deuxième tour espérons).

    Dimanche prochain au soir, celui ou celle qui sera élu(e) président(e) aura gagné une bataille, une bataille majeure, décisive, mais il ou elle n’aura pourtant pas gagné la guerre, loin de là.

    Pour gagner la guerre, il faut gagner les législatives. Mais voila, à ce moment-là, Mélenchon pourrait bel et bien faire dérailler le train de la victoire de notre futur président. Il est donc important pour les bras armés et les porte-paroles de l’oligarchie de ne pas perdre de temps pour essayer de discréditer celui qui est en train devenir le leader de l’opposition.
    Donc, ces attaques contre Mélenchon, aujourd’hui, entre les deux tours, alors qu’il n’y est pas qualifié, c’est la campagne des législatives qui a déjà commencé.

     

    Portrait de Jean-Luc Mélenchon – Oeuvre collective par Jean-Michel Apathie, Franz-Olivier Giesbert, Laurent Jauffrin, Joseph Macé-Scaron, Christophe Barbier, et bien sûr presque toutes les télés de France.

     

  • Bonne Année 2017 ? Je ne suis pas vraiment optimiste là dessus…

    Bonne Année 2017 ? Je ne suis pas vraiment optimiste là dessus…

    Salut.
    Ouaip, enfin de retour. Du moins pour l’instant.
    Mon silence de ces derniers mois ? Je pourrais l’attribuer à la faute à pas le temps, mais le fait est que si j’avais vraiment voulu, j’aurais pu.
    Non, chais pas, c’est l’état du monde, là, qui me fout un coup.

    Malgré toutes les merdes partout, depuis la nuit des temps, chais pas, je me disais que là, peut-être enfin, l’humanité commençait à réaliser que ça merdait grave, et qu’il fallait faire quelque chose… Depuis quelque temps, on semblait à l’abri de gros conflits mondiaux, voire même régionaux pour au moins quelques décennies de plus (à l’exception du Moyen-Orient, bien entendu ; là-bas, je sais juste pas comment les choses vont pouvoir se régler un jour). Le monde semblait enfin comprendre qu’agir contre les changements climatiques devenait une sacré priorité…

    Et puis, début novembre 2016….

    Trump…

    Honnêtement, j’ai encore un peu de mal à en parler clairement sans m’énerver.
    Comment ces imbéciles, ces attardés mentaux à l’inculture crasse ont pu voter pour un être aussi répugnant, dangereux et pathétique ?

    Je ne peux décolérer contre eux. Jamais je ne leur pardonnerai.
    On peut analyser la victoire de l’étron orange de toutes les façons possibles et imaginables : Hillary a été nulle, Poutine a eu une influence (je vais y venir), l’abstentionnisme, au final, le fait est que plusieurs millions de personnes ont pensé qu’un tel homme avait sa place à la Maison Blanche.

    Au final, c’est eux les responsables, les coupables, et personne d’autre.
    Il n’y a pas de pardon possible.

    Là, je commence à en entendre certains ici : “mais pourquoi tu es si en colère, après tout tu n’es pas américain, tu ne vis même plus aux États Unis depuis plus de 10 ans.”

    Chers “certains”, j’ai peur que n’ayez pas vraiment prêté attention à ce qu’il vient de se passer.

    Alors, trois choses.
    La première est effectivement personnelle. J’ai longtemps vécu dans ce pays, j’y ai encore beaucoup d’attaches, et de nombreux amis qui vont énormément souffrir au cours des prochaines années.

    Alors, certes, cette première raison est toute personnelle, mais les deux suivantes vous concernent tout autant que moi et le reste du monde.
    Vous n’êtes pas sans ignorer que les États Unis sont la première puissance du monde et que son influence sur le reste de la planète est très grande dans bien des domaines. Comme disait je ne sais plus qui, “quand les États Unis s’enrhument c’est le monde entier qui éternue.” Quelles vont être les conséquences sur le monde entier d’un tel incapable aux commandes du pays ? Nul ne peut le dire, mais ça va pas être mieux que chez lui, voire pire.

    La troisième chose, et c’est lié à la première, c’est que nous sommes à un moment charnière de l’histoire. Pas de l’histoire contemporaine, mais bien de l’histoire de l’humanité. Le réchauffement climatique entre dans une phase où si nous ne changeons pas nos modes de vie, tout particulièrement nos méthodes de production d’énergie de manière drastique, nous courrons à la catastrophe. Il est déjà impossible de l’empêcher. On peut encore en réduire les effets, mais bientôt, très bientôt, là, presque maintenant, il sera trop tard pour ça aussi. Et un énergumène qui dit que le changement climatique est un canular arrive à la tête du pays qui émet le plus de CO2 au monde et qui n’a qu’une intention : de maximiser l’utilisation des énergies fossiles.

    Et c’est probablement la chose qui me met le plus en colère et qui me déprime.

    Ces idiots du village qui l’ont mis au pouvoir vont peut-être tout simplement être la cause de la fin de l’humanité telle qu’elle existe, ils vont priver nos enfants d’une vie potable, voire même d’un futur. Mon fils commençait juste à marcher alors que ces imbéciles votaient pour ce porc orange. Je les tiens tous coupables de l’avenir qu’il n’aura peut-être pas. Ni lui, ni sa grande sœur, ni tous les autres enfants du monde.

    Néanmoins, parce que je suis un incorrigible optimiste, je me dis qu’il y a encore un peu d’espoir. Il est clair maintenant que les jours des États Unis comme première puissance mondiale sont comptés. Et même, si les dégâts de cette chute vont être considérables, peut-être que la conséquence sera que les actes des climato-sceptiques américains deviendront insignifiants.
    Mais c’est terrible d’en venir à souhaiter la chute d’un tel pays (et donc : la misère et la désolation pour ses habitants) pour espérer le futur le moins pire possible.

    Le problème, et c’est là que la bât blesse, si les États Unis perdent leur statut de première puissance, le résultat ne sera pas celui que certains de mes connaissances anti-“impérialistes” imaginent un peu naïvement. Non, nous n’allons pas nous retrouver avec un monde multipartite et où chaque pays aura son mot à dire. La place laissée va vite être comblée : la Chine n’attend que ça… Elle l’a même annoncé toute en finesse et hypocrisie il y a quelques jours.

    La Chine et…

    La Russie…

    Cela nous emmène au deuxième grand problème de cette sombre histoire : Vladimir Poutine.

    Depuis quelques années, Poutine n’a plus qu’un but, celui de restaurer la place de la Russie sur la scène internationale, mais il n’y arrive pas, et n’y arrivera pas – je ne peux m’empêcher de citer une phrase d’Obama datant de décembre dernier et qui n’a pas eu le retentissement que j’imaginais :

    They are a smaller country, they are a weaker country, their economy doesn’t produce anything that anybody wants to buy except oil and gas and arms. They don’t innovate.”

    Je la traduis pour les réfractaires à l’anglais parmi vous : “Il s’agit d’un petit pays, d’un pays faible, leur économie ne produit rien que l’on puisse vouloir acheter sinon du pétrole, du gaz ou des armes. Ils ne savent pas innover.”

    Obama a prononcé ces paroles avec un but clair : insulter Poutine, et nous savons tous que les meilleures insultes, celles qui font mal, sont celles qui disent la vérité.

    Oui, Poutine rêve de grande Russie, mais il sait très bien au fond de lui que la Russie ne sera plus jamais grande. Depuis 17 ans qu’il a pris le pouvoir à Boris Eltsine, il a réussi peu à peu à asseoir son pouvoir personnel, et il est devenu à l’intérieur même du pays aussi puissant qu’un Tsar ou un Secrétaire Général du Parti de l’époque soviétique. La démocratie y est morte, sa main-mise sur le pays est totale. Mais il échoue encore et toujours à redonner à la Russie une place à la table des grands. Elle n’y est qu’à peine tolérée, et uniquement à cause de son arsenal nucléaire. Sans ce dernier, la majorité de la communauté internationale n’aurait que faire d’elle.

    En conséquent, Poutine a décidé que si la Russie ne pouvait pas redevenir grande, alors il allait s’attaquer à la grandeur de ses adversaires et les diminuer autant que possible.

    Vous voyez où je veux en venir.

    Est-ce que Poutine a vraiment des documents compromettants sur les déviances sexuelles et financières de Donald Trump ? Ou bien est-ce que Trump est tout simplement un imbécile qui se laisse manipuler par Poutine ? Aucune idée au moment où j’écris sur ces lignes. Mais ça n’a aucune importance, le résultat est le même.
    La façon dont Trump insulte, attaque et manque de respect a à peu près tout le monde sauf Poutine, me donne envie de penser à la première hypothèse, mais d’un autre côté, il est criblé de documents compromettants et très publics que le monde entier a vus et entendus, et aucun d’entre eux n’a arrêté son ascension.
    Mais quoiqu’il en soit, le résultat c’est que Trump est cette espèce de version 21e siècle d’un Candidat Mandchou, il n’a pas encore agi sur la scène internationale (je n’ose imaginer les rencontres internationales entre gouvernants à venir) mais tout ce qu’il a dit pour l’instant, tout particulièrement ses attaques contre l’Union Européenne et l’OTAN semblent lui avoir été dictées mot pour mot par Poutine.

    J’en entends qui ricanent en France, que c’est bien fait pour la gueule des USA, qu’eux aussi ont manipulé des tas d’élections dans d’autres pays à droite et à gauche. Ceux-là, n’ont donc rien compris, et si seulement ils dépassaient un peu leurs pensées mesquines et revanchardes pour essayer de voir une vision d’ensemble de la chose.

    La vraie cible de la Russie n’est pas tant les États Unis que l’Europe. Affaiblir les États Unis, Poutine doit certainement en faire des rêves humides, mais pourtant ce n’est pas exactement son but premier.

    Certes, c’est une douce vengeance 26 ans après l’effondrement de l’URSS, mais ce qui intéresse vraiment Poutine, c’est que la sphère d’influence des États Unis se réduise le plus possible, tout particulièrement en Europe.

    Poutine veut tuer l’Union Européenne qui est en train de devenir son obstacle principal, plus encore que les US.
    Plus tôt, je disais que la Russie ne pourra redevenir superpuissance mondiale comme l’URSS le fut, mais ce qu’elle peut faire, c’est au moins contrôler une région du globe et en faire son terrain de jeu. Cette région, c’est l’Europe.
    Elle a déjà commencé à avancer ses pions. Souvenez-vous de la Georgie il y a quelques temps, et plus récemment de l’Ukraine.
    La Georgie était une espèce de test. La communauté internationale l’a laissée faire. L’Ukraine c’était plus délicat, mais là aussi, ça a marché. La Russie a annexé une partie de l’Ukraine et que s’est-il passé ? Rien. Absolument rien. Le monde entier l’a laissé faire.

    Il n’en faut pas plus à Poutine pour comprendre que les pays soit disant plus puissants que le sien n’oseront pas entraver sa route si ça ne va pas directement à l’encontre de leurs propres intérêts.

    Il y a une chose que la Russie n’a n’a jamais digéré, c’est que certains des pays de sa sphère d’influence passée, voire pire, certaines anciennes républiques faisant partie de l’URSS font désormais partie de l’Union Européenne. Tout particulièrement la Pologne et les pays baltes.

    Sa guerre d’influence sur le continent a déjà commencé, très subtilement jusqu’à présent, car les États Unis veillent encore au grain. Mais que va-t-il se passer bientôt ? Quand Trump aura affaibli les US, voire pire, remis en cause les alliances avec l’Europe, voire démantelé l’OTAN ?
    Poutine va très certainement s’attaquer de plus en plus directement à l’Europe de l’Est.

    Oh, pas avec des chars, du moins pas tout de suite.

    Au fur et à mesure que les États Unis vont s’affaiblir et que l’Union Européenne va se désunir, attendez vous à voir de plus en plus d’agents provocateurs dans les pays baltes et en Pologne, en espérant que ces pays ne se retrouvent pas dans la situation de l’Ukraine où la Russie a pu faire son Anschluss sans que personne ne lui mette de bâtons dans les roues.

    Comme je viens de l’énoncer, pour cela, la Russie a besoin d’un affaiblissement des États Unis, mais aussi un affaiblissement, voire une dislocation de l’Union Européenne. Cet affaiblissement a déjà démarré et presque toujours derrière, on retrouve la patte de Poutine qui agite ses petites marionnettes dans de nombreux pays, à commencer par les partis d’extrême-droite qu’il contrôle de plus en plus, à commencer par le FN et la mère Le Pen.
    Attention, ils ne sont pas les seuls, même dans la droite plus traditionnelle, on retrouve des petits soldats de Poutine. Par exemple, si vous vous demandez ce que fait cette crapule de Thierry Mariani depuis qu’il a quitté le gouvernement en 2012, il s’occupe surtout de promouvoir la cause de Poutine dès qu’il le peut depuis son statut de député des Français à l’étranger de la Onzième circonscription, celle incluant la Russie et l’Ukraine, entre autres pays. Vous trouverez de très belles odes au dictateur russe dans son compte Twitter assez régulièrement. À croire que Poutine possède quelques Kompromat sur lui – quoiqu’il n’en a même pas vraiment besoin avec un être aussi veule.

    Bref, la guerre menée par le Kremlin en Europe de l’Ouest est très pernicieuse car invisible. Comme au temps de la guerre froide, il s’agit bien d’une guerre idéologique, mais cette fois-ci, les deux camps ne sont pas séparés géographiquement. Au contraire, ils occupent les mêmes territoires. D’un côté, tout ce qui représente l’Occident aux yeux de Poutine : la tolérance, le multiculturalisme, le cosmopolitisme, le libéralisme (dans son sens original, c’est-à-dire prônant la diversité et les libertés individuelles). Ces choses-là, il les déteste, et c’est pour cela qu’il finance et aide de diverses manières les factions et individus politiques xénophobes, racistes, homophobes, sexistes, autoritaristes, et nationalistes.

    C’est là que se situe la ligne de la ligne de front aujourd’hui, et ne vous y trompez pas, Poutine a pour but d’affaiblir nos démocraties déjà mal en point, et si elles pouvaient s’effondrer, il ne verrait pas ça d’un mauvais oeil. Il fera même tout ce qu’il peut pour y parvenir. Cette Europe de l’Ouest effrontée lui manque de respect depuis trop longtemps, mais sans les États Unis pour la protéger, et avec l’aide de ses petites marionnettes d’extrême-droite, il va bientôt être temps de s’en charger.

    C’est aussi pour cela que l’élection de Trump est une catastrophe pour tous, même si vous n’avez que faire des États Unis, même si on arrive par miracle à mitiger les effets du réchauffement climatique.

    Bref, pas de quoi ricaner…

     

    Lectures supplémentaires conseillées :

     

    Sources dessins :

    • Dessin de Trump : désolé, je ne trouve pas la source de ce dessin.
    • Poutine : Christian Adams

     

  • Manuel Valls et la Démocratie.

    Manuel Valls et la Démocratie.

     

    «La démocratie, ce n’est pas la rue ! La démocratie c’est le vote !» Manuel Valls, 8 juin 2016

     

    Manuel Valls (source: AFP)

    Cher Manuel Valls,

    Puis-je me permettre de m’entretenir un peu avec vous de démocratie ?

    Alors voila, la démocratie, c’est pas très compliqué, c’est un pays où c’est le peuple qui gouverne (et pas un monarque absolu, une oligarchie ou je ne sais quoi d’autre).

    Et quand un pays fait le choix d’établir une démocratie dite « représentative » (pas forcément le meilleur choix de démocratie à mes yeux, mais passons, là n’est pas notre sujet) il se trouve que c’est par le vote que le peuple choisit ses représentants. Donc, désolé de vous contredire, mais non, le vote ce n’est pas la démocratie, c’est un outil démocratique parmi tant d’autres. Un outil permettant au peuple de déléguer son pouvoir à des représentants.

    Et donc, comme leur nom l’indique, ces représentants, ils représentent les gens qui les ont mis au pouvoir, ce fameux peuple.
    Il y a un contrat entre les deux. Le peuple met au pouvoir des gens, et en échange, ces gens se doivent d’exercer ce pouvoir pour protéger et promouvoir les intérêts du peuple qui les a mis au pouvoir.
    Pas leurs propres intérêts, pas l’intérêt d’une personne ou d’une organisation tierce, non, non, l’intérêt du peuple.
    C’est vraiment pas très sorcier, et je vous sais assez intelligent pour comprendre ceci.

    Mais voila, quand on a du pouvoir, c’est qu’on attire du monde, et il n’y a pas que le peuple qui tourne autour des représentants. Et parfois ces représentants, pour tout un tas de raisons plus ou moins avouables, commencent à représenter de moins en moins les intérêts du peuple et de plus en plus les intérêts de leurs amis, d’autres personnes influentes, voire pire, de personnes leur ayant donné de l’argent, des cadeaux ou autres.
    Et quand les représentants ne respectent plus les clauses de leur contrat – représenter le peuple et ses intérêts -, c’est simple, il y a rupture de contrat (je parle en termes qu’Emmanuel Macron puisse comprendre au cas où vous voudriez lui faire lire cette lettre).

    Et comme le contrat est rompu, le peuple n’a plus non plus à respecter la clause de son contrat, c’est-à-dire : faire confiance à ses représentants et attendre les prochaines élections pour décider s’il garde les mêmes représentants ou s’il en choisit d’autres. Il peut effectivement se choisir d’autre représentants si les précédents n’ont pas fait un bon boulot pour représenter les intérêts du peuple (notez qu’il aura quand même essayé, il n’aura pas rompu son contrat).

    Et en conséquence, comme le peuple n’est plus lié par ce contrat, le peuple est libre d’essayer soit de virer les représentants ne représentant plus rien de démocratique, soit dans le meilleur des cas d’essayer de les ramener dans le droit chemin et de les rappeler à leurs devoirs. Et un des outils démocratiques pour faire ceci est la rue : manifestations, grèves et autres.

    Donc pour résumer, mon cher Manuel, ni le vote, ni la rue ne sont la démocratie. Par contre, ils en sont tous deux des outils, aussi valables l’un que l’autre, et si on y réfléchit un peu avant de balancer une phrase toute faite par son conseiller en communication, on réalise même que quelque part, la rue est un poil plus démocratique que le vote, puisqu’il s’agit du peuple qui exerce son pouvoir.

    Voila, j’espère que ce rappel vous aura été utile, et je comprends votre position, Premier Ministre, c’est pas exactement le poste le plus démocratique de notre république, et quand on adore faire usage de choses telles que l’article 49-3, il est compréhensible que l’on ait ensuite tendance à oublier ce qu’est la démocratie.

    Je vous prie d’agrée, Cher Manuel, l’expression de mes salutations distinguées ou la phrase à la con et qui ne sert à rien qu’il faut mettre ici.

    Bien à vous,

    Gator

     

  • Moralisme Electoral

    Moralisme Electoral

     

    Il y a un truc qui me soûle à peu près à chaque élection. C’est le fait qu’un certain (et conséquent) nombre de personnes se sentent obligés de faire la morale dès que vient le temps de choisir un nouveau monarque.

     

    L’abstentionnisme c’est le mal !

    En tête de cette morale, nous avons, la lutte contre l’abstentionnisme.

    Je n’en peux plus d’entendre jusqu’à plus soif en période électorale des « Mais surtout allez voter ! » « Il faut voter ! » « Si vous ne votez pas, la fin du monde arrivera. » « Ceux qui n’ont pas voté n’auront pas encore le droit d’avoir une quelconque opinion sur le résultat des élections. »

    Décidemment, la machine à laver le cerveau politico-médiatique a bien fonctionné.

    Ils oublient juste deux choses :

    1. Voter est un droit et non un devoir, chacun est libre ensuite de disposer de ce droit. Choisir de ne pas en faire usage n’ote nullement au citoyen concerné ses autres droits, y compris celui de protester contre le gouvernement mis en place.

    Élections, piège à… ?

    2. Ne pas voter est devenu dans l’inconscient collectif (inconscient dans le sens irréfléchi bien entendu) synonyme de je-m’en-foutisme, d’inconscience (justement), de manque de respect de ceux qui se sont battus pour qu’on puisse voter (le fait que le contexte et les circonstances ne soient pas comparables leur échappant totalement). Sauf que dans la pratique, c’est rarement le cas.

    La plupart (je n’ose dire « la grande majorité » mais je le pense) des abstentionnistes le sont de nos jours – non pas parce qu’ils oublient de voter ou qu’ils s’en fichent (j’en connais toutefois) – mais parce qu’ils font l’acte conscient et réfléchi de ne pas voter. Il existe tout un tas de raisons à cela, je ne vais pas les détailler à moins que vous y teniez vraiment. Je citerai, entre autres, ceux qui pensent que les élections ne sont plus de nos jours qu’une vaste mascarade, que le choix qui nous est proposé n’en est pas un et ne sert qu’à se rendre coupable de perpétuer un système en refusant de le remettre en cause ; en gros on peut toujours choisir en Coca et Pepsi, au final, on boit toujours du Cola. C’est, d’ailleurs, je pense la raison principale pour laquelle les autorités – politiques, médiatiques et autres – mettent tellement un point d’honneur à diaboliser l’abstention. Autoriser un débat et une discussion sains autour de celle-ci serait autoriser à remettre en cause et à réfléchir sur les rouages de la démocratie telle qu’elle nous est proposée (on pourrait dire « imposée ») et ça vous comprendrez qu’ils ne peuvent l’accepter.

    Je pourrai aussi citer ceux qui voudraient bien voter blanc, mais comme ce vote-là est considéré comme nul, ils préfèrent ne pas voter ; l’abstention ayant aujourd’hui plus de poids qu’un vote blanc dont personne ne parle et auquel personne même ne pense (quelque chose me dit que si le vote blanc était inclus dans les résultats finaux – et qu’il pourrait donc influer sur le résultat de l’élection – l’abstention serait beaucoup plus faible).

    Je suis sûr qu’il y a tout un tas d’autres raisons tout aussi valables les unes que les autres et auxquelles je n’ai pas pensées.

    3. Je disais « deux choses » au-dessus, mais il y en a une troisième. Ceux qui ne peuvent pas voter. Ils sont peu nombreux, mais contrairement à ce que peuvent penser certaines personnes aveuglées par une révérence un peu trop prononcée pour les institutions, cela existe. Je pense en particulier aux Français vivant à l’étranger. Ceux qui ne vivent pas à proximité d’un consulat n’ont bien souvent pas d’autre solution que celle de s’abstenir qu’ils le souhaitant ou non. Le Quai d’Orsay fait tout pour occulter ce fait, à grands coups de pubs mensongères sur toutes les facilités soit disant mises en place pour permettre à tous de voter, mais croyez-moi c’est du vent. Facilité de procuration ? Quand on vit à plusieurs centaines de kilomètres d’un consulat, bien souvent, tous les gens à qui l’on pourrait faire cette procuration n’ont pas plus de facilités que vous à se rendre sur place. Oh, et un détail : pour pouvoir établir la procuration, il faut se rendre… au consulat. Et le vote par correspondance ? Vous penseriez qu’au 21e siècle, la République Française aurait enfin mis en place une telle chose. La réponse est oui ! Mais pour les législatives seulement, pas pour les présidentielles (pourquoi ? aucune idée). Bref, pour les expatriés, bien souvent, l’abstention n’est pas un choix, mais une obligation. Je parle d’expérience. D’ailleurs, il fut suffit de regarder le taux d’abstention des Français à l’étranger qui dépasse presque toujours les 50%.

     

    Le vote utile, le vote par conviction, le vote pour un programme, pour un candidat, contre un candidate, pour des idées, etc.

    Si vous avez toutefois décidé de voter, et pensez donc échapper au moralisme ambiant, détrompez-vous, il vous attend au détour d’un bureau de vote !

    Peu importe le fait qu’il existe tout un tas de raisons pour voter, que chacun a les siennes, et qu’il n’en existe pas une qui soit la bonne dans l’absolu, vous trouverez toujours quelqu’un qui pensera que sa façon de voter à lui est meilleure que la vôtre.

    Et donc quel que soit votre méthode de vote, il y en aura pour vous dire avec le ton le plus péremptoire possible qu’on ne vote pas utile, mais pour ses convictions, que l’on ne vote pas contre un candidat, mais pour des idées, qu’on ne vote pas pour une personne, mais pour un programme. Je pourrais continuer comme ça pendant encore plusieurs lignes, mais ce petit coup de gueule commence à être un peu trop long déjà.

    Bref, la dernière fois que je me suis penché sur la chose, il me semblait qu’il n’y avait pas de mode d’emploi livré avec la carte d’électeur, contrairement à ce que pensent bon nombre de mes concitoyens.

    Tout ceci était pour vous dire, en gros, qu’il faut arrêter un peu avec ces velléités à devenir un père-la-morale à chaque fois qu’est venu le temps de mettre un bout de papier dans une urne. Il me semble – mais je peux me tromper – que nous sommes encore dans une démocratie, et qu’une des composantes de la chose, c’est de pouvoir faire ce que l’on veut dans un cadre donné (en général donné par la loi) et la façon dont on utilise ou pas son bulletin entre dans ce contexte.

    Mais bon, je ne vais quand même pas vous laisser sans faire un poil de morale moi aussi : ceux qui ont voté pour Sarkozy et pour Le Pen sont vraiment des salauds.

    À bon entendeur.