Étiquette : Multiculturalisme

  • Bonne Année 2017 ? Je ne suis pas vraiment optimiste là dessus…

    Bonne Année 2017 ? Je ne suis pas vraiment optimiste là dessus…

    Salut.
    Ouaip, enfin de retour. Du moins pour l’instant.
    Mon silence de ces derniers mois ? Je pourrais l’attribuer à la faute à pas le temps, mais le fait est que si j’avais vraiment voulu, j’aurais pu.
    Non, chais pas, c’est l’état du monde, là, qui me fout un coup.

    Malgré toutes les merdes partout, depuis la nuit des temps, chais pas, je me disais que là, peut-être enfin, l’humanité commençait à réaliser que ça merdait grave, et qu’il fallait faire quelque chose… Depuis quelque temps, on semblait à l’abri de gros conflits mondiaux, voire même régionaux pour au moins quelques décennies de plus (à l’exception du Moyen-Orient, bien entendu ; là-bas, je sais juste pas comment les choses vont pouvoir se régler un jour). Le monde semblait enfin comprendre qu’agir contre les changements climatiques devenait une sacré priorité…

    Et puis, début novembre 2016….

    Trump…

    Honnêtement, j’ai encore un peu de mal à en parler clairement sans m’énerver.
    Comment ces imbéciles, ces attardés mentaux à l’inculture crasse ont pu voter pour un être aussi répugnant, dangereux et pathétique ?

    Je ne peux décolérer contre eux. Jamais je ne leur pardonnerai.
    On peut analyser la victoire de l’étron orange de toutes les façons possibles et imaginables : Hillary a été nulle, Poutine a eu une influence (je vais y venir), l’abstentionnisme, au final, le fait est que plusieurs millions de personnes ont pensé qu’un tel homme avait sa place à la Maison Blanche.

    Au final, c’est eux les responsables, les coupables, et personne d’autre.
    Il n’y a pas de pardon possible.

    Là, je commence à en entendre certains ici : “mais pourquoi tu es si en colère, après tout tu n’es pas américain, tu ne vis même plus aux États Unis depuis plus de 10 ans.”

    Chers “certains”, j’ai peur que n’ayez pas vraiment prêté attention à ce qu’il vient de se passer.

    Alors, trois choses.
    La première est effectivement personnelle. J’ai longtemps vécu dans ce pays, j’y ai encore beaucoup d’attaches, et de nombreux amis qui vont énormément souffrir au cours des prochaines années.

    Alors, certes, cette première raison est toute personnelle, mais les deux suivantes vous concernent tout autant que moi et le reste du monde.
    Vous n’êtes pas sans ignorer que les États Unis sont la première puissance du monde et que son influence sur le reste de la planète est très grande dans bien des domaines. Comme disait je ne sais plus qui, “quand les États Unis s’enrhument c’est le monde entier qui éternue.” Quelles vont être les conséquences sur le monde entier d’un tel incapable aux commandes du pays ? Nul ne peut le dire, mais ça va pas être mieux que chez lui, voire pire.

    La troisième chose, et c’est lié à la première, c’est que nous sommes à un moment charnière de l’histoire. Pas de l’histoire contemporaine, mais bien de l’histoire de l’humanité. Le réchauffement climatique entre dans une phase où si nous ne changeons pas nos modes de vie, tout particulièrement nos méthodes de production d’énergie de manière drastique, nous courrons à la catastrophe. Il est déjà impossible de l’empêcher. On peut encore en réduire les effets, mais bientôt, très bientôt, là, presque maintenant, il sera trop tard pour ça aussi. Et un énergumène qui dit que le changement climatique est un canular arrive à la tête du pays qui émet le plus de CO2 au monde et qui n’a qu’une intention : de maximiser l’utilisation des énergies fossiles.

    Et c’est probablement la chose qui me met le plus en colère et qui me déprime.

    Ces idiots du village qui l’ont mis au pouvoir vont peut-être tout simplement être la cause de la fin de l’humanité telle qu’elle existe, ils vont priver nos enfants d’une vie potable, voire même d’un futur. Mon fils commençait juste à marcher alors que ces imbéciles votaient pour ce porc orange. Je les tiens tous coupables de l’avenir qu’il n’aura peut-être pas. Ni lui, ni sa grande sœur, ni tous les autres enfants du monde.

    Néanmoins, parce que je suis un incorrigible optimiste, je me dis qu’il y a encore un peu d’espoir. Il est clair maintenant que les jours des États Unis comme première puissance mondiale sont comptés. Et même, si les dégâts de cette chute vont être considérables, peut-être que la conséquence sera que les actes des climato-sceptiques américains deviendront insignifiants.
    Mais c’est terrible d’en venir à souhaiter la chute d’un tel pays (et donc : la misère et la désolation pour ses habitants) pour espérer le futur le moins pire possible.

    Le problème, et c’est là que la bât blesse, si les États Unis perdent leur statut de première puissance, le résultat ne sera pas celui que certains de mes connaissances anti-“impérialistes” imaginent un peu naïvement. Non, nous n’allons pas nous retrouver avec un monde multipartite et où chaque pays aura son mot à dire. La place laissée va vite être comblée : la Chine n’attend que ça… Elle l’a même annoncé toute en finesse et hypocrisie il y a quelques jours.

    La Chine et…

    La Russie…

    Cela nous emmène au deuxième grand problème de cette sombre histoire : Vladimir Poutine.

    Depuis quelques années, Poutine n’a plus qu’un but, celui de restaurer la place de la Russie sur la scène internationale, mais il n’y arrive pas, et n’y arrivera pas – je ne peux m’empêcher de citer une phrase d’Obama datant de décembre dernier et qui n’a pas eu le retentissement que j’imaginais :

    They are a smaller country, they are a weaker country, their economy doesn’t produce anything that anybody wants to buy except oil and gas and arms. They don’t innovate.”

    Je la traduis pour les réfractaires à l’anglais parmi vous : “Il s’agit d’un petit pays, d’un pays faible, leur économie ne produit rien que l’on puisse vouloir acheter sinon du pétrole, du gaz ou des armes. Ils ne savent pas innover.”

    Obama a prononcé ces paroles avec un but clair : insulter Poutine, et nous savons tous que les meilleures insultes, celles qui font mal, sont celles qui disent la vérité.

    Oui, Poutine rêve de grande Russie, mais il sait très bien au fond de lui que la Russie ne sera plus jamais grande. Depuis 17 ans qu’il a pris le pouvoir à Boris Eltsine, il a réussi peu à peu à asseoir son pouvoir personnel, et il est devenu à l’intérieur même du pays aussi puissant qu’un Tsar ou un Secrétaire Général du Parti de l’époque soviétique. La démocratie y est morte, sa main-mise sur le pays est totale. Mais il échoue encore et toujours à redonner à la Russie une place à la table des grands. Elle n’y est qu’à peine tolérée, et uniquement à cause de son arsenal nucléaire. Sans ce dernier, la majorité de la communauté internationale n’aurait que faire d’elle.

    En conséquent, Poutine a décidé que si la Russie ne pouvait pas redevenir grande, alors il allait s’attaquer à la grandeur de ses adversaires et les diminuer autant que possible.

    Vous voyez où je veux en venir.

    Est-ce que Poutine a vraiment des documents compromettants sur les déviances sexuelles et financières de Donald Trump ? Ou bien est-ce que Trump est tout simplement un imbécile qui se laisse manipuler par Poutine ? Aucune idée au moment où j’écris sur ces lignes. Mais ça n’a aucune importance, le résultat est le même.
    La façon dont Trump insulte, attaque et manque de respect a à peu près tout le monde sauf Poutine, me donne envie de penser à la première hypothèse, mais d’un autre côté, il est criblé de documents compromettants et très publics que le monde entier a vus et entendus, et aucun d’entre eux n’a arrêté son ascension.
    Mais quoiqu’il en soit, le résultat c’est que Trump est cette espèce de version 21e siècle d’un Candidat Mandchou, il n’a pas encore agi sur la scène internationale (je n’ose imaginer les rencontres internationales entre gouvernants à venir) mais tout ce qu’il a dit pour l’instant, tout particulièrement ses attaques contre l’Union Européenne et l’OTAN semblent lui avoir été dictées mot pour mot par Poutine.

    J’en entends qui ricanent en France, que c’est bien fait pour la gueule des USA, qu’eux aussi ont manipulé des tas d’élections dans d’autres pays à droite et à gauche. Ceux-là, n’ont donc rien compris, et si seulement ils dépassaient un peu leurs pensées mesquines et revanchardes pour essayer de voir une vision d’ensemble de la chose.

    La vraie cible de la Russie n’est pas tant les États Unis que l’Europe. Affaiblir les États Unis, Poutine doit certainement en faire des rêves humides, mais pourtant ce n’est pas exactement son but premier.

    Certes, c’est une douce vengeance 26 ans après l’effondrement de l’URSS, mais ce qui intéresse vraiment Poutine, c’est que la sphère d’influence des États Unis se réduise le plus possible, tout particulièrement en Europe.

    Poutine veut tuer l’Union Européenne qui est en train de devenir son obstacle principal, plus encore que les US.
    Plus tôt, je disais que la Russie ne pourra redevenir superpuissance mondiale comme l’URSS le fut, mais ce qu’elle peut faire, c’est au moins contrôler une région du globe et en faire son terrain de jeu. Cette région, c’est l’Europe.
    Elle a déjà commencé à avancer ses pions. Souvenez-vous de la Georgie il y a quelques temps, et plus récemment de l’Ukraine.
    La Georgie était une espèce de test. La communauté internationale l’a laissée faire. L’Ukraine c’était plus délicat, mais là aussi, ça a marché. La Russie a annexé une partie de l’Ukraine et que s’est-il passé ? Rien. Absolument rien. Le monde entier l’a laissé faire.

    Il n’en faut pas plus à Poutine pour comprendre que les pays soit disant plus puissants que le sien n’oseront pas entraver sa route si ça ne va pas directement à l’encontre de leurs propres intérêts.

    Il y a une chose que la Russie n’a n’a jamais digéré, c’est que certains des pays de sa sphère d’influence passée, voire pire, certaines anciennes républiques faisant partie de l’URSS font désormais partie de l’Union Européenne. Tout particulièrement la Pologne et les pays baltes.

    Sa guerre d’influence sur le continent a déjà commencé, très subtilement jusqu’à présent, car les États Unis veillent encore au grain. Mais que va-t-il se passer bientôt ? Quand Trump aura affaibli les US, voire pire, remis en cause les alliances avec l’Europe, voire démantelé l’OTAN ?
    Poutine va très certainement s’attaquer de plus en plus directement à l’Europe de l’Est.

    Oh, pas avec des chars, du moins pas tout de suite.

    Au fur et à mesure que les États Unis vont s’affaiblir et que l’Union Européenne va se désunir, attendez vous à voir de plus en plus d’agents provocateurs dans les pays baltes et en Pologne, en espérant que ces pays ne se retrouvent pas dans la situation de l’Ukraine où la Russie a pu faire son Anschluss sans que personne ne lui mette de bâtons dans les roues.

    Comme je viens de l’énoncer, pour cela, la Russie a besoin d’un affaiblissement des États Unis, mais aussi un affaiblissement, voire une dislocation de l’Union Européenne. Cet affaiblissement a déjà démarré et presque toujours derrière, on retrouve la patte de Poutine qui agite ses petites marionnettes dans de nombreux pays, à commencer par les partis d’extrême-droite qu’il contrôle de plus en plus, à commencer par le FN et la mère Le Pen.
    Attention, ils ne sont pas les seuls, même dans la droite plus traditionnelle, on retrouve des petits soldats de Poutine. Par exemple, si vous vous demandez ce que fait cette crapule de Thierry Mariani depuis qu’il a quitté le gouvernement en 2012, il s’occupe surtout de promouvoir la cause de Poutine dès qu’il le peut depuis son statut de député des Français à l’étranger de la Onzième circonscription, celle incluant la Russie et l’Ukraine, entre autres pays. Vous trouverez de très belles odes au dictateur russe dans son compte Twitter assez régulièrement. À croire que Poutine possède quelques Kompromat sur lui – quoiqu’il n’en a même pas vraiment besoin avec un être aussi veule.

    Bref, la guerre menée par le Kremlin en Europe de l’Ouest est très pernicieuse car invisible. Comme au temps de la guerre froide, il s’agit bien d’une guerre idéologique, mais cette fois-ci, les deux camps ne sont pas séparés géographiquement. Au contraire, ils occupent les mêmes territoires. D’un côté, tout ce qui représente l’Occident aux yeux de Poutine : la tolérance, le multiculturalisme, le cosmopolitisme, le libéralisme (dans son sens original, c’est-à-dire prônant la diversité et les libertés individuelles). Ces choses-là, il les déteste, et c’est pour cela qu’il finance et aide de diverses manières les factions et individus politiques xénophobes, racistes, homophobes, sexistes, autoritaristes, et nationalistes.

    C’est là que se situe la ligne de la ligne de front aujourd’hui, et ne vous y trompez pas, Poutine a pour but d’affaiblir nos démocraties déjà mal en point, et si elles pouvaient s’effondrer, il ne verrait pas ça d’un mauvais oeil. Il fera même tout ce qu’il peut pour y parvenir. Cette Europe de l’Ouest effrontée lui manque de respect depuis trop longtemps, mais sans les États Unis pour la protéger, et avec l’aide de ses petites marionnettes d’extrême-droite, il va bientôt être temps de s’en charger.

    C’est aussi pour cela que l’élection de Trump est une catastrophe pour tous, même si vous n’avez que faire des États Unis, même si on arrive par miracle à mitiger les effets du réchauffement climatique.

    Bref, pas de quoi ricaner…

     

    Lectures supplémentaires conseillées :

     

    Sources dessins :

    • Dessin de Trump : désolé, je ne trouve pas la source de ce dessin.
    • Poutine : Christian Adams

     

  • La Double Nationalité, qu’est-ce que c’est ?

    La Double Nationalité, qu’est-ce que c’est ?

     

    Bon sang !
    Je le sais pourtant qu’il ne faut pas lire les commentaires sur les sites d’infos, et encore moins prendre part aux « discussions ».

    Je n’ai pas d’autre excuse que : « je me suis fait prendre par surprise ». Déjà, c’était pas un site d’info, c’était sur Google+, et puis c’était un post de Libé. Je pensais que j’étais en terrain sûr. Si on cumule Google+ et Libé (même si je ne suis pas trop fan du journal) on se dit que nos interlocuteurs ne vont pas être trop bas du front.

    Et pourtant même là.

    Double nationalité France Algérie
    Le choix de cette image pour illustrer cet article est bien entendu complètement anodin.

    Le post en question était à propos de la dernière éructation en date (au moment où j’écris ces lignes, il y en aura d’autres) de la grosse conne bleue marine concernant sa phobie de la double nationalité.

    Une femme commente alors : « Je n’ai jamais trop compris le pourquoi de cette double nationalité, donc, que ça disparaisse, ma foi…. »
    N’imaginant pas une seconde que l’on puisse sincèrement ne pas comprendre le pourquoi d’avoir une double-nationalité, je pense à un troll. Je l’allume un peu, elle se vexe. Oups, ce n’était pas un troll.

    La discussion continue un peu, je lui parle de multiculturalisme, de la dimension légale de la chose, tout ça. J’essaie aussi comprendre ce qu’elle ne comprend pas. Elle me répond ceci (je vous laisse les divers fautes d’orthographe et de grammaire):

    C’est justement ça que je ne comprends pas : double nationalité !!!
    on né dans un pays, on est de ce pays
    on doit déménager et vivre ailleurs, soit on reste du pays d’origine et donc un « étranger » ou « résident travailleur » (je ne sais plus le terme), soit on change et on prend celle où on bosse. La 1ère reste une « origine ».
    Tu dis « À ne pas être considéré comme un étranger dans son propre pays » , mais dans ce cas, c’est quoi « son propre pays » ?
    Un mec (et/ou avec sa famille) vient en France pour bosser, sa famille est là, à l’école, etc. Pourquoi ne pas demander la nationalité française?
    Double nationalité me fait penser à une « résidence secondaire ».
    Dans quel cas tu as la double nationalité? Et jusqu’à quelle génération ? »
    Enfin, non, je ne comprends pas !

    Puis ceci:

    et « multiculturalisme » n’est pas une RAISON à la double nationalité, c’est, déjà, si tu le veux, et ensuite, c’est une CONSÉQUENCE à une vie dans un autre pays .
    Je pars en Italie, déménage, parle, travaille, ai une vie de famille en Italie, je demande à devenir italienne, et ma culture s’enrichira de celle italienne et mes enfants seront riches naturellement de ces 2 origines.
    Ce n’est pas en ayant 2 nationalités qu’on veut devenir multiculturel »

    Je ne sais pas pourquoi – drôle d’idée, je sais – j’ai pensé que si je lui répondais en détails, peut-être apprendrait-elle un truc ou deux. Alors j’ai passé de longues minutes à essayer de tout bien expliquer comme il faut.
    Sa réponse fut en gros « tu m’énerves, de toutes façons, je n’ai lu que le premier paragraphe »

    Ça m’apprendra à essayer de rendre les cons moins cons.

     

    Mais, comme je la trouvais quand même vaguement instructive ma réponse, et qu’il y a peut-être des gens un peu plus ouverts d’esprit qu’elle (en a-t-elle même un ?) il serait dommage qu’elle disparaisse au milieu de tout un tas de commentaires dont la plupart était stupides voire nauséabonds.

    Et comme je suis en train d’essayer de réanimer ce blog depuis un moment (avec même des collaborateurs, s’ils ne me font pas faux bond), pourquoi pas faire d’une pierre deux coups et reposter ma réponse ici ?

    Dont acte:

    La double nationalité, pourquoi ?

    Bon, je vais essayer d’expliquer, mais j’avoue que ça ne va pas être facile : ça me semble tellement évident et ça me semble tellement étrange que quelqu’un se pose la question, que c’est quelque chose que je n’ai jamais verbalisé auparavant, donc je n’ai pas de réponse toute faite et bien rodée à la question, je suis ici sans filet.

    Déjà, n’oublions pas que la « nationalité » c’est pas une chose, mais bien deux. Deux choses qui sont souvent amalgamées, soit par ignorance, soit par mauvaise foi, soit à dessein, soit par mauvaises intentions selon les cas.

    La nationalité, c’est un sentiment d’appartenance à un peuple, à une nation. Cela s’exprime de plusieurs manières selon les peuples, les nations, les époques et les individus. C’est dans ce sentiment que certains politiques puisent pour manipuler les gens de manières diverses et variées (les politiques américains pour justifier leur impérialisme et leurs politiques étrangères, la droite et l’extrême-droite françaises – il est de plus en plus difficile de les distinguer, je l’avoue – pour attiser les haines dans le pays, trouver des boucs émissaires, tout cela pour gagner plus de pouvoir, et tant pis si cela peut avoir des conséquences catastrophiques pour le pays et surtout ses citoyens). C’est aussi dans ce sentiment que l’on trouve sa culture, son identité, non en tant qu’individu, mais en tant que membre d’un groupe auquel on appartient (car l’homme reste un animal grégaire et tout cela en est la conséquence).

    La nationalité, c’est aussi un ensemble de lois. Avoir une nationalité donnée c’est aussi disposer de certains droits et devoirs sur certains territoires géographiques.

    Prenons votre exemple de l’Italie (même si ce n’est pas le meilleur exemple, vu que la situation avec les pays de l’UE est un peu spéciale) :

    Si vous partez vivre en Italie et y faites votre vie de manière plus ou moins définitive, peut-être souhaiterez-vous tôt ou tard acquérir la nationalité italienne. C’est tout à fait normal. Mais ne voudriez-vous pas non plus garder la nationalité française ? Très probablement que oui. Que ce soit pour des raisons de cœur (attachement à la mère patrie, ce genre de choses) ou des raisons plus pratiques : liberté d’aller et de venir d’un pays à l’autre sans restriction légale, visa ou autre. Chose sans importance pour citoyens des pays membres de l’Union Européenne – c’est pour cela que l’exemple de l’Italie n’est pas le meilleur exemple – mais qui en revêt une toute autre d’importance entre deux pays qui n’ont pas d’accords spéciaux, ou bien deux pays qui ne sont pas forcément en très bons termes.

    Et que se passerait-il si un jour vous deviez quitter l’Italie pour quelle que raison que ce soit (raison familiale qui vous pousse à vous réinstaller brusquement en France, guerre entre la France et l’Italie qui éclate, ou tout simplement raisons économiques) ? Si à ce moment-là vous n’êtes plus française, si vous êtes seulement italienne, vous vous retrouverez étrangère dans votre propre pays.

    C’est ça avoir la double nationalité. C’est ça ne pas être étranger à son propre pays, ou à ses propres pays. Et la naturalisation est l’ une des façons de l’acquérir.

    L’autre façon, c’est justement le multiculturalisme.

    S’installer dans un pays autre et y faire sa vie vous rendra vaguement multiculturel, mais votre culture profonde restera celle du pays où vous avez grandi.
    Car attention, quand je parle de multiculturalisme plus haut, vous le comprenez dans le sens inverse. Le multiculturalisme n’est pas une conséquence de la double nationalité, mais bien le contraire. Le multiculturalisme est bien souvent à la source de la double nationalité.

    Continuons avec l’exemple de votre nouvelle vie hypothétique en Italie. Que vous soyez naturalisée italienne ou non, peut-être y aurez-vous des enfants. Peut-être que leur père sera même italien, de fait, ils seront biculturels à un degré ou à un autre.  Et même s’ils sont nés en France de père français, s’installer en Italie à un jeune âge les rendra biculturels bien plus que vous ne le serez jamais.
    Quid de leur nationalité ? Italienne ? Française ? Les deux ? Une fois de plus, s’il est possible d’avoir les deux, cela me semble être le choix le plus logique.

    Voila, j’espère que cela est un peu plus clair pour vous.

    Au cas où j’ai oublié des éléments dans mon laïus, je réponds aussi à vos questions point par point :

    Quand vous demandez « c’est quoi son propre pays » le fait est qu’il y a pratiquement autant de réponses qu’il y a de gens. Les choses ne sont pas aussi simples que l’on veut vous faire croire.
    C’est quoi votre pays après 20 ans dans un pays autre que celui où on a grandi ? C’est quoi votre pays quand vous avez changé plusieurs fois de pays de résidence au cours de votre vie ? C’est quoi votre pays quand vos parents sont d’origines différentes l’un de l’autre ? etc.

    « Pourquoi ne pas demandez la nationalité française ? »
    Ben, justement, les gens ayant double nationalité en France, c’est bien souvent parce qu’ils sont nés ailleurs, se sont installés en France et et ont demandé la nationalité française. Doivent-ils pour autant renoncer à leurs origines, à leur culture, à leur premier pays, surtout quand leur famille vit encore là-bas ? Je reprends ce que je disais plus haut : abandonneriez-vous la France, votre famille restée sur place et tout le reste si vous partiez vous installer définitivement en Italie ?

    « Dans quel cas a-t-on la double-nationalité ? »
    Il existe presque autant de cas que de pays. Chaque pays a (ou n’a pas) d’accord particuliers et de lois particulières concernant la chose. Certains pays l’acceptent, d’autres non, d’autres s’en fichent, etc. Si vous voulez plus de détails, vous pouvez en trouver sur le site officiel de l’Administration Française.

    « Jusqu’à quelle génération? »
    Les naturalisations et nationalités sont attribuées à des individus, non à des familles, donc le cas de chaque personne est étudié individuellement, on n’a pas – en général – de double-nationalité de génération en génération, avec toutefois quelques exceptions : si vos deux parents sont de même double-nationalité, il se peut que vous puissiez en disposer vous aussi, mais là aussi, cela variera d’un pays à l’autre.

    En espérant que tout cela vous a un peu mieux aidé à comprendre et je terminerai en reprenant ceci : n’oubliez pas que ce n’est pas en ayant la double nationalité que l’on devient multiculturel, mais bien parce que l’on est multiculturel que l’on peut souhaiter avoir une double nationalité.

    La double nationalité est au final quelque chose d’à la fois très personnel et dépendant des lois d’un ou plusieurs pays, mais surtout la double nationalité de quelqu’un n’a aucune influence sur la mono nationalité d’un autre, et vouloir instrumentaliser la chose comme certains le font (suivez mon regard) ne sert qu’à créer des problèmes là où il n’y a pas de raison qu’il y en ait, à créer des boucs émissaires et à monter les gens les uns contre les autres (pour ensuite profiter de ces inimitiés créées de toutes pièces et tant pis si cela provoque des drames ou pire).