Meuh non, c’est pas un extra-terrestre, c’est une chrysalide de scarabée rhinocéros japonais mâle.
Ouais… Après l’absence de larves l’an dernier j’ai vraiment raté mon coup (ah oui, je vous ai jamais raconté. La femelle récupérée n’a pondu qu’un œuf qui n’a pas éclos!), je me demandais si j’allais avoir des scarabées cet été, et puis l’autre jour, j’ai craqué, j’ai acheté trois larves. Enfin, plutôt deux larves et cette chrysalide. En fait, ça m’inquiète un peu qu’elle n’était pas enterrée comme elle devrait l’être normalement, mais bon, à ce prix (200 yens), je me suis dit que ce serait une expérience intéressante de voir son évolution, si évolution il y a, et que ce ne serait pas bien grave si elle n’arrivait pas à l’âge adulte.
Donc on verra d’ici peu.
Quant aux deux autres larves, elles se sont enterrées et je les suppose, elles aussi à l’état de chrysalide là tout de suite.
Donc, il y a quelques jours un échange de femelles scarabées a été fait (comme j’y faisais allusion précédemment) et la nouvelle femelle a été introduite dans le grand terrarium en compagnie de mon mâle.
À peine quelques heures plus tard, je tombais sur ça :
Vu de « dehors »
Gros plan
Il semblerait donc que la lignée va se continuer (d’ailleurs, il va falloir que j’aille à la pêche aux larves d’ici peu – genre demain ou après-demain – avant qu’il n’y en ait trop.
Il m’arrive parfois de retrouver mes scarabées endormis dans leur nourriture :
J’avais déjà lu, je ne sais plus où que ça pouvait arriver…
Mais quelque chose ne me semblait pas clair dans cette histoire. Voyez-vous, je les retrouve souvent ainsi en début de soirée. Or, les scarabées sont essentiellement nocturnes. Donc sur les coups de 22-23 heures, c’est un peu le début de leur journée, quand ils devraient être bien actifs. De plus, les jours où il fait assez chaud, leur gelée (qui est composée à peu près exclusivement d’eau et de sucre – et aussi de gélatine je suppose) a parfois une odeur un peu « bizarre ».
Bref, vous voyez où je veux en venir… S’ils dorment ainsi affalés dans leur nourriture, c’est pas une sorte de narcolepsie mystérieuse, mais parce qu’ils sont ivres morts après avoir mangé la pellicule d’alcool qui s’est formée à la surface de leur gelée pendant la journée…
Bon, je ne sais pas si c’est vraiment ça, mais pour moi, ça se tient.
Sinon les dernières nouvelles de chez mes coléoptères :
Le scarabée handicapé est mort il y a quelques jours. Sa jambe et ses ailes n’étaient les seules choses qui ne tournaient pas rond chez lui. Il n’avait jamais vraiment réussi à se nourrir et j’imagine que dans ses organes internes ça devait être un beau bordel aussi. Il a fini dans mon cimetière à scarabées, c’est-à-dire que j’ai posé son corps sans vie au bord de la rizière près de chez moi, et il aura fini dans l’estomac de l’oiseau le plus rapide.
Le mâle que j’ai choisi pour être mon reproducteur m’a agressé sexuellement ! Vous savez quand le caniche de votre vieille tante s’agrippe à votre jambe pour satisfaire ses tensions sexuelles ? Eh bien, il a fait pareil avec mon index l’autre jour.
Mais qu’il se rassure, dans deux jours, nous allons dire adieu à sa sœur (en photo ci-dessus) qui sera remplacée par une autre femelle avec qui il n’a pas de liens familiaux et avec qui il pourra s’accoupler aussi sauvagement qu’il le souhaitera (ou qu’elle le laissera faire, mais les malheureuses n’ont pas trop leur mot à dire en général).
Bon, je suis bien silencieux ces temps-ci. Le fait est que l’actu me déprime plus qu’autre chose en ce moment, et faire Manuel Valls en Darth Vader, c’est déjà fait, je ne voudrais pas copier sur mes collègues. Pendant un instant, j’ai pensé vous faire part de mes pensées et mes théories à propos de Game of Thrones, mais bon tout le monde le fait alors…
Alors, si je vous parlais de scarabées rhinocéros japonais plutôt ?
Donc je vous avais laissé pendant plusieurs mois sans nouvelles de mes créatures. Depuis septembre, j’ai donc trouvé des « repreneurs » pour la plupart des larves (rappelez-vous, il y en avait une vingtaine environ) et je n’en avais gardé que quatre. Le mâle est mort de sa belle mort au cours du mois de septembre. Les quatre larves scarabées ont passé la fin de l’été et l’automne à bouffer (de la terre), l’hiver à hiberner, et le début du printemps à bouffer de nouveau puis à construire des cocons.
J’avais pensé documenter la dernière phase de leur vie de larve (parce que le reste c’est quand même pas super passionnant, surtout qu’elles ne se baladent pas en se pavanant : elles restent dans la terre à peu près tout le temps, si elles en sortent c’est qu’il y a un problème), mais je fus pris de cours, les chrysalides ont éclos il y a trois semaines environ.
Au début les adultes (on dit « imago ») restent dans la terre un moment. Les mâles se sont creusés des « chambres » dans laquelle ils glandent sans rien faire jusqu’à ce que l’envie de sortir leur prennent (des ados quoi), les femelles se baladent sous-terre. Du moins c’était le cas de la mienne : si j’avais rapidement repéré les mâles à peine sortis de leurs chrysalides (en fait je pensais qu’ils y étaient encore, et c’est en cherchant que je suis tombé nez à nez sur les adultes planqués dans leurs chambres), il m’a fallu un bon moment pour trouver la femelle, d’ailleurs, je m’inquiétais un peu, j’avais trouvé la peau de la larve, des restes de chrysalides et c’est tout.
Donc, voila, les quatre larves sont devenues trois mâles et une femelle, donc j’ai quatre terrariums à gérer. Les trois mâles sont séparés pour ne pas qu’ils se foutent sur la gueule. La femelle pour ne pas qu’elle se fasse attraper, brutaliser et violer par son compagnon de terrarium. Je vous rappelle que c’est le triste lot des femelles scarabées, et comme je voudrais éviter la consanguinité, j’attends que les scarabées de mon coach soient nés (et que nous trouvions le temps de nous voir) pour pratiquer à un échange de femelles (à qui nous réservons le même triste sort).
Un petit problème par contre, l’un des mâles est « handicapé ». Je ne m’étais pas posé la question, mais apparemment la transformation de la larve en imago ne se déroule pas toujours bien et certains adultes ne sont pas toujours en bon état.
La femme qui a une bonne petite bouille. Dommage que je doive bientôt m’en séparer, et que je ne la vois pas souvent car elle passe ses journées sous terre et ne sort que tard le soir. Intéressant de voir que si sa mère était en général d’un tempérament assez calme, celle-ci est assez énergique : dès qu’elle sort de terre, elle bouge dans tous les sens dans sa boîte, et elle essaie même assez souvent de s’envoler.
L’un des deux mâles (ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau). Même si on ne peut pas parler de personnalité pour des scarabées rhinocéros, intéressant de voir qu’ils ont des tempéraments assez différent l’un de l’autre.
L’un des deux est très actif, mange énormément (il vide sa coupelle de gelée toutes les nuits), n’est pas peureux : s’il n’aime pas trop la lumière ma présence ne le dérange pas.
L’autre est très calme, passe la plus grande partie de son temps planqué sous des morceaux de bois ou sous des feuilles mortes, ne mange que très peu (au point que je m’inquiète de sa santé), et a assez peur de moi.
L’actif sera mon « étalon » qui perpétuera la lignée (ne serait-ce que parce que je ne suis pas totalement certain de la santé de l’autre.
Finalement, le scarabée mal fichu :
Comme vous le voyez, ses ailes ne se replient pas sous leurs élytres (et sont toutes sèches), sa carapace est un peu tordue ici ou là, et comme vous pouvez le voir, une de ses pattes fut restée coincée dans la chrysalide pendant plusieurs jours. Quand les restes de la chrysalide sont enfin tombés, sa patte est restée non-fonctionnelle. De plus, il ne mange presque pas (moins que son frère ascète), j’ai l’impression qu’il y a un problème avec sa bouche, et je pense qu’il est en train de vivre ses derniers jours (il ne cesse de se retourner – et est incapable de se remettre à l’endroit tout seul, ce qui l’épuise et ce qui n’est pas bon signe, c’était un des symptômes que la fin était proche pour ses parents.
En fait, je pensais que ces petites créatures naissaient vers le début de l’automne environ. Que nenni! La période d’incubation est de quinze jours seulement.
Sachant que mes scarabées sont « nés » (i.e. sortis de leur chrysalide) la dernière semaine de juin environ (j’ai pas noté la date exacte, j’aurais dû), ils n’ont pas chômé.
L’autre truc que je ne savais pas, c’est que la femelle scarabée pond au fur et à mesure. Je pensais qu’elle pondait tous ses œufs disons en août environ, puis que les larves naissaient plus ou moins en même temps fin septembre environ.
Non. La femelle pond en fait petit à petit (genre un œuf par jour – je ne connais pas le rythme exact), et les larves naissent elles aussi petit à petit.
Donc pour ne pas se retrouver avec une cinquantaine de larves sur les bras, ce qu’il faut faire assez rapidement (et que j’ai fait bien trop tard), c’est mettre la femelle dans un nouveau terrarium sans terre. Pas de terre, pas d’œufs, c’est aussi simple que ça.
Ça m’a un peu attristé cette histoire de séparer ainsi le mâle de la femelle. Certes, ils n’ont pas de sentiments l’un pour l’autre, mais une fois séparés, leurs comportements à vaguement changé. Peut-être, même s’ils ne sont pas exactement des animaux grégaires, qu’ils « apprécient » de voir des représentants de leur espèce de temps à autres. En effet, une fois séparés, je les ai trouvés – tous deux – assez agités, je n’ose dire stressés.
L’an prochain, il faudra que j’essaie de trouver une autre solution, mais celle que j’ai essayé cette année, sur les conseils de ma coach, était de mettre la femelle dans un mini-terrarium rempli de copeaux de bois (genre litière pour hamsters).
La femelle scarabée dans sa nouvelle demeure.
Malheureusement, elle n’y est pas restée très longtemps car un drame s’est produit. Un soir, je l’ai retrouvée à l’envers, les pattes en l’air, complètement épuisée. C’est vrai que malgré les feuilles et brindilles installées, elle avait tendance a tomber sur le dos plus que dans son ancien terrarium, et surtout elle avait plus de difficultés à se retourner. En effet, les scarabées ont besoin de pouvoir s’accrocher à quelque chose quand ils tombent sur le dos, sinon, ils s’épuisent et en meurent.
Combien de temps était-elle restée ainsi ? Aucune idée.
Elle est morte le lendemain.
Maintenant, il y a deux hypothèses. La première, le bête accident (au cas où, l’an prochain, il faudra que je pense ce terrarium sans terre de manière différente, peut-être avec beaucoup plus de morceaux de bois, de feuilles mortes, de mousses). La deuxième, après avoir pondu, la longévité d’une femelle scarabée-rhinocéros japonais est assez brève (les femelles de cet animal n’ont vraiment pas une vie rose : à peine adultes, elles se font maltraiter et violer par les mâles, ensuite, elles passent leur temps à pondre, et comme c’est assez épuisant, elles meurent peu après). Donc peut-être que la vie de ma femelle tirait sur sa fin et que c’est sa faiblesse qui l’a empêchée de se rétablir une fois tombée à la renverse. Peut-être.
Mais c’est pas tout de trouver un nouveau logement à la femelle (et d’espérer qu’elle y coule de vieux jours), il faut aussi sortir les larves du terrarium de leur père et leur trouver des logements plus ou moins temporaires.
Alors, on installe un sac de plastique sur le sol, on met le mâle scarabée en sécurité dans un seau (avec couvercle) et on vers le contenu du terrarium sur le sac :
Ensuite, on fouille la terre, jusqu’à ce que l’on trouve toutes les larves. J’avais préparé une bouteille en plastique coupée en deux, et un petit terrarium en plastique, de quoi héberger les quatre ou cinq larves que je pensais trouver.
Sauf que…
… j’ai arrêté de compter après 15 !
J’ai dû aller acheter des mini-terrariums de toute urgence, et j’ai même dû en remettre un certain nombre dans le terrarium original, tellement je n’avais plus d’autres places où les mettre !
Comme vous pouvez le voir, elles sont de tailles différentes (car elles naissent au fur et à mesure et pas en même temps), il y avait même quelques œufs non éclos (et qui n’écloront pas).
Elles sont mignonnes, hein ?
Au moment où je tape ces lignes, j’ai sept terrariums et containers de tailles différentes (du plus gros – celui du mâle scarabée – au plus petit faisant à peine deux litres) contenant un nombre indéterminé de larves (entre 15 et 20 probablement).
Comme j’ai promis à ma coach de ne pas les relâcher dans la nature (nous n’avons pas parlé d’euthanasie, mais je crains qu’elle ne soit pas d’accord non plus), elle m’a promis de m’aider à trouver des gens pour les « adopter » (c’est apparemment pas trop difficile à trouver du côté de chez nous). Mais il va être temps de le faire, c’est que ça mange ces bestioles (de la terre spéciale composée essentiellement de résidus de bois), et dans les boîtes contenant plusieurs larves, la nourriture ne va pas tarder à se raréfier.
Demain, il va falloir remettre les doigts dans la terre, recenser le nombre exact de larves, et les réorganiser dans leurs boîtes en vue d’un déménagement loin de chez moi…
Dans quoi je me suis embarqué exactement avec ces bestioles ?
Et moi qui croyait que ça ferait un animal familier original, qui ne demande pas trop d’attention ni de maintenance. Dans le futur, je me dis que si je continue à en avoir, il vaut presque mieux les racheter chaque année et éviter qu’ils se reproduisent (ou alors se faire un ami pêcheur à la ligne, les larves font apparemment de très bons appâts).
Je n’attendais pas de larves avant la mi-août au moins !
Bon, je vais les laisser là quelques jours, le temps d’évaluer la situation : combien y en a-t-il ? tout ça…
Ensuite, en théorie, il faut les séparer des adultes pour éviter que ces derniers ne les écrasent en creusant, mais je vous avoue que s’il y a une quarantaine de larves, je ne suis pas contre le fait que certaines se fassent écraser : hors de question d’en garder plus de quatre ou cinq, et je ne me vois pas massacrer les autres, le mettre dans la nature n’est pas forcément une bonne idée (s’agit-il vraiment d’une espèce locale ?)
Par contre, j’ai cru entendre que ça peut vouloir dire que nous ne reverrons peut-être pas la femelle vivante. Elle devrait désormais passer la majorité de son temps sous terre, jusqu’à ce qu’elle meure tôt ou tard.
Je me suis lancé dans l’élevage de scarabées-rhinocéros japonais !
Ne me demandez pas comment c’est arrivé, je n’en suis pas trop sûr moi-même. Certainement une combinaison de plusieurs éléments tels que :
C’est l’été, j’ai pas de vacances, donc j’ai envie de m’essayer à un nouvel hobby, après tout, c’est pas comme si j’avais le temps de me mettre à faire quelque chose de nouveau, vu que j’ai déjà pas le temps de faire tout le reste.
Je veux que ma fille n’ait pas peur des insectes (oui c’est important pour moi), donc autant commencer à l’habituer le plus tôt possible.
Ça me broute de ne plus avoir d’animaux familiers depuis bientôt trois ans, mais voila, j’ai pas droit à certains dans mon appartement (chiens, chats, chevaux, lions, etc.) et les autres, ceux qui prennent moins de place et laissent traîner moins de poils (poissons, petits mammifères, reptiles, etc.), il ne serait pas raisonnable d’en posséder en même temps qu’un enfant en bas âge : c’est la recette parfaite pour une catastrophe (soit pour elle, soit pour eux, selon le cas). Mais quand je suis tombé sur les scarabées au magasin d’animaux l’autre jour, je me suis que ça devrait le faire.
Et c’est ainsi que tout cela a commencé.
Pourquoi est-ce que je vous en parle ici ?
Essentiellement parce que lors de mes recherches en ligne sur la chose, je n’ai pratiquement rien trouvé d’intéressant et ni d’utile en français (et pas grand chose en anglais non plus), donc ce ne serait pas un mal s’il y en avait au moins un peu. Si ça peut rendre service à quelqu’un… Vous me connaissez : dès qu’il s’agit de rendre service…
Mais avant d’aller plus loin, de quel animal parlons-nous exactement ici au juste ?
En français, il s’appelle scarabée-rhinocéros japonais (même si on en trouve aussi ailleurs en Asie), en scientifique, il a le privilège de posséder deux noms : Allomyrina dichotoma et Trypoxylus dichotomus (pourquoi ? aucune idée) et en japonais : kabutomushi (littéralement : « insecte casque », parce qu’il fait vaguement penser aux décorations des casques de certains samouraïs dans le temps).
Et à quoi ça ressemble ?
À ça :
Dans ce post, et de futurs, je vais donc vous détailler comment élever des scarabées-rhinocéros japonais, avec un twist : habituellement, sur le web, quand vous lisez un article sur comment faire ceci ou cela, c’est un expert (ou quelqu’un qui prétend l’être) qui vous parle et il vous donne la méthode parfaite pour avoir une vie pleine de succès, d’argent et de filles faciles… Ici… Pas exactement…
Le truc est que je me lance un peu à l’aveuglette dans la chose. Comme je disais plus haut, il n’y a que peu ou pas de documentation en français ou en anglais (et je ne lis pas le japonais). J’ai bien reçu des conseils d’une personne en élevant depuis cinq ans, mais c’est à peu près tout.
Donc, je vous avertis, des erreurs vont être commises (ça commence dans quelques lignes), des conneries seront faites, des animaux mourront peut-être (comme si j’avais pas déjà le PETA assez sur le dos comme ça), mais ne l’oubliez jamais : il y a toujours des leçons à tirer des faux-pas que l’on fait, c’est le but ici.
Commençons donc par le commencement :
L’installation du terrarium
Je l’avais lu à plusieurs endroits : l’élevage de scarabées-rhinocéros japonais est relativement facile (c’est pour cela que mon choix s’est porté sur eux – ça et le fait qu’un terrarium renversé se règle en général à coup d’aspirateur, alors qu’un aquarium renversé, c’est une autre histoire). Une fois me décision prise, je suis allé à la boutique du coin, et j’ai acheté à peu près tout ce qui m’est tombé sous la main avec un dessin de scarabée dessus.
À commencer par le terrarium lui-même. J’ai pris le plus gros disponible, cinq litres environ. Est-ce assez ? Aucune idée, mais si c’est le plus gros, ça doit l’être non ?
Ensuite, on commence à le remplir :
En « sous-couche » du gel absorbeur d’eau qui permettra de garder le sol toujours humide. Les scarabées-rhinocéros japonais ont besoin d’humidité, en particulier si j’espère qu’ils se reproduisent. Je l’espère.
Puis on prépare le sol :
En marron, le sol, composé essentiellement d’une espèce de grosse sciure. En noir, du charbon de bois, pour absorber mauvaises odeurs et le reste. En gris, des granulés anti-parasites.
Et puis de l’eau.
Cette petite bûche de bois (que l’on trempera environ cinq heures dans l’eau auparavant pour qu’elle s’en gorge) va être enterrée dans le terrarium et servira à deux choses : aider à maintenir le sol humide, à nourrir les larves après leurs naissances.
On rajoute quelques écorces pour que les scarabées puissent agripper, une écuelle et le tour est presque joué.
À propos de l’écuelle, je l’avais à l’origine choisie en plastique pour qu’elle soit plus facile à nettoyer, mais en fait on parle de scarabées ici, pas de chiens ou autres, donc il n’y a pas vraiment besoin de la nettoyer (en fait, si, il se trouve qu’elle est bien plus salissante qu’une écuelle en bois), et puis surtout elle est bien trop légère et se fera renverser assez régulièrement.
Je réalisai soudain ma première erreur : j’avais mis beaucoup trop d’eau dans le sol et/ou j’avais préjugé de la capacité d’absorption du gel en question (étant déjà sous forme de gel, il contenait donc déjà pas mal d’eau).
Après un rapide saut au magasin du coin, je suis revenu avec un autre type de sol, plus proche du terreau, et j’ai remplacé une partie du sol original par celui-ci. J’en ai aussi profité pour rajouter quelques petites branches :
Voila, mon terrarium était prêt, il n’avais plus qu’à accueillir ses pensionnaires. Ils avaient tout pour être heureux (ou pas).
J’ai donc acheté un couple de scarabées-rhinocéros japonais, à peine sortis de leur état de nymphes (je les avais repérés plusieurs jours auparavant, espérais les acheter dans cet état-là, mais n’ayant pas eu le temps de préparer le terrarium à temps (oui, c’est pas tout ça, mais je bosse aussi), ils étaient sortis de leur état de chrysalide peu de temps auparavant. Très peu de temps, le mâle avait encore son exuvie sur la corne ; c’est d’ailleurs la réponse à ma devinette d’il y a quelques jours. Ils étaient donc prêts à passer leur vie d’adultes dans leur nouvelle demeure.
Monsieur
Leur ancienne étant un pot de terre et de bois mort d’environ un litre, ils y gagnaient au change. Mais pourtant, c’était pas trop ça.
Madame
Déjà, l’un et l’autre essayaient régulièrement de s’envoler. Bon pourquoi pas, après tout ce sont des insectes volants. Mais là, c’était assez souvent quand même.
Et puis monsieur était quand même très agressif avec madame. Au point que si vous êtes un poil féministe, je vous déconseille d’élever de telles bêtes. Déjà les tentatives d’accouplements (réussies ou non ? pas encore sûr) sont tout simplement des viols (oui bon comme beaucoup d’espèce animales me direz-vous, surtout chez les invertébrés), mais comme si cela ne suffisait pas, le mâle se permettait aussi de mettre quelques roustes à la femelle pour des raisons qui m’échappent, mais que je suspecte être d’origines territoriales. Le truc, c’est que le mâle est « équipé » pour le combat (en général contre d’autres mâles), la femelle non (heureusement qu’elle a la peau dure, littéralement). C’était pas toujours très plaisant à voir.
Ah oui, au fait, les scarabées-rhinocéros japonais mangent de la gelée – composée de sucre et d’eau en gros.
Je ne sais pas si les lignes sur l’élytre de la femelle sont normales ou sont des séquelles des mauvais traitements infligés par le mâle.
Même sans avoir jamais élevé de scarabées-rhinocéros japonais auparavant, j’ai assez d’expérience avec pas mal d’animaux différents pour comprendre que quelque chose clochait. En fait, on pourrait presque les comparer à des poissons. Quand un poisson essaie de sortir de son aquarium, cela signifie en général qu’il y a un problème avec son environnement (le plus souvent l’acidité de l’eau), donc si des scarabées connus pour être élevés en captivité fréquemment et sans trop de problème essaient presque en permanence de s’envoler c’est très probablement aussi parce que leur environnement cloche.
L’agression presque permanente du mâle envers la femelle m’interpella aussi un peu. Certes ces bêtes-là ne sont pas forcément des tendres, encore moins des sentimentaux, mais bon, si les mâles attaquent les femelles ainsi, je ne donne pas cher de la survie de l’espèce. Et puis j’ai pensé aux bettas (connus aussi sous le nom de combattants, ça vous pose l’animal) : les mâles non plus ne sont pas des tendres et ils ont tendance à attaquer les femelles en captivité tout simplement parce que celles-ci non nulle part où aller (dans la nature, mâles et femelles ne se rencontrent que pour s’accoupler) avant ou après l’accouplement.
Bref, le manque de place devait certainement être la cause principale de tout cela.
Il fallait prendre une décision.
Je suis donc allé dans un autre magasin et ai acheté un terrarium plus grand (de 15-20 litres cette fois-ci).
J’en ai profité pour faire quelques ajustements : deux mangeoires en bois, un lit de feuilles mortes en plus des écorces et des brindilles. Le tout en plus de rendre leur environnement plus « naturel » permettra à la femelle de trouver des endroits où se planquer,et par la même occasion calmer l’agressivité du mâle (comme des poissons je vous dis : dès qu’ils ne voient plus la cible de leur agression, ils redeviennent calmes et affables au point de ne plus vouloir attaquer leur victime au fur et à mesure). L’autre avantage, c’est que plus il y a d’éléments naturels couvrant le sol, plus celui-ci gardera son humidité, et par ces températures, c’est pas du luxe.
À ce propos, j’ai la chance de vivre dans un pays où on trouve en magasin tout ce dont on pourrait avoir besoin pour élever des scarabées, même des feuilles mortes en sachets (ce qui est bien pratique quand on a pas trop le temps d’aller se promener en forêt pour aller en ramasser). Si ce n’est pas votre cas, bien évidemment, n’importe quelle brindille, écorce ou feuille morte trouvée dans la nature peut faire l’affaire, mais attention aux parasites divers et variés qui les peuplent. Donc si vous décidez d’aller vous fournir dans la nature, un conseil : passez vos morceaux de bois et vos feuilles mortes quelques minutes au micro-ondes (ou quelques heures au congélateur) auparavant pour tuer tout intrus pouvant y loger.
Ah oui, en ce qui concerne la nourriture, vous avez vu que je les nourris de petits récipients contenant de la gelée pour scarabées. Si vous n’en trouvez pas, une rondelle de banane fera l’affaire. Évitez fruits acides par contre.
Donc après toutes ces modifications, leur nouveau terrarium ressemble à ça :
Le premier soir, c’était pas encore trop ça (ah oui, les scarabées-rhinocéros japonais sont nocturnes), quelques tentatives d’envol, le mâle a encore mis une raclée à la femelle (elle voulait manger à ses côtés, ça lui apprendra à vouloir être romantique) ; mais depuis tout va beaucoup mieux.
Ils sont tous deux beaucoup plus calmes et posés, ils arrivent à se côtoyer sans que ça dégénère. J’ai même surpris la femelle en train de pousser le mâle qui était sur sa route sans que ce dernier ne réagisse, et il y a quelques minutes, je me demande s’ils ont pas failli s’accoupler avec accord de madame. Mais comme un imbécile, j’ai sorti mon appareil-photo pour immortaliser cet instant, et ça les a coupés dans leur élan… Ça m’apprendra…
Voila, c’est à peu près tout pour mon introduction à l’élevage des scarabées-rhinocéros japonais. À très bientôt pour de futurs épisodes de la chose…