Étiquette : Oligarchie

  • Macron et la Grève !

    Macron et la Grève !

     

    Bonjour à toutes et à tous.
    Ah la la, cette idée de faire des petites “BDs” est pas mal, mais c’est que je n’ai pas trop le temps, et l’actualité va très vite ces temps-ci.

    Mais bon, en changeant un peu le format comme aujourd’hui, on devrait peut-être y arriver.

    Donc voila, ce dont je voulais vous entretenir aujourd’hui, comme le titre l’indique, ce sont les grèves et surtout le rapport qu’a le gouvernement à celles-ci.

    Il y a quelque chose qui cloche, ne trouvez-vous pas ? De tous temps (au moins durant la Ve République) quand le gouvernement veut faire passer une loi qui ne plait pas, il y a des grèves. Ces grèves sont accompagnées de dialogues et de négociations, et ensuite la loi est habituellement adaptée, modifiée, voire retirée si elle ne plait vraiment pas. C’est une façon assez saine de faire tourner une démocratie quand on y réfléchit.
    Mais cette fois-ci, ça coince. Pourquoi ?

    Pour en discuter avec nous, un invité de marque, Monsieur Édouard Philippe en personne (Manu n’était pas disponible, il est introuvable, quelque part entre les Bouffes du Nord et Varennes).

     

     

    – Monsieur Philippe, bonjour.

    – Monsieur Gator, bonjour.

    – Monsieur Philippe, la grève est à deux doigts d’être générale, ça craque de partout, les cheminots, les enseignants, les avocats, les infirmières, les médecins, et j’en passe. Elle dure depuis plus d’un mois. Et pourtant rien? Aucune discussion, aucune négociation, rien.

    – Je vous arrête, nous avons quand même fait semblant de retirer l’âge pivot pour que la CFDT puisse jouer son rôle de traître.

    – J’en conviens, mais à part ça, rien. Pouvez-vous nous expliquer?

    – Mais bien entendu. Je crois que les Français ne comprennent pas bien la situation. Permettez-moi donc de leur expliquer.

    – Je vous en prie, vous êtes ici pour ça.

    – Tout d’abord, je tiens à préciser que la situation n’a pas débuté avec cette grève. Avant, il y a eu les Gilets Jaunes. Je vous avoue au début, on a été surpris et on a eu un peu peur. Les Gilets Jaunes ne jouaient pas le jeu habituel de la contestation. Au lieu d’un beau défilé Bastille – Nation, bien loin de tout lieu d’importance, ils ont débarqué dans le 8e arrondissement, à deux pas de l’Élysée, des bureaux d’AXA, de Vivendi et bien d’autres.

    Bon depuis on a bien repris les choses en main avec nos milices d’État. Avouez que la BAC fait du bon boulot. Les CRS et les gendarmes sont parfois un peu réticents à éborgner et mutiler. Donc ils nassent, ils tapent, ça c’est leur spécialité, et ensuite la BAC arrive et vous éborgne à coups de LBD. C’est bien organisé, ne trouvez-vous pas ?

    – Oui effectivement, très efficace, Pinochet serait fier de vous.

    – Je disais donc, au début, les Gilets Jaunes nous ont fait un peu peur, surtout quand ils ont commencé à vouloir élever des barricades tout près de l’Élysée, mais ces grands naïfs ont voulu ensuite devenir pacifiques, pensant nous amadouer plus facilement.

    Le résultat ? Il parle de lui-même. Chaque samedi, ils mettent leur uniforme, chantent dans les rues, on en éborgne un ou deux, on en arrête quelques autres sans raison, et on recommence le samedi suivant. Ça devient presque une petite tradition. D’ailleurs savez-vous que certains touristes commencent à organiser leurs itinéraires en fonction de ça ? Pour aller prendre des selfies devant eux ?

    Mais au final, depuis plus d’un an, qu’ont obtenu les Gilets Jaunes ? Rien.
    À quoi servent-ils ? À rien.

    Leurs méthodes sont complètement inefficaces et inutiles, et ils ne s’en rendent même pas compte. Nous on continue à détricoter le tissu social français tranquillement.

    – Oui, mais là maintenant, c’est la grève. Et pas une petite grève en plus, l’une des plus grosses depuis au moins 1995.

    – Absolument. Tout se déroule comme prévu.

    – Qu’entendez-vous par là ?

    – Regardez, il y a même des médecins qui commencent à démissionner. Comprenons-nous bien : nous ne ferons rien. Nous continuerons notre bonhomme de chemin comme si de rien n’était.
    On nous compare à Thatcher qui avait réussi à détruire la contestation populaire au Royaume Uni pour laisser la voie libre aux capitalistes et à ceux que l’on appelle aujourd’hui les néo-libéraux. Oui, il y a bien sûr de ça dans notre démarche. On peut dire qu’elle a été une grande inspiratrice.

    Toutefois, les gens oublient un détail crucial quand ils nous comparent à elle. Margaret Thatcher était une femme d’état, une politicienne, elle avait une idéologie, une vision pour son pays.

    Pas nous.

    Nous, on se fiche complètement de la France et des Français.
    Le pays et sa population ne sont qu’une ressource à piller pour enrichir encore un peu plus nos maîtres.

    Avant, les grèves fonctionnaient en France pour une raison très simple, tous les gouvernements précédents – même ceux de droite – étaient composés de femmes et d’hommes qui oeuvraient pour la France, et qui essayait de mettre en place leur vision de la France, quelle que soit cette vision.

    La base d’une démocratie c’est qu’il y a un contrat social entre un peuple et son gouvernement.

    Donc quand le peuple n’est pas content, le gouvernement est plus ou moins contraint d’écouter – soit parce que les membres du gouvernement se préoccupent réellement du sort des Français (si, si, il y en a eu), ou tout simplement parce que le président et ses ministres ne veulent pas perdre leur boulot, ils veulent être réélus. La politique c’est leur carrière.

    Pensez-bien, s’ils étaient de bons avocats, médecins et autres métiers dont ils proviennent habituellement, vous croyez qu’ils se seraient tant impliqués en politique ? Bien sûr que non.
    Nous c’est tout le contraire. La politique, on s’en fiche. On est juste en mission. On vient du privé, et on y retournera une fois notre mission terminée. Avec de belles primes et stock-options en récompenses.

    Bref, dans le temps, il y avait un dialogue social entre le peuple et le gouvernement pour toutes ces raisons.

    Nous non.

    Il n’y a aucun contrat social entre les Français et nous.

    Nous ne travaillons absolument pas pour eux, nous ne l’avons jamais fait. On a juste fait semblant, un peu, pour nous faire élire. Mais nous, on travaille pour l’oligarchie. Les Arnaults, les Pinaults, les Niels et les autres.
    C’est eux qui nous ont mis au pouvoir (par l’entremise de leurs porte-paroles médiatiques) dans un but précis : transformer la France en un pays qui leur est totalement asservi. Et donc bien entendu, cela passe par détruire tout ce qui peut bénéficier d’une manière ou l’autre au peuple, surtout financièrement. Bref, notre premier ennemi, c’est le service public. D’où, la réforme des retraites.

    – Oui, mais alors qu’allez-vous faire face aux grèves ?

    – Rien.

    – Comment ça “rien” ?

    – Absolument rien. C’est l’histoire du contrat social dont je vous parlais plus haut. En temps normal, une grève ça gêne le bon fonctionnement du pays, et c’est pour cela que les gouvernements successifs de la Ve République les prenaient au sérieux.

    Mais nous, nous nous contrefichons du bon fonctionnement du pays, puisque notre but est justement de le démanteler ce pays. Ces grèves vont causer de plus en plus de tort aux Français eux-mêmes, mais pas à nous et encore moins à nos chefs.

    – C’est la stratégie de pourrissement de la grève ?

    – Oui, plus ou moins. Plus la grève dure, plus cela joue en notre faveur. Les pauvres ne vont pas pouvoir survivre sans salaire pendant bien longtemps. Il faudra bien qu’ils se remettent au travail, ou alors ils commenceront à avoir de plus en plus faim.
    Et les riches, les avocats, les médecins, ne sont pas mieux lotis, vous savez. Prenons le cas des médecins. Ils sont en grève, certains démissionnent même parce qu’ils disent que nous voulons détruire l’hôpital public…

    – Et c’est vrai ? Vous voulez le détruire ?

    – Bien entendu, nous souhaitons détruire tous les services publics.

    – Donc, les médecins démissionnaires, ils ne nous gênent pas vraiment. Au contraire, leur absence va affaiblir les hôpitaux – sans parler de nous débarrasser de quelques pauvres en mauvaise santé et qui coûtent de l’argent public qui aurait été bien plus utiles dans les poches d’un actionnaire. Et ensuite, quand tout cela aura été détruit (la Sécurité Sociale aussi, elle est la prochaine sur la liste, fin 2020, début 2021 si tout se passe bien), ils vont faire quoi ces médecins démissionnaires ? Ils vont pas devenir ouvriers. Non, eux aussi, quand leurs économies commenceront à approcher du rouge, ils reviendront bien gentiment, la queue entre les pattes et ils n’auront d’autre choix que d’accepter les contrats que nous leur proposerons, de travailler dans les conditions que nous aurons déterminé.

    Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.

    Donc, vous voyez, cette grève ne nous gêne pas du tout. Au contraire, plus elle dure, plus elle nous aide.

    Ne l’oubliez pas, les grèves ne fonctionnent que si le gouvernement se considère démocratique et considère le peuple comme des citoyens, pas comme des esclaves qui coûtent trop cher.

    En conclusion, je vous le dis, chers grévistes, continuez. Et surtout n’oubliez pas de mettre vos gilets jaunes que la police puisse mieux viser quand elle vous tire dessus.

    – Merci beaucoup Monsieur Philippe, je crois que tout est très clair.

    – Je vous en prie, tout le plaisir est pour moi.

     

     

     

  • C’est moi qui ai fait ça ?

    C’est moi qui ai fait ça ?

    Quoi ?

    Mais non, ce blog n’est pas mort, c’est surtout que je suis très occupé sous d’autres latitudes ces temps-ci. Si je vous manque, sachez que je suis un peu plus actif sur Twitter. On m’avait aussi dit du bien de Mastodon, donc je m’y essaie un peu ici, mais ce service est à peine plus actif que ce présent blog.

    Mais aujourd’hui c’est de Twitter dont je veux vous parler.

    Hier, Bernie Sanders (pour qui je voterais si j’étais citoyen américain) a posté ça :

     

     

    Tweet auquel j’ai répondu ceci :

     

     

    Pas de réponse, je ne m’attendais pas à une non plus.

    Sauf qu’une heure plus tard, sur la page Facebook de Bernie Sanders, on a pu lire ceci :

     

     

    Donc voila, je vous laisse en tirer les conclusions que vous voulez, je ne sais même pas s’il y a des conclusions à en tirer. Il s’agit probablement d’une coïncidence. Mais imaginons une seconde qu’il soit élu, imaginons une seconde que les US s’en prennent vraiment enfin aux milliardaires… Cet un effet-papillon assez vertigineux ne trouvez-vous pas ?

     

    Bon sur ce, je retourne dans mon lac, et je reposterai ici un jour, qui sait quand…

     

     

  • Bon, et maintenant, on fait quoi (ce dimanche) ?

    Bon, et maintenant, on fait quoi (ce dimanche) ?

    Le 23 avril dernier, 8 656 346 personnes ont élu Macron président de la République Française.

    Oui, je sais, il y a eu un second tour, mais soyons sérieux deux minutes, la messe fut dite le soir du 23 avril.

    8,7 millions sur 47,6 millions c’est pas beaucoup.
    En fait, ça fait presque 39 millions de personnes qui n’en voulaient pas de Macron.
    8,7 millions face à 39 millions.
    Et pourtant, il a gagné.
    Je vous laisse pondérer la chose quelques minutes.

    Mais le fait est qu’aujourd’hui, il est président, on y peut plus rien.

    Par contre, dans quelques jours, voyez-vous, il y a une élection tout aussi importante que la présidentielle.

    Je serai même tenté de dire plus importante encore.

    J’ai l’impression que les gens l’oublient parfois, mais ce n’est pas le président qui passe les lois, mais l’Assemblée Nationale. Le président ne choisit pas le premier ministre comme bon lui semble, mais il le choisit (et par extension le reste du gouvernement) en fonction de la nature de la majorité à l’Assemblée Nationale.

    Je sais bien qu’en 2002, Chirac a réussi un des coups tordus pour lesquels il était connu avec la mise en place du quinquennat.
    Honnêtement, qu’un président soit en place cinq ou sept ans, ça n’a pas grande importance quand on y réfléchit. Par contre, faire coïncider les législatives avec les présidentielles, là, ça change beaucoup de choses.
    Puisqu’en temps normal, quand le peuple vient d’élire un président, il est en général content de son choix (il ne le regrette que plus tard) et il va donc voter en masse pour les députés du même parti que le nouveau président.

    Le résultat, c’est un affaiblissement, à la fois de l’opposition, mais tout simplement de l’Assemblée Nationale.

    Et nous le voyons encore et encore depuis 2002. Aucun président n’a été populaire bien longtemps : Chirac n’aurait certainement pas été réélu si Le Pen ne s’était pas glissé au second tour. En 2007, les gens ont compris assez rapidement qu’ils avaient fait une grosse connerie en votant Sarkozy (comment ne l’ont-ils pas compris avant de voter ?) et en 2012, Hollande n’a jamais été populaire, il était juste moins impopulaire que Sarkozy. Et pourtant, tous les trois ont bénéficié d’une Assemblée Nationale à leur botte pendant tous leurs quinquennat respectifs car celle-ci était issue du lendemain de l’élection présidentielle, et pas d’une autre date.
    Pour comparer, je vous renvoie aux résultats des élections législatives qui ne coïncidaient pas avec une élection présidentielle, tout particulièrement celles de 1997, 1993 et 1986.

    Bref, si on veut affaiblir un président qui ne nous plait pas, si on veut un gouvernement différent, l’occasion ou jamais, ce sont les élections législatives.

    Or, alors que la présidentielle déchaîne les passions, les législatives, j’ai l’impression que tout le monde ou presque s’en fout.
    Oui, non, pas tout le monde en fait.
    Les médias nationaux continuent à manufacturer du consentement encore et toujours. C’est eux (et derrière eux, leurs propriétaires milliardaires) qui ont transformé Macron de petit ministre pas très intéressant à Président de la République. Et depuis début mai, ils ne cessent d’être dithyrambiques d’une façon que ne renierait pas la bonne vieille Pravda de l’Union Soviétique. Sérieusement, quand je lis les unes du Point ou du Nouvel Obs en ce moment, on croirait les titres des journaux d’un état totalitaire. L’autre jour le Point a osé dire que Macron était le nouveau chef du monde libre après avoir trollé Trump.
    Sérieusement…

    Au moins, le peuple soviétique avait la décence de ne pas croire les balivernes que lui racontait sa presse.

    En France, j’ai de plus en plus de doutes. D’abord, parce que c’est la presse qui a fait élire Macron (la presse au sens large, hein, j’y inclus la télé, c’est surtout la télé qui manipule les masses de nos jours). Ensuite, parce que… les Français l’ont élu et tombent dans tous les panneaux même les plus gros :  Macron est nouveau. Macron n’est ni de droite, ni de gauche. Macron va redynamiser la vie politique, la France et le reste.

    Non, Macron n’est pas nouveau. N’oubliez pas qu’il était au gouvernement de Hollande et avant ça dans les cabinets du président. Il est le fils spirituel de Jacques Attali. Si vous détestez tant Hollande, il y a de grandes chances que c’est à cause de quelque chose qui vient de Macron. Il n’est ni de droite, ni de gauche ? Vraiment ? Oui, c’est ce qu’on dit de nos jours. Autrefois, on disait « apolitique. » Je vous renvoie à ce post. Il va rien redynamiser du tout, il va faire tout le bon vouloir de l’oligarchie, a commencer par détruire le droit du travail en France (oui, celui-là même que de nombreux pays nous envient car les travailleurs, des droits, il n’en ont pas beaucoup). Et les Français d’applaudir des deux mains. Pourtant la derrière fois que j’ai regardé, 99% de la population ne faisait pas partie des 1%. Allez comprendre.

    Et le résultat – à moins que les sondages ne soient bidonnés – c’est que EM (En Marche ? Emmanuel Macron ? Bizarre ça, un type qui donne à son parti ses propres initiales) peut gagner jusqu’à 70% des sièges de l’assemblée !!!

    Donc les gens, si vous lisez ça et que vous n’avez pas encore eu le cerveau lavé par le rouleau-compresseur médiatique pro-Macron, vous savez ce qu’il vous reste à faire.
    Ne pensez pas que l’élection législative ne sert à rien, ne croyez pas les commentateurs politiques qui vous sortent des « il faut donner une forte majorité au président » à longueur de journée.

    Ce dimanche, allez voter !
    Limite, je vais même pas vous dire pour qui, de toutes façons la donne est différente dans chaque circonscription. Juste votez, pour autre chose que les sbires de Macron (oui bon, plutôt à gauche qu’à droite votre vote quand même). L’abstention ne fait peut-être pas le jeu du FN, mais pour cette élection-là, elle va clairement faire le jeu d’Emmanuel Macron.

    Un dernier argument ?
    Je sais, on avait dit pas le physique, mais sérieusement, vous trouvez pas qu’il a une tête de tueur en série ? Et vous voudriez qu’il reste à Matignon pour 5 ans ? Sérieux, je le croise dans une rue déserte la nuit, j’ai peur :

     

     

  • La Faute de Jean-Luc Mélenchon

    La Faute de Jean-Luc Mélenchon

    Le premier tour des élections présidentielles est passé.

    La messe est dite.

    Et l’homme a abattre est…

    Jean-Luc Mélenchon…

    Euh… Quoi ?!
    M’aurait-on mal informé ?
    Est-il au second tour ?

    Bon, qu’on l’ait descendu comme on l’a descendu avant le premier tour, je comprends. C’est dégueulasse, mais je comprends. Un candidat dont le but est de lutter contre l’oligarchie, et qui soudain à de bonnes chances d’atteindre le second tour, normal que les représentants, porte-paroles et autres suppôts de celle-ci ait voulu protéger leurs chefs. Ils l’ont dit attaqué de toute part, en disant tout et n’importe quoi sur lui. Surtout n’importe quoi…

    Ce qui est plus triste, par contre, c’est le nombre de gens qui croient encore la propagande des éditorialistes professionnels qui, omniprésents dans les médias, pourrissent l’esprit de la population depuis plusieurs décennies maintenant.
    Et ils sont vraiment passés à la vitesse supérieure ces dernières années quand presque tous les médias se sont retrouvés achetés par une poignée de milliardaires. Leur boulot maintenant, ce n’est plus de commenter l’actualité, c’est de former l’esprit des gens à accepter avec le sourire leur oppression toujours plus grande, le fait que les pouvoirs financiers contrôlent désormais les pouvoirs politiques et plus le contraire.
    Vous vous souvenez à quoi c’est censé servir un leader en démocratie ? Entre autres choses, à contrôler l’économie… Quoi ? Vous l’aviez oublié ? C’est que les médias ont très bien fait leur travail alors.
    Je comprends que les moins de trente ans me regardent avec de gros yeux incrédules quand je dis ça…

    Et donc, ils ont passé leur campagne du premier tour, bien entendu à faire de la pub pour leur poulain, mais surtout à s’attaquer à leur ennemi – et vous aurez remarqué que ce n’était pas Marine Le Pen leur ennemi. Il ne fallait surtout pas que Mélenchon atteignent le second tour, mais Le Pen, ça ne les dérangeait pas.
    Au contraire !
    Ils la voulaient, ils l’espéraient au second tour la nazillonne !
    Souvenirs de 2002 et d’un 82.21% qui leur fait faire à tous de doux rêves mouillés une fois la nuit tombée.

    La messe est donc dite, et pourtant, le terrible et impardonnable Jean-Luc Mélenchon reste l’homme à abattre du deuxième tour.

    Mais que lui reproche-t-on donc exactement ?

    Tout d’abord :

    Ne pas donner de consignes de vote pour le second tour!

    J’avoue quand j’ai entendu ça, les bras m’en sont tombés. Euh « ça », c’est pas le fait qu’il n’ait pas donné de consignes, hein, c’est le fait qu’on le lui reproche.

    Personnellement, j’ai toujours trouvé l’exercice de la consigne de vote des perdants pour les qualifiés au second tour un peu insultant envers les électeurs. « Viens ici petit électeur qui a voté pour moi mais qui est maintenant perdu et confus quant au second tour. Viens sur mes genoux mon petit, je vais te dire pour qui voter parce que tu n’es pas capable de penser par toi même. »

    Ça pue le paternalisme, le culte du chef et bien d’autres sentiments tout aussi nauséabonds.

    Mélenchon n’a pas de consigne de vote tout simplement parce qu’il respecte ses électeurs, il les considère comme des gens capables de réflexion et capables de décider par eux-mêmes que faire face à ce choix qui n’en est pas un et qui nous incombe aujourd’hui. Il n’est pas leur chef – un président ne devrait pas être le chef du peuple, un candidat malheureux à une élection, encore moins. Il l’a compris, ses électeurs aussi. Ils ne lui doivent rien, et surtout pas lui obéir au doigt et à l’œil.

    Ne pas comprendre ça, c’est tout simplement ne rien avoir compris au programme et à la démarche de Mélenchon depuis le début de sa campagne. Ne pas les avoir compris, ou ne pas s’y être intéressé ? Baser toute son opinion de l’homme sur les dires d’autres, de nos chers éditorialistes professionnels par exemple ?

    Mais cela ne s’arrête pas là, non.

    Alors certes, on accepte (ou fait semblant d’accepter) qu’il ne veuille pas donner de consignes de vote, mais :

    Il ne dit même pas pour qui lui, en son âme et conscience, va voter.

    Et ça c’est inacceptable pour nos donneurs de leçons ! Le cuistre ! Ne pas dire pour qui il va voter ! Quelle indécence ! On insinue même qu’il serait capable de voter Le Pen, rendez-vous compte !

    Non, mais halte au sketch comme dirait un ami.

    Pourquoi faudrait-il qu’il dise pour qui il va voter ? Depuis quand cela est-il devenu obligatoire ?

    Et que voulez-vous qu’il vous réponde ?

    Et quelle que soit la réponse qu’il donne, on la retournera contre lui :

    • Voter Macron ? « Regardez, quel traître ! Il retourne sa veste ! »
    • S’abstenir ? « Regardez, quel salaud, il fait le jeu du Front National » (au passage, j’ai vraiment envie de filer des claques aux gens qui disent ça, ils ne font que répéter un truc qu’on leur a mis dans le crâne depuis 2002, un truc qui était faux à l’époque et qui l’a toujours été). Au passage je vous invite à (re)lire ce post « Moralisme Électoral » et s’il vous en faut plus, j’ai des données brutes montrant que c’est des conneries (les données vous les avez aussi hein, elles sont publiques et connues de tous, il suffit de les regarder au lieu de crier avec les loups sans réfléchir).
    • Voter blanc ? Oui, s’il servait à quelque chose, s’il pouvait invalider une élection et ses candidats, le vote blanc serait un bon choix (et j’en serai moi-même très adepte), mais dans l’état actuel des choses, il n’est tout simplement pas sérieux de voter blanc. C’est l’abstention qui l’a remplacé comme non-vote contestataire.

     

    Vous noterez que je n’ai pas mis « Voter Le Pen » dans ma liste. Ne me dites pas qu’il est concevable ne serait-ce qu’une seule seconde que Mélenchon puisse voter Le Pen. Si vous l’imaginez, c’est que vraiment vous ne connaissez ou ne comprenez donc rien au bonhomme.

    Bref, ces attaques contre Mélenchon sont aussi minables qu’infondées.

    Mais au fait, pourquoi existent-elles donc ?

    C’est assez simple, et ce sera le sujet de mon prochain post (avant le deuxième tour espérons).

    Dimanche prochain au soir, celui ou celle qui sera élu(e) président(e) aura gagné une bataille, une bataille majeure, décisive, mais il ou elle n’aura pourtant pas gagné la guerre, loin de là.

    Pour gagner la guerre, il faut gagner les législatives. Mais voila, à ce moment-là, Mélenchon pourrait bel et bien faire dérailler le train de la victoire de notre futur président. Il est donc important pour les bras armés et les porte-paroles de l’oligarchie de ne pas perdre de temps pour essayer de discréditer celui qui est en train devenir le leader de l’opposition.
    Donc, ces attaques contre Mélenchon, aujourd’hui, entre les deux tours, alors qu’il n’y est pas qualifié, c’est la campagne des législatives qui a déjà commencé.

     

    Portrait de Jean-Luc Mélenchon – Oeuvre collective par Jean-Michel Apathie, Franz-Olivier Giesbert, Laurent Jauffrin, Joseph Macé-Scaron, Christophe Barbier, et bien sûr presque toutes les télés de France.