L’abstention fait-elle le jeu du Front National ?
Depuis avril 2002, cela semble être une évidence pour de nombreuses personnes. On l’entend régulièrement à l’approche de pas mal d’élections, et en ce moment même, c’est un des arguments principaux de ceux qui pensent que refuser de choisir entre lequel des deux fléaux s’abattra sur la France d’ici peu c’est très mal, surtout si on est de gauche.
Certes.
Mais voyez-vous, personnellement, j’ai toujours du mal avec des phrases toutes faites, répétées à tout va et considérées comme des évidences par ceux qui les annoncent sur un ton péremptoires aux inconscients que nous sommes. Encore plus quand nos imprécateurs n’arrivent pas ensuite à expliquer le pourquoi du comment de leur sentence, sinon par un « Souviens-toi, 2002 !«
Désolé, mais moi, ça me suffit pas.
Moi, si on me dit un truc comme ça, je veux des faits, des données objectives pour appuyer la chose.
Et comme on est jamais mieux servi que par soi même, je suis allé les chercher ces données.
Je vous les ramène ici sous forme d’un certain nombre de graphes.
Essayons de voir ce qu’ils nous disent.
Mais avant d’aller plus loin, je me dois quand même de mentionner mes sources – c’est important, les sources.
Donc mes chiffres viennent du Ministère de l’Intérieur pour les élections les plus récentes, et de Wikipedia pour les autres. Oui, je sais, Wikipedia n’est pas toujours fiable pour tout, mais quand il est question de données brutes, elles-mêmes sourcées et vérifiables, il n’y a pas beaucoup d’inquiétudes à avoir. J’ai estimé qu’utiliser un site qui regroupe tous ces chiffres était plus pratique et rapide qu’aller tout chercher à droite et à gauche (dois-je vous rappeler que je fais tout ça bénévolement sur mon temps libre ?) Si cela ne vous convient pas, n’hésitez pas à venir me donner un coup de main.
Les rares fois où je ne disposais pas de certains chiffres (on parle ici du nombre d’inscrits qui manquait parfois), je les ai calculés à partir des autres données disponibles. Ce nombre est parfois un peu inexact à quelques milliers de personnes près, cela est dû au fait que les pourcentages sont toujours réduits à deux décimales, donc retrouver une valeur absolue à partir de ceux-ci peut mener à quelques approximations. Notez que cela ne concerne que le nombre d’inscrits pour chaque élection. Tous les autres chiffres (nombre de votants, d’abstentions et pourcentages associés) sont les chiffres officiels.
Je ne suis remonté que jusqu’à 1994, j’aurais pu remonter 10 ans plus en avant, depuis l’émergence du Front National. C’est un choix arbitraire.
Notez aussi que pour les élections à deux tours, je n’ai pris en compte que les premiers tours (sauf pour les Présidentielles de 2002), le FN n’étant pas toujours représenté sur tout le territoire pour les deuxièmes tours de la plupart des élections.
Finalement, quand les graphes traitent de valeurs absolues (nombre de personnes et pas pourcentages), j’ai mis de côté les élections cantonales puisque, à chaque scrutin, c’est seulement la moitié de la France qui vote.
J’ai aussi exclu les élections municipales de cette étude : je ne sais pas si des chiffres nationaux existent, mais ils n’auraient que peu de sens.
Commençons par le plus évident, celui auquel on pense en général en premier : comparer la courbe du pourcentage de votes pour le FN et celle de l’abstention :
Mais je vous avoue tout de suite, personnellement, même si ce sont les premiers chiffres auquel on pense en général, je n’aime pas trop analyser des pourcentages, ceux-ci sont très souvent trompeurs. Encore plus dans le cas présent puisque ces pourcentages-ci ne représentent pas les même choses. Le pourcentage du FN représente la proportion de voix pour le Front National parmi les votants exprimés (non blancs, non nuls). Par contre le pourcentage de l’abstention est la proportion du nombre de personnes s’étant abstenues parmi les inscrits. Donc dans la courbe ci-dessus, on ne compare tout simplement pas la même chose.
Elle n’est toutefois pas totalement à jeter. Elle est un bon rappel que l’abstention n’est pas quelque chose en constante progression comme on l’entend souvent dire (« Les Français ne votent plus ! L’abstention augmente ! »).
Comme vous le voyez, l’abstention est en dent de scie. Cela est dû à la nature des élections, ou plutôt du rapport qu’ont les Français avec celles-ci : ils votent pour les Présidentielles, se contrefichent des Européennes (et ensuite ils blâment l’Union Européenne pour un peu trop de choses, mais c’est une autre histoire), et sont quelque part entre les deux pour les autres élections.
C’est regrettable, personnellement, je pense que quelque part les Présidentielles sont presque les élections les moins importantes. Mais voila, la médiatisation et la « starification » des personnalités politiques associées à l’hyper-centralisation du pays fait que les Français se désintéressent souvent des élections qui ont parfois un impact bien plus grand sur leur vie quotidienne que de savoir qui va aller habiter à l’Élysée pendant quelques années.
Mais revenons à nos moutons.
Donc, les pourcentages sont pas la meilleure façon d’analyser ces données, passons donc aux chiffres bruts : le nombre exact de personnes ayant voté pour le FN et s’étant abstenues. (rappel : les élections cantonales ne sont alors pas prises en compte car ne concernant pas toute la population)
Cette fois, les deux courbes comparent des nombres de personnes, donc on peut les même en parallèle. Nous retrouvons les dents de scie de l’abstention. Nous voyons aussi une certaine augmentation de l’abstention, mais attention, ne pas oublier que la population du pays augmente, le nombre d’inscrits aussi, donc dans ce cas-ci, les pourcentages sont plus parlants.
Quant au vote FN, il est lui aussi en dents de scie, certes moins prononcées. Et on voit effectivement une certaine progression : depuis 2012, les creux sont aussi importants que les pointes d’il y a 15-20 ans. Augmentation à toutefois prendre avec des pincettes (une fois de plus : population qui augmente, donc nombre de votants augmentant mécaniquement lui aussi).
Par contre, nous avons là un début de réponse à notre question : est-ce que l’abstention favorise le Front National ?
Ici, nous voyons que non seulement la réponse est clairement « non », mais c’est même le contraire : quand l’abstention baisse, le nombre de votants FN augmente. Et réciproquement : quand l’abstention augmente, le nombre de votants FN baisse.
Depuis quelques jours, je vois une nouvelle expression envahir les réseaux sociaux (à croire qu’une ou plusieurs personnalités influentes y soient pour quelque chose, voire se seraient données le mot) : « abstention différenciée » (ou « abstention différentielle« ) qui dit en gros que les votants FN sont très motivés et ne s’abstiennent pas. Ceux s’abstenant seraient d’autres bords politiques. Et ce serait l’explication au fameux « L’abstention fait le jeu du Front National ! »
Cela m’a toujours semblé bizarre. Qu’un petit groupe de nazillons soient très motivés, ça je le conçois. Mais, aujourd’hui, ils ne forment plus qu’une minorité de l’électorat FN. Le gros des électeurs FN, ce sont des gens en général plutôt pauvres et plutôt peu éduqués et qui se laissent séduire par les sirènes du Front National, quand le reste de la droite ne s’est jamais trop intéressée à eux et que la gauche les a perdus pour tout un tas de raisons que nous n’avons pas le temps de détailler ici. Pourquoi ces gens, plutôt désabusés seraient-ils plus motivés qu’une classe bourgeoise qui entend bien garder sa position dominante dans la société et y préserver ses intérêts ? Plus motivés que les militants de gauche qui sont de toutes les manifs et de toutes les contestations ? Plus motivés que les classes moyennes supérieures qui comptent bien préserver leur illusion que la France est un havre de paix, libre, égal et fraternel ? (OK, ces derniers, oui, je pense que c’est possible)
Bref pourquoi seraient-ils plus motivés pour aller aux urnes que les autres Français ?
Aucune raison particulière.
C’est d’ailleurs aussi mon expérience personnelle. Comme beaucoup de monde, il y a parmi les membres de ma famille étendue un certain nombre de sympathisants FN. J’évite de trop parler de politique avec eux, mais ils ne se gênent pas souvent pour le faire avec moi ou avec quiconque passant à leur portée. Bien souvent leur discours c’est soit « Je vais voter Le Pen » soit « Je vais aller à la pêche, je vais pas perdre mon dimanche à aller mettre un bout de papier pour ces cons. Tous pourris ! Qu’est-ce que ça va changer que ce soit l’un ou l’autre de toutes façons !? »
Bref, j’ai souvent l’impression qu’ils s’abstiennent même plus souvent que les autres.
Sauf dans un cas.
Pour revenir à notre graphe, nous voyons que quand l’abstention baisse drastiquement, le vote FN monte à chaque fois.
Quelle pourraient en être la cause ?
Il suffit de regarder de quelles élections il s’agit. C’est simple, comme mentionné plus haut, les élections avec un faible taux abstention sont les élections présidentielles. Elles sont aussi les élections où le FN fait les plus gros scores habituellement (mais les choses changent, voir les dernières Européennes : accident de parcours ou nouvelle tendance ? Nous verrons dans quelques années).
Pourquoi ?
Personnellement, je pense que c’est à cause de l’hyper-personnalisation de ces élections. Pour toutes les autres élections, on vote quand même plutôt pour un parti, aux Présidentielles, le parti est presque secondaire, on vote surtout pour un individu.
Et c’est là qu’est la clé de la chose je pense. Ce qui attire certains électeurs ce n’est pas tant le Front National (d’où de faibles scores la plupart du temps) mais la marque Le Pen.
Malgré tous ses défauts, le père était très charismatique, même si c’est le charisme que peut avoir un gros porc bruyant et sale foutant le bordel dans une cocktail party huppée. Parmi toutes ses techniques empruntées aux partis totalitaires, celle du culte du chef n’est pas la moindre. C’est pas non plus un hasard si c’est sa fille qui lui a succédé. Même si elle a un certain talent à arriver à se faire passer pour respectable ce n’est pas ça qui l’a aidée à monter les échelons du pouvoir interne du FN. Elle y a surtout réussi grâce à son nom de famille et les appuis qu’il lui a apportés. Et c’est encore le cas aujourd’hui. On ne le saura jamais, mais si Jean-Marie Le Pen avait été remplacé par quelqu’un d’autre, je suis persuadé que le FN serait rapidement redevenu un parti mineur.
Oui, je pense vraiment que le culte du chef joue un très grand rôle dans les succès du FN aux Présidentielles, mais avant de jeter la pierre, je pense aussi que c’est le culte du chef qui fait que les Présidentielles sont les élections qui ont le moins d’abstention, ou que tout le monde pousse des cris d’orfraie quand un candidat majeur refuse de s’adonner à l’exercice douteux des consignes de vote. Non, le culte du chef n’est pas l’apanage de l’extrême-droite, c’est plutôt même un des moteurs principaux de l’élection présidentielle.
Ce qui nous amène au graphe suivant.
Puisque les Présidentielles sont une anomalie dans le paysage électoral français, concentrons-nous sur celles-ci.
Voici donc le nombre de voix reçues par les Le Pen depuis 1995 (j’aurais pu inclure 1988, mais je ne suis simplement pas remonté jusque là, je ne pense pas que cela aurait changé grand-chose) :
Là, deux choses sautent aux yeux. La première c’est qu’il semble effectivement y avoir une corrélation entre l’abstention et le vote FN. Toutefois, cette corrélation semble débuter à partir deuxième tour des élections de 2002.
Cela m’interpelle un petit peu. Voyez-vous cette rengaine « L’abstention fait le jeu du FN » est devenue populaire au lendemain du premier tour des élections de 2002.
Or, lors de cette élection-là, où l’abstention avait été très forte, le score du FN n’était pas si élevé que ça. Le nombre de votes supplémentaires par rapport à l’élection de 1995 est presque négligeable.
Il est établi aujourd’hui par quiconque s’est penché sérieusement sur la question que la qualification de Le Pen au second tour n’est pas due à ni une quelconque poussée du FN, ni à l’abstention, mais bel et bien à la démultiplication des candidats de gauche qui a fait éclater l’électorat. Il n’y a que 200 000 voix d’écart entre Le Pen et Jospin. Si Christiane Taubira ne s’était pas présentée, Jospin était qualifié. Si Chevènement ne s’était pas présenté, même avec Taubira candidate, non seulement Jospin se qualifiait pour le second tour, mais il passait même devant Chirac.
Pourtant, c’est bien au lendemain de cette élection que l’abstention – et donc les abstentionnistes – se sont soudain retrouvés accusés de la qualification de Le Pen au second tour. Quelle est la source de cette grossière erreur ? Honnêtement, je ne le sais pas. Je n’étais pas en France à ce moment-là. L’internet français commençait tout juste à vraiment se démocratiser. Les réseaux sociaux n’existaient pas encore. Mes sources quant à savoir ce qu’il se passait en France étaient assez limitées à ce que m’en disaient mes proches, les rares forums que je fréquentais, ainsi que quelques sites des grands journaux, en gros.
Et l’ironie de la chose, c’est que, pour le deuxième tour, l’abstention a baissé et le nombre de votants pour Le Pen a augmenté. Y a-t-il rapport de cause à effet ? Difficile à dire, mais je pense que non, que cette progression de Le Pen entre les deux tours est due au report de voix de Mégret.
Par contre, depuis 2002, point de doutes, les deux courbes se suivent en parallèle. Attention toutefois, corrélation ne veut pas forcément dire causation – c’est même pour cela qu’analyser des données est un exercice difficile. Quoiqu’il en soit, s’il y a eu une baisse des deux en 2007, les deux montent de manière régulière depuis.
Je me trompe peut-être, mais je pense que l’on peut expliquer la baisse de 2007 ainsi : Sarkozy ayant largement ratissé sur les terres et thèmes du FN, il a réussi à récolter un certain nombre de ses voix d’un côté. Et de l’autre, le battage médiatique fait contre l’abstention depuis 2002 a porté ses fruits pour les élections de 2007.
Mais depuis, les deux remontent régulièrement (si on se limite aux présidentielles, si on suit la courbe de toutes les élections, c’est une autre histoire, cf plus haut). Toutefois, j’ai du mal à voir comment la monter de l’un puisse entraîner la montée de l’autre.
Je sais que dans ce déjà trop long texte je veux à tout prix essayer d’éviter les suppositions et autres conjectures mais je vais devoir ici m’avouer vaincu et me laisser aller à certaines.
Première supposition : Je ne pense pas que l’une cause l’autre, mais je pense que les deux ont la même cause. En gros, un dégoût de la politique telle qu’elle se fait depuis longtemps et de plus en plus. Celle qui fait dire à certains « Tous pourris ! » Celle qui fait que d’autres vont se jeter sur n’importe quel candidat estampillé « nouveau » quelles que soient les choses qui se cachent derrière ce candidat (oui, je fais allusion à Macron). Celle qui fait qu’on puisse se dire que voter ne sert plus à rien. Celle qui fait qu’on est prêt à écouter n’importe quelle personne prétendant s’adresser à vous, elle au moins, contrairement aux autres, même si elle s’appelle Marine Le Pen et qu’on est issu d’un milieu ouvrier, traditionnellement ancré à gauche, et que jamais on se serait cru voter pour elle un jour.
Si on rajoute les politiques menées ces dernières années toujours plus inspirées de l’extrême-droite (de Sarkozy à Valls), là aussi, ne plus vouloir voter, ou vouloir préférer l’original à ces opportunistes est compréhensible.
Donc personnellement (je me réserve le droit de me tromper), je ne pense pas qu’il y ait lien de cause à effet entre abstention et vote Le Pen, mais que l’augmentation ou la baisse des deux lors des élections présidentielles à la même cause : une certaine oligarchie toujours plus puissante, toujours au détriment des classes économiquement inférieures de la population.
Deuxième supposition, peut-être un peu alambiquée : nous avons vu que cette corrélation apparaît après le premier tour de 2002, donc après toutes ces attaques parfois assez violentes contre les abstentionnistes (un peu comme en ce moment quoi). Le Français est parfois tête de lard et a très souvent l’esprit de contradiction. Et si certains hésitant entre voter et s’abstenir, lors d’élections présidentielles, décidaient finalement de s’abstenir, essentiellement agacés par tous les donneurs de leçons lui disant que s’abstenir c’était très mal, presque plus mal que de voter Le Pen (vu comment ils se font plus attaquer que les électeurs de Le Pen, il y a de quoi se poser la question). Et si « l’abstention fait monter le FN ! » était en fait une prophétie auto-réalisatrice ?
Je n’ose le croire et pourtant…
Je vais bientôt terminer cette analyse qui est déjà bien trop longue avec quelques graphes de plus, qui pourraient être instructifs (sur notre sujet ou un autre)… ou pas…
Celui-là résume un peu le tout : en noir l’évolution du nombre de personnes votant FN depuis 1994, en bleu-ciel, le nombre de gens votant pour quelqu’un d’autre et en rouge le nombre d’inscrits ne votant pas.
Ce graphe n’est pas indicateur de grand-chose sinon d’une chose. L’abstention différenciée invoquée plus haut sembler exister à un niveau et un seul : l’électorat FN se déplace aux urnes de manière relativement régulière quelle que soit l’élection, les autres électeurs s’intéressent surtout aux présidentielles. Donc si on compare une élection non-présidentielle avec une élection présidentielle dans leurs successions, oui, on peut peut-être parler d’abstention différenciée. Mais nous avons déjà vu qu’il valait mieux traiter le cas des présidentielles un peu à part.
Le graphe suivant découpe l’électorat entre pourcentage des inscrits qui votent FN (noir), qui s’abstiennent (rouge) et qui vote pour quelqu’un d’autre (bleu dégradé).
Bon, pas trop grand chose à tirer de ce graphe qui n’a déjà été dit. Il s’agit juste d’un graphe plus satisfaisant que le tout premier de ce post, puisqu’ici tous les pourcentages (vote FN et abstention) sont exprimés en pourcentages d’inscrits. Nous y voyons ce que nous avions déjà vu : quand l’abstention baisse, le pourcentage de gens votant FN augmente.
Pour le prochain graphe, nous restons dans les pourcentages d’électeurs inscrits mais en nous concentrant sur les Présidentielles :
Celui-ci, c’est un peu le même, mais avec un nombre d’électeurs :
Ces deux derniers graphes reprennent plus ou moins les informations de notre troisième courbe, sauf qu’ils la modèrent un peu. Certes, il y a augmentation et du vote FN et de l’abstention pour les Présidentielles depuis 2007, mais cette progression n’est pas si forte que ça finalement, et l’abstention progresse plus que le Front National. Donc la relation de cause a effet n’est pas du tout prouvée.
Nous y arrivons enfin.
Qu’avons-nous appris ?
Que de manière générale, une forte abstention ne cause pas une augmentation du vote du Front National. C’est même en fait le contraire qu’il se passe en général et à l’exception des élections présidentielles.
Pour celles-ci, depuis 2007, mais depuis 2007 seulement (et donc pas en 2002, il faut le souligner encore et encore), il y a une certaine augmentation, et de l’abstention, et du vote FN, mais le lien entre les deux semble plutôt être une cause commune aux deux phénomènes, surtout que l’abstention augmente plus vite que le vote FN.
Voila, si tout cela vous a intéressé, la meilleure façon de montrer votre reconnaissance c’est de partager ce post autour de vous.
Si vous trouvez des erreurs, soit dans mes graphes, soit dans mes raisonnements, n’hésitez pas à les signaler et je corrigerai (ou pas, si c’est vous qui vous trompez).
Si vous souhaitez utiliser certains de ces graphes sur votre propre site, n’hésitez pas, mais à condition de nommer votre source (le site www.swamp.fr donc avec un lien vers ce post-ci – pas la homepage du site). Merci d’avance.
Le premier tour des élections présidentielles est passé.
La messe est dite.
Et l’homme a abattre est…
Euh… Quoi ?!
M’aurait-on mal informé ?
Est-il au second tour ?
Bon, qu’on l’ait descendu comme on l’a descendu avant le premier tour, je comprends. C’est dégueulasse, mais je comprends. Un candidat dont le but est de lutter contre l’oligarchie, et qui soudain à de bonnes chances d’atteindre le second tour, normal que les représentants, porte-paroles et autres suppôts de celle-ci ait voulu protéger leurs chefs. Ils l’ont dit attaqué de toute part, en disant tout et n’importe quoi sur lui. Surtout n’importe quoi…
Ce qui est plus triste, par contre, c’est le nombre de gens qui croient encore la propagande des éditorialistes professionnels qui, omniprésents dans les médias, pourrissent l’esprit de la population depuis plusieurs décennies maintenant.
Et ils sont vraiment passés à la vitesse supérieure ces dernières années quand presque tous les médias se sont retrouvés achetés par une poignée de milliardaires. Leur boulot maintenant, ce n’est plus de commenter l’actualité, c’est de former l’esprit des gens à accepter avec le sourire leur oppression toujours plus grande, le fait que les pouvoirs financiers contrôlent désormais les pouvoirs politiques et plus le contraire.
Vous vous souvenez à quoi c’est censé servir un leader en démocratie ? Entre autres choses, à contrôler l’économie… Quoi ? Vous l’aviez oublié ? C’est que les médias ont très bien fait leur travail alors.
Je comprends que les moins de trente ans me regardent avec de gros yeux incrédules quand je dis ça…
Et donc, ils ont passé leur campagne du premier tour, bien entendu à faire de la pub pour leur poulain, mais surtout à s’attaquer à leur ennemi – et vous aurez remarqué que ce n’était pas Marine Le Pen leur ennemi. Il ne fallait surtout pas que Mélenchon atteignent le second tour, mais Le Pen, ça ne les dérangeait pas.
Au contraire !
Ils la voulaient, ils l’espéraient au second tour la nazillonne !
Souvenirs de 2002 et d’un 82.21% qui leur fait faire à tous de doux rêves mouillés une fois la nuit tombée.
La messe est donc dite, et pourtant, le terrible et impardonnable Jean-Luc Mélenchon reste l’homme à abattre du deuxième tour.
Mais que lui reproche-t-on donc exactement ?
Tout d’abord :
J’avoue quand j’ai entendu ça, les bras m’en sont tombés. Euh « ça », c’est pas le fait qu’il n’ait pas donné de consignes, hein, c’est le fait qu’on le lui reproche.
Personnellement, j’ai toujours trouvé l’exercice de la consigne de vote des perdants pour les qualifiés au second tour un peu insultant envers les électeurs. « Viens ici petit électeur qui a voté pour moi mais qui est maintenant perdu et confus quant au second tour. Viens sur mes genoux mon petit, je vais te dire pour qui voter parce que tu n’es pas capable de penser par toi même. »
Ça pue le paternalisme, le culte du chef et bien d’autres sentiments tout aussi nauséabonds.
Mélenchon n’a pas de consigne de vote tout simplement parce qu’il respecte ses électeurs, il les considère comme des gens capables de réflexion et capables de décider par eux-mêmes que faire face à ce choix qui n’en est pas un et qui nous incombe aujourd’hui. Il n’est pas leur chef – un président ne devrait pas être le chef du peuple, un candidat malheureux à une élection, encore moins. Il l’a compris, ses électeurs aussi. Ils ne lui doivent rien, et surtout pas lui obéir au doigt et à l’œil.
Ne pas comprendre ça, c’est tout simplement ne rien avoir compris au programme et à la démarche de Mélenchon depuis le début de sa campagne. Ne pas les avoir compris, ou ne pas s’y être intéressé ? Baser toute son opinion de l’homme sur les dires d’autres, de nos chers éditorialistes professionnels par exemple ?
Mais cela ne s’arrête pas là, non.
Alors certes, on accepte (ou fait semblant d’accepter) qu’il ne veuille pas donner de consignes de vote, mais :
Et ça c’est inacceptable pour nos donneurs de leçons ! Le cuistre ! Ne pas dire pour qui il va voter ! Quelle indécence ! On insinue même qu’il serait capable de voter Le Pen, rendez-vous compte !
Non, mais halte au sketch comme dirait un ami.
Pourquoi faudrait-il qu’il dise pour qui il va voter ? Depuis quand cela est-il devenu obligatoire ?
Et que voulez-vous qu’il vous réponde ?
Et quelle que soit la réponse qu’il donne, on la retournera contre lui :
Vous noterez que je n’ai pas mis « Voter Le Pen » dans ma liste. Ne me dites pas qu’il est concevable ne serait-ce qu’une seule seconde que Mélenchon puisse voter Le Pen. Si vous l’imaginez, c’est que vraiment vous ne connaissez ou ne comprenez donc rien au bonhomme.
Bref, ces attaques contre Mélenchon sont aussi minables qu’infondées.
Mais au fait, pourquoi existent-elles donc ?
C’est assez simple, et ce sera le sujet de mon prochain post (avant le deuxième tour espérons).
Dimanche prochain au soir, celui ou celle qui sera élu(e) président(e) aura gagné une bataille, une bataille majeure, décisive, mais il ou elle n’aura pourtant pas gagné la guerre, loin de là.
Pour gagner la guerre, il faut gagner les législatives. Mais voila, à ce moment-là, Mélenchon pourrait bel et bien faire dérailler le train de la victoire de notre futur président. Il est donc important pour les bras armés et les porte-paroles de l’oligarchie de ne pas perdre de temps pour essayer de discréditer celui qui est en train devenir le leader de l’opposition.
Donc, ces attaques contre Mélenchon, aujourd’hui, entre les deux tours, alors qu’il n’y est pas qualifié, c’est la campagne des législatives qui a déjà commencé.
Voila, aujourd’hui, c’est jour d’élections en France.
Je voulais encore poster quelques mots sur la chose avant les faits, mais pas le temps, pas l’envie. Ces élections me laissent vraiment un drôle de goût dans la bouche quand je vois que 70% des Français semblent être prêts à vouloir d’un(e) président(e) qui soit criminel, imposteur, crapule, fasciste, baudruche, oligarchique, raciste, petit cadre sup’, j’en passe et des meilleures (rayer les mentions inutiles selon que vous votiez Macron, Le Pen ou Fillon). Dans tous les cas, il s’agit d’une personne qui n’a pas l’intérêt du peuple français dans ses intentions.
Mais un peu de baume au cœur quand même quand on voit que quelqu’un avec des idées qui pourraient vraiment changer les choses pour le mieux à des chances (même minimes) d’aller au second tour.
On verra.
Et puis surtout, n’oubliez pas que tout ne se joue pas à ces élections-ci, mais qu’il reste les législatives qui vont revêtir une importance toute particulière cette année, vu qu’il y a de grandes chances que le président élu ne dispose de toutes façons pas de majorité absolue à l’assemblée.
Je reviendrai dessus… ou pas…
En attendant, je vous laisse avec des affiches d’une autre époque, histoire de:
Bon, c’est bien beau ce qu’il se passe aux US (non pas du tout en fait, j’en fais presque des cauchemars la nuit), mais il faudrait pas oublier qu’il y a une élection majeure qui approche du côté de chez nous, et que là aussi, il n’y a pas de quoi rigoler.
Aujourd’hui, je vais partager avec vous mes impressions sur les candidats principaux, que vous les vouliez ou non. (oui bon, si vous ne les voulez pas, rien ne vous empêche de lire)
Et comme vous savez que parfois, j’aime bien représenter nos chers dirigeants (et ceux qui voudraient bien le devenir) sous forme de Lego, j’en profite aussi pour vous présenter mes premières tentatives avec nos aspirants à la présidence (et ne venez pas râler qu’ils ne sont pas ressemblants, je détaille le pourquoi du comment à la fin du post).
Commençons par (pour ne pas faire de favoritisme, j’ai choisi l’ordre alphabétique de leurs prénoms, ne me demandez pas pourquoi)
J’avoue, je l’aime bien Benoît Hamon. Un des rares mecs du PS qui soit encore à gauche. Plutôt honnête, probablement intègre. Le fait même que sa victoire des primaires provoque une fuite de rats qui ont décidé de quitter le navire (vous savez, tous les traîtres du PS qui ont renié tous leurs idéaux et tué le socialisme au cours des dernières années) me le rend encore plus sympathique. Mais voila, s’il est élu, certains de ces rats vont revenir au pouvoir d’une façon ou d’une autre. Et puis je pense que pour qu’il y ait un vrai renouveau de la gauche en France, il faut passer d’abord par la mort du PS. Et paradoxalement, même si – comme toute personne un peu censée – je me suis réjoui de la défaite de cet enfoiré de Manuel Valls (il doit rester un fond de bouteille de champagne au frigo, je pense), si on y réfléchit un peu, il aurait peut-être mieux valu qu’il la gagne cette primaire.
Je m’explique.
Avec un Valls candidat, non seulement il se serait pris une grosse gamelle, mais en plus il aurait affaibli Macron, les deux marchants plus ou moins sur les plates bandes de l’autre.
Là, tout le Valls Fan Club va aller voter pour Macron, et Hamon, non seulement n’a aucune chance d’aller au deuxième tour, mais en plus il va siphonner certaines des voix (les vrais électeurs de gauche) dont Mélenchon aurait bénéficié si Valls avait été le candidat du PS.
J’y reviendrai dans quelques lignes.
Je vous avoue, les bras m’en tombent. Comment ce mec sorti de nulle part (façon de parler, puisqu’il sort de la banque des Rothschild) sans aucune expérience politique et dont le seul fait d’armes au gouvernement est d’avoir salement endommagé le droit du travail (vous savez les lois qui protègent le peuple et qui l’évite de trop se faire exploiter par les puissants) peut-il être soudain si populaire au point qu’il pourrait bien devenir notre futur président ?
Les électeurs sont-ils si cons que ça ? Tout chez lui ressemble à une mauvaise blague. Je veux dire, le mec a osé sortir un bouquin qui s’appelle « Révolution. » Et les gens gobent ? Hors système dites-vous ?
Ah, le « système » on aime bien l’attaquer et lui mettre tout sur le dos, mais demandez aux mêmes gens qui le détestent tant de vous de définir ce système, et ils vont soudain devenir bien silencieux.
Allez, disons que le « système » c’est plus ou moins l’oligarchie. Oligarchie est certainement un mot trop savant pour pas mal de gens ; système on comprend mieux (personnellement, je trouve le sens de ce terme un peu trop vague et un peu trop fourre-tout).
Donc je reprends, le mec, il est banquier des Rothschild (rien que ça déjà, il devrait y avoir des sirènes qui commencent à clignoter et à sonner, non ?). Au gouvernement, il fait une loi sur mesure pour faire faire des rêves mouillés au Medef. Et puis il y a les petits trucs par ci par là, comme la fois, il y a quelques mois où il avait pris de haut un mec parce que ce dernier n’avait pas de costume…
Et il y a quelques jours, il a tenu un meeting où il a dit :
« Je ne veux plus entendre autre chose que ‘L’important, c’est de travailler’ »
Sérieux ?
Alors déjà, mettre la valeur travail sur un piédestal, c’est une meilleure façon de maintenir le peuple en servitude docile (les meilleurs esclaves sont ceux qui ne réalisent même pas qu’ils sont esclaves), mais là, je suis presque sans voix… Et ensuite, il va nous sortir quoi ? Qu’après le travail, les choses les plus importantes sont la famille et la patrie ?
Je ne vous parle même pas de l’absence de programme, et les rares bribes de contenu qu’il veut bien annoncer ont de drôles de relents des promesses de campagne d’un certain nabot au printemps 2007.
Et le pire c’est qu’avec la chute du Père Fillon, il a de grandes chances d’être élu.
Par contre, un truc qui m’intrigue, c’est qu’une fois à l’Élysée, il n’aura certainement pas beaucoup de mal à former un gouvernement, mais pour pouvoir gouverner, il faut aussi une majorité à l’Assemblée Nationale. Comment va-t-il l’obtenir avec son parti tout nouveau tout beau ? Pourra-t-il même présenter des candidats dans toutes les circonscriptions ?
Ou bien pour la première fois (?) de la Cinquième République, la France va-t-elle découvrir le concept de négociations et de compromis entre partis pour pouvoir rendre le pays gouvernable ? (je ne suis pas trop optimiste sur ce dernier point).
Alors Mélenchon c’est compliqué.
Honnêtement, si je votais à ces prochaines élections (je ne voterai pas pour tout un tas de raisons, et ça me chagrine bien, croyez-le) je pense que je voterai pour lui sans beaucoup trop d’hésitations.
Il est le seul vrai candidat de gauche avec un vrai programme réaliste, bénéficiant le peuple à l’encontre de l’oligarchie.
Et c’est là tout son problème. Il est à peu près vraiment « anti-système » et le système le sait. Du coup, le système fait tout pour le diaboliser.
C’est pas un hasard si depuis des mois, voire des années, il est classé comme d’extrême-gauche par de nombreux médias. Que l’on insiste toujours sur ses aspects les moins glorieux. Qu’on caricature systématiquement sa démarche. Qu’on ne discute jamais le fond de son programme, et ce genre de choses.
Parmi tous les candidats ayant la moindre chance de s’approcher du pouvoir, il est le seul qui veut vraiment s’attaquer à l’ordre établi pour redonner le pouvoir au peuple. Et ça, l’oligarchie ne peut l’accepter.
Et si vous avez des doutes sur ce que je dis (parce que je sais que vous avez des doutes, ils ont bien été plantés partout dans les médias de droite et de « gauche » depuis longtemps), honnêtement lisez son programme. Faites-le, pour de vrai. Et dites moi ce qui vous pose problème dedans.
Tiens d’ailleurs, si j’ai le temps avant les élections, j’essaierai de le décortiquer ici.
Maintenant, le Mélenchon, il y a un truc qui m’agace chez lui, surtout là tout de suite, c’est qu’il peut vraiment être une tête de pioche. S’il y a encore quelques semaines il avait une petite chance d’aller au second tour, ces chances se sont envolées avec la victoire de Hamon aux primaires du PS (auxquelles il aurait peut-être dû participer, mais là aussi, il a fait sa tête de pioche). Le truc censé et adulte à faire, c’est de commencer à discuter avec Hamon pour voir s’il y a moyen de moyenner. J’ai même cru comprendre que Hamon ne serait pas contre. Mélenchon, si. Lui, il est contre. Eh bien soit, Jean-Luc, mais là, tu vois, ce que ça me dit ce genre de comportement, c’est que tu préfères un guignol ou une crapule à l’Élysée plutôt que d’accepter de composer avec les cartes qui te sont données pour le bien du plus grand nombre.
Pas cool, Jean-Luc, pas cool du tout.
Première dans les sondages en ce moment ? Mais qu’arrive-t-il à mon pays ?
Personnellement, j’aime bien l’idée de la démocratie (même si je préfère de loin la démocratie directe à la représentative qu’on nous a refourgué en France en voulant nous faire croire que c’est la seule possible) : une personne un vote, tout ça.
Mais je ne peux croire que tant de Français soient racistes et xénophobes.
Ce que je peux croire par contre, c’est qu’ils soient vraiment pas très malins et qu’il est facile de les embobiner.
Depuis quelques semaines, (plus ou moins depuis l’élection de Trump, les deux électorats se ressemblant pas mal quand même), il m’arrive parfois d’écouter ce que les fans de Le Pen ont à dire. Oui, oui, j’ai consciemment décidé de faire cet effort. En général, ça peut se résumer à « ils sont tous pourris, alors au moins avec Le Pen, vu qu’elle a jamais été au pouvoir, elle est moins pourrie et puis ça mettra un grand coup de pied dans la fourmilière. »
Par où commencer ? Par le « tous pourris » peut-être. Ça c’est un truc qui m’a toujours soûlé. Non, putain, ils sont pas « tous pourris ». Oui, il y en a plein de pourris, mais c’est pas tous. Voila, ce raccourci de pensée, cette non-pensée même, est ce qui me fait douter sur le bien fondé du droit de vote pour tout les citoyens. Enfin, bon, c’est un autre débat.
Juste un petit lien parlant de quel parti est le plus « pourri » en France (vous allez être surpris(es)).
Ensuite, le « coup de pied dans la fourmilière » comment expliquer ? La fourmilière elle est en général salement endommagée après avoir reçu un coup de pied.
Tenez, j’ai une autre métaphore pour vous : « si votre chien de berger est malade, vous allez le remplacer par le loup pour garder les moutons, vous ? »
Moi non plus. Et pourtant, vous allez vous apprêter à voter Le Pen.
Et si vous voulez voter pour elle pour donner une leçon aux autres, mais au fond de vous, vous ne voulez pas qu’elle soit élue, j’ai une fois de plus deux mots pour vous : « Donald Trump ».
Réfléchissez-y bien.
Et puis merde, notre pays est loin d’être parfait, mais il a une des plus belles devises du monde ! Non ? Je sais, la liberté, l’égalité et surtout la fraternité sont vraiment mises à mal ces derniers temps, mais est-ce une raison pour voter pour quelqu’un qui veut se débarrasser des trois ?
Il est fini là ? Il va pas pouvoir survivre (politiquement) à ce qui est en train de lui arriver.
Il est de l’histoire ancienne, n’est-ce pas ?
Au moment où je tape ces lignes, il est en train de faire une conférence de presse dans laquelle il s’accroche, encore et toujours, et dans laquelle il s’enfonce, toujours un peu plus.
Non sérieux, le mec est complètement grillé, mais il ne se retire pas ?
Certes, mais je n’imagine pas une seule seconde les Républicains partir aux Présidentielles sans un candidat qui soit « viable ».
Que va-t-il se passer avec eux ? Mystère…
Une dernière note sur les Lego : comme je disais au début du post, je vais retenter quelques « caricatures / dessins de presse » en Lego. Je ne sais pas si ça marchera ou pas. J’ai l’impression d’avoir eu des résultats plutôt mitigés jusqu’à présent (mais j’aimais bien celui-là). Pour l’instant, je cherche surtout le bon look pour chacun, on est encore loin de résultats probants pour la majorité d’entre eux. Mais si Sarkozy, Hollande et même Valls n’avait pas été trop difficiles à recréer ainsi, j’avoue que pour Hamon et Mélenchon, ça va être très difficile (pas vraiment de traits prononcés pour Hamon, ses cheveux inexistants en Lego, et difficile de faire un Mélenchon « ressemblant » avec les pièces existantes, j’en ai peur). J’aime bien mon Macron là tout de suite. Fillon je n’ai pas pu faire, alors qu’il est finalement le plus facile à reconstituer des cinq (mais comme il me manque les bonnes pièces, je mise sur le fait qu’il ne me sera pas nécessaire de le faire). Le Pen, je l’ai faite il y a un moment, je n’y touche pas pour l’instant. (on m’informe qu’elle a changé de coiffure… oh well…)
Enfin, bon, je me pencherai sérieusement sur le vainqueur des élections, les autres, pas sûr qu’il y en ait besoin.
Et pour finir, je ne vais pas me risquer à un « pronostic. » Oui bon, tout d’abord, ce n’est pas du sport, mais surtout je sens que ces élections vont être assez imprévisibles. Depuis des mois, la messe était dite, Juppé était notre futur président. Puis en fait ce fut Fillon. Et puis blam, Fillon est grillé, ce qui semble mettre Macron en position de futur Président. Mais l’élection de Trump nous montre que nous ne sommes pas à l’abri d’une très grosse surprise (dans un sens ou dans l’autre). Mais il est aussi presque sûr que les Républicains n’ont pas dit leur dernier mot. 2017 c’était « leur » année, ils ne vont pas s’avouer vaincu. Espérons juste que ce bordel ne profite pas trop à Le Pen.
À suivre…
Salut.
Ouaip, enfin de retour. Du moins pour l’instant.
Mon silence de ces derniers mois ? Je pourrais l’attribuer à la faute à pas le temps, mais le fait est que si j’avais vraiment voulu, j’aurais pu.
Non, chais pas, c’est l’état du monde, là, qui me fout un coup.
Malgré toutes les merdes partout, depuis la nuit des temps, chais pas, je me disais que là, peut-être enfin, l’humanité commençait à réaliser que ça merdait grave, et qu’il fallait faire quelque chose… Depuis quelque temps, on semblait à l’abri de gros conflits mondiaux, voire même régionaux pour au moins quelques décennies de plus (à l’exception du Moyen-Orient, bien entendu ; là-bas, je sais juste pas comment les choses vont pouvoir se régler un jour). Le monde semblait enfin comprendre qu’agir contre les changements climatiques devenait une sacré priorité…
Et puis, début novembre 2016….
Honnêtement, j’ai encore un peu de mal à en parler clairement sans m’énerver.
Comment ces imbéciles, ces attardés mentaux à l’inculture crasse ont pu voter pour un être aussi répugnant, dangereux et pathétique ?
Je ne peux décolérer contre eux. Jamais je ne leur pardonnerai.
On peut analyser la victoire de l’étron orange de toutes les façons possibles et imaginables : Hillary a été nulle, Poutine a eu une influence (je vais y venir), l’abstentionnisme, au final, le fait est que plusieurs millions de personnes ont pensé qu’un tel homme avait sa place à la Maison Blanche.
Au final, c’est eux les responsables, les coupables, et personne d’autre.
Il n’y a pas de pardon possible.
Là, je commence à en entendre certains ici : “mais pourquoi tu es si en colère, après tout tu n’es pas américain, tu ne vis même plus aux États Unis depuis plus de 10 ans.”
Chers “certains”, j’ai peur que n’ayez pas vraiment prêté attention à ce qu’il vient de se passer.
Alors, trois choses.
La première est effectivement personnelle. J’ai longtemps vécu dans ce pays, j’y ai encore beaucoup d’attaches, et de nombreux amis qui vont énormément souffrir au cours des prochaines années.
Alors, certes, cette première raison est toute personnelle, mais les deux suivantes vous concernent tout autant que moi et le reste du monde.
Vous n’êtes pas sans ignorer que les États Unis sont la première puissance du monde et que son influence sur le reste de la planète est très grande dans bien des domaines. Comme disait je ne sais plus qui, “quand les États Unis s’enrhument c’est le monde entier qui éternue.” Quelles vont être les conséquences sur le monde entier d’un tel incapable aux commandes du pays ? Nul ne peut le dire, mais ça va pas être mieux que chez lui, voire pire.
La troisième chose, et c’est lié à la première, c’est que nous sommes à un moment charnière de l’histoire. Pas de l’histoire contemporaine, mais bien de l’histoire de l’humanité. Le réchauffement climatique entre dans une phase où si nous ne changeons pas nos modes de vie, tout particulièrement nos méthodes de production d’énergie de manière drastique, nous courrons à la catastrophe. Il est déjà impossible de l’empêcher. On peut encore en réduire les effets, mais bientôt, très bientôt, là, presque maintenant, il sera trop tard pour ça aussi. Et un énergumène qui dit que le changement climatique est un canular arrive à la tête du pays qui émet le plus de CO2 au monde et qui n’a qu’une intention : de maximiser l’utilisation des énergies fossiles.
Et c’est probablement la chose qui me met le plus en colère et qui me déprime.
Ces idiots du village qui l’ont mis au pouvoir vont peut-être tout simplement être la cause de la fin de l’humanité telle qu’elle existe, ils vont priver nos enfants d’une vie potable, voire même d’un futur. Mon fils commençait juste à marcher alors que ces imbéciles votaient pour ce porc orange. Je les tiens tous coupables de l’avenir qu’il n’aura peut-être pas. Ni lui, ni sa grande sœur, ni tous les autres enfants du monde.
Néanmoins, parce que je suis un incorrigible optimiste, je me dis qu’il y a encore un peu d’espoir. Il est clair maintenant que les jours des États Unis comme première puissance mondiale sont comptés. Et même, si les dégâts de cette chute vont être considérables, peut-être que la conséquence sera que les actes des climato-sceptiques américains deviendront insignifiants.
Mais c’est terrible d’en venir à souhaiter la chute d’un tel pays (et donc : la misère et la désolation pour ses habitants) pour espérer le futur le moins pire possible.
Le problème, et c’est là que la bât blesse, si les États Unis perdent leur statut de première puissance, le résultat ne sera pas celui que certains de mes connaissances anti-“impérialistes” imaginent un peu naïvement. Non, nous n’allons pas nous retrouver avec un monde multipartite et où chaque pays aura son mot à dire. La place laissée va vite être comblée : la Chine n’attend que ça… Elle l’a même annoncé toute en finesse et hypocrisie il y a quelques jours.
La Chine et…
Cela nous emmène au deuxième grand problème de cette sombre histoire : Vladimir Poutine.
Depuis quelques années, Poutine n’a plus qu’un but, celui de restaurer la place de la Russie sur la scène internationale, mais il n’y arrive pas, et n’y arrivera pas – je ne peux m’empêcher de citer une phrase d’Obama datant de décembre dernier et qui n’a pas eu le retentissement que j’imaginais :
They are a smaller country, they are a weaker country, their economy doesn’t produce anything that anybody wants to buy except oil and gas and arms. They don’t innovate.”
Je la traduis pour les réfractaires à l’anglais parmi vous : “Il s’agit d’un petit pays, d’un pays faible, leur économie ne produit rien que l’on puisse vouloir acheter sinon du pétrole, du gaz ou des armes. Ils ne savent pas innover.”
Obama a prononcé ces paroles avec un but clair : insulter Poutine, et nous savons tous que les meilleures insultes, celles qui font mal, sont celles qui disent la vérité.
Oui, Poutine rêve de grande Russie, mais il sait très bien au fond de lui que la Russie ne sera plus jamais grande. Depuis 17 ans qu’il a pris le pouvoir à Boris Eltsine, il a réussi peu à peu à asseoir son pouvoir personnel, et il est devenu à l’intérieur même du pays aussi puissant qu’un Tsar ou un Secrétaire Général du Parti de l’époque soviétique. La démocratie y est morte, sa main-mise sur le pays est totale. Mais il échoue encore et toujours à redonner à la Russie une place à la table des grands. Elle n’y est qu’à peine tolérée, et uniquement à cause de son arsenal nucléaire. Sans ce dernier, la majorité de la communauté internationale n’aurait que faire d’elle.
En conséquent, Poutine a décidé que si la Russie ne pouvait pas redevenir grande, alors il allait s’attaquer à la grandeur de ses adversaires et les diminuer autant que possible.
Vous voyez où je veux en venir.
Est-ce que Poutine a vraiment des documents compromettants sur les déviances sexuelles et financières de Donald Trump ? Ou bien est-ce que Trump est tout simplement un imbécile qui se laisse manipuler par Poutine ? Aucune idée au moment où j’écris sur ces lignes. Mais ça n’a aucune importance, le résultat est le même.
La façon dont Trump insulte, attaque et manque de respect a à peu près tout le monde sauf Poutine, me donne envie de penser à la première hypothèse, mais d’un autre côté, il est criblé de documents compromettants et très publics que le monde entier a vus et entendus, et aucun d’entre eux n’a arrêté son ascension.
Mais quoiqu’il en soit, le résultat c’est que Trump est cette espèce de version 21e siècle d’un Candidat Mandchou, il n’a pas encore agi sur la scène internationale (je n’ose imaginer les rencontres internationales entre gouvernants à venir) mais tout ce qu’il a dit pour l’instant, tout particulièrement ses attaques contre l’Union Européenne et l’OTAN semblent lui avoir été dictées mot pour mot par Poutine.
J’en entends qui ricanent en France, que c’est bien fait pour la gueule des USA, qu’eux aussi ont manipulé des tas d’élections dans d’autres pays à droite et à gauche. Ceux-là, n’ont donc rien compris, et si seulement ils dépassaient un peu leurs pensées mesquines et revanchardes pour essayer de voir une vision d’ensemble de la chose.
La vraie cible de la Russie n’est pas tant les États Unis que l’Europe. Affaiblir les États Unis, Poutine doit certainement en faire des rêves humides, mais pourtant ce n’est pas exactement son but premier.
Certes, c’est une douce vengeance 26 ans après l’effondrement de l’URSS, mais ce qui intéresse vraiment Poutine, c’est que la sphère d’influence des États Unis se réduise le plus possible, tout particulièrement en Europe.
Poutine veut tuer l’Union Européenne qui est en train de devenir son obstacle principal, plus encore que les US.
Plus tôt, je disais que la Russie ne pourra redevenir superpuissance mondiale comme l’URSS le fut, mais ce qu’elle peut faire, c’est au moins contrôler une région du globe et en faire son terrain de jeu. Cette région, c’est l’Europe.
Elle a déjà commencé à avancer ses pions. Souvenez-vous de la Georgie il y a quelques temps, et plus récemment de l’Ukraine.
La Georgie était une espèce de test. La communauté internationale l’a laissée faire. L’Ukraine c’était plus délicat, mais là aussi, ça a marché. La Russie a annexé une partie de l’Ukraine et que s’est-il passé ? Rien. Absolument rien. Le monde entier l’a laissé faire.
Il n’en faut pas plus à Poutine pour comprendre que les pays soit disant plus puissants que le sien n’oseront pas entraver sa route si ça ne va pas directement à l’encontre de leurs propres intérêts.
Il y a une chose que la Russie n’a n’a jamais digéré, c’est que certains des pays de sa sphère d’influence passée, voire pire, certaines anciennes républiques faisant partie de l’URSS font désormais partie de l’Union Européenne. Tout particulièrement la Pologne et les pays baltes.
Sa guerre d’influence sur le continent a déjà commencé, très subtilement jusqu’à présent, car les États Unis veillent encore au grain. Mais que va-t-il se passer bientôt ? Quand Trump aura affaibli les US, voire pire, remis en cause les alliances avec l’Europe, voire démantelé l’OTAN ?
Poutine va très certainement s’attaquer de plus en plus directement à l’Europe de l’Est.
Oh, pas avec des chars, du moins pas tout de suite.
Au fur et à mesure que les États Unis vont s’affaiblir et que l’Union Européenne va se désunir, attendez vous à voir de plus en plus d’agents provocateurs dans les pays baltes et en Pologne, en espérant que ces pays ne se retrouvent pas dans la situation de l’Ukraine où la Russie a pu faire son Anschluss sans que personne ne lui mette de bâtons dans les roues.
Comme je viens de l’énoncer, pour cela, la Russie a besoin d’un affaiblissement des États Unis, mais aussi un affaiblissement, voire une dislocation de l’Union Européenne. Cet affaiblissement a déjà démarré et presque toujours derrière, on retrouve la patte de Poutine qui agite ses petites marionnettes dans de nombreux pays, à commencer par les partis d’extrême-droite qu’il contrôle de plus en plus, à commencer par le FN et la mère Le Pen.
Attention, ils ne sont pas les seuls, même dans la droite plus traditionnelle, on retrouve des petits soldats de Poutine. Par exemple, si vous vous demandez ce que fait cette crapule de Thierry Mariani depuis qu’il a quitté le gouvernement en 2012, il s’occupe surtout de promouvoir la cause de Poutine dès qu’il le peut depuis son statut de député des Français à l’étranger de la Onzième circonscription, celle incluant la Russie et l’Ukraine, entre autres pays. Vous trouverez de très belles odes au dictateur russe dans son compte Twitter assez régulièrement. À croire que Poutine possède quelques Kompromat sur lui – quoiqu’il n’en a même pas vraiment besoin avec un être aussi veule.
Bref, la guerre menée par le Kremlin en Europe de l’Ouest est très pernicieuse car invisible. Comme au temps de la guerre froide, il s’agit bien d’une guerre idéologique, mais cette fois-ci, les deux camps ne sont pas séparés géographiquement. Au contraire, ils occupent les mêmes territoires. D’un côté, tout ce qui représente l’Occident aux yeux de Poutine : la tolérance, le multiculturalisme, le cosmopolitisme, le libéralisme (dans son sens original, c’est-à-dire prônant la diversité et les libertés individuelles). Ces choses-là, il les déteste, et c’est pour cela qu’il finance et aide de diverses manières les factions et individus politiques xénophobes, racistes, homophobes, sexistes, autoritaristes, et nationalistes.
C’est là que se situe la ligne de la ligne de front aujourd’hui, et ne vous y trompez pas, Poutine a pour but d’affaiblir nos démocraties déjà mal en point, et si elles pouvaient s’effondrer, il ne verrait pas ça d’un mauvais oeil. Il fera même tout ce qu’il peut pour y parvenir. Cette Europe de l’Ouest effrontée lui manque de respect depuis trop longtemps, mais sans les États Unis pour la protéger, et avec l’aide de ses petites marionnettes d’extrême-droite, il va bientôt être temps de s’en charger.
C’est aussi pour cela que l’élection de Trump est une catastrophe pour tous, même si vous n’avez que faire des États Unis, même si on arrive par miracle à mitiger les effets du réchauffement climatique.
Bref, pas de quoi ricaner…
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